OTTAWA — Le gouvernement canadien avoue sans détour avoir des désaccords avec la future administration américaine de Donald Trump, mais il soutient que cela n’entrave pas sa capacité d’avoir une relation collaborative avec Washington.
La vice-première ministre Chrystia Freeland, qui préside le comité du cabinet de Justin Trudeau dédié aux liens canado-américains, a émis mercredi ce postulat.
Elle était interrogée sur la désignation de personnes ayant été critiques à l’endroit du gouvernement Trudeau à des postes clés de l’administration Trump – qui doit entrer en fonction en janvier.
«Ce n’est pas une surprise. Notre gouvernement et la majorité des Canadiens ont des opinions qui sont différentes des opinions des membres de l’administration du président élu américain et c’était la même chose la première fois que le président Trump a été élu», a dit Mme Freeland au sortir d’une rencontre du groupe de travail du cabinet.
Ces «différences» ne sont en rien un frein à une relation «gagnante-gagnante» empreinte de discussions «efficaces, fructueuses, respectueuses», a plaidé celle qui est aussi ministre des Finances.
Le nouvel accord de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique, renégocié sous la première administration de M. Trump, aidera, selon Mme Freeland, à maintenir la collaboration.
Quoi qu’il en soit, la vice-première ministre soutient que le Canada n’a pas l’intention de plier l’échine quand viendra le temps de «défendre l’intérêt national du Canada». «On ne doit pas avoir peur. On l’a fait dans le passé et on va continuer à faire cela. En même temps, on doit aussi essayer, toujours, de trouver les approches gagnant-gagnant», a-t-elle soutenu.
M. Trump a promis d’imposer des tarifs douaniers généralisés sur les importations américaines, lesquels pourraient avoir des répercussions sur l’économie canadienne. Le candidat républicain sorti vainqueur des élections américaines a aussi fait campagne en s’engageant à expulser de millions d’immigrants illégaux.
M. Trump a d’ailleurs choisi Tom Homan comme responsable de l’Immigration au sein de sa future administration. Ce dernier a qualifié la frontière canado-américaine d’enjeu de sécurité nationale.
«Il doit y avoir une compréhension du Canada qu’il ne peut être une voie de passage pour que des terroristes entrent aux États-Unis», a-t-il dit la semaine dernière.
Le ministre canadien de l’Immigration, Marc Miller, a affirmé mercredi qu’on se trouve dans «le contexte d’administrations avec lesquelles on n’a pas nécessairement les mêmes principes, les mêmes idéologies».
«Mais c’est la nature d’une relation de travail avec les États-Unis, a-t-il tempéré. On n’est pas nécessairement toujours sur la même longueur d’onde.»
Au cours d’un point de presse à Vancouver, il a répété que l’immigration doit se faire par les voies d’accès régulières.
«Je pense que c’est dans l’intérêt national des deux pays, les États-Unis et le Canada, de s’assurer que la frontière en est une qui gère bien les flux commerciaux, les flux de migration et on se doit, évidemment, de s’ajuster quand on voit quelque chose qui va moins bien.»
M. Miller a aussi assuré que l’Entente sur les tiers pays sûrs serait bien appliquée par le Canada.
Cet accord, qui a été renégocié sous la présente administration américaine de Joe Biden, fait en sorte qu’un réfugié potentiel se présentant à un poste frontalier officiel canadien et ayant d’abord foulé le sol américain est refoulé puisqu’il doit poursuivre sa demande d’asile dans le premier «lieu sûr» où il est arrivé.
M. Miller fait partie du groupe de ministres fédéraux dédié aux relations canado-américaines, lequel a été ressuscité, la semaine dernière, avec une nouvelle composition. Un tel comité ne s’était pas réuni depuis que Donald Trump a quitté ses fonctions de président des États-Unis au début de 2021.