OTTAWA — Un portrait volé de Winston Churchill, échangé contre une contrefaçon douteuse pendant la pandémie, a retrouvé sa place légitime, après que deux détectives de la police d’Ottawa se furent rendus à Rome pour le récupérer.
Et cette fois, il ne va nulle part ailleurs que sur le mur de la salle de lecture du luxueux hôtel Château Laurier, à Ottawa.
Après le dévoilement du portrait, vendredi, la directrice générale de l’hôtel Geneviève Dumas a assuré qu’il était bien verrouillé et sécurisé.
Elle a dit que des employés avaient déclenché par mégarde l’alarme en l’accrochant, jeudi, et qu’elle était certaine que cela avait été «entendu jusqu’à la colline du Parlement».
La représentation la plus célèbre de Winston Churchill, connue sous le nom de «Le Lion rugissant», apparaît sur le billet de cinq livres du Royaume-Uni et montre un premier ministre en temps de guerre au regard menaçant, regardant la caméra.
Le célèbre photographe Yousuf Karsh a pris ce portrait emblématique en 1941 dans le bureau du président de la Chambre, juste après que M. Churchill eut prononcé un vibrant discours de guerre devant les députés canadiens.
Vers la fin de sa vie, M. Karsh a signé et offert le portrait à l’hôtel où il avait vécu et travaillé.
La police a affirmé que le portrait avait été volé entre le jour de Noël 2021 et le 6 janvier 2022, et remplacé par un faux.
L’échange n’a été découvert que des mois plus tard, en août, lorsqu’un employé de l’hôtel a remarqué que le cadre n’était pas accroché correctement et qu’il était différent des autres.
Mis aux enchères en Italie
Le portrait a finalement été retrouvé à Gênes, en Italie. Il avait été vendu par l’intermédiaire d’une maison de vente aux enchères de Londres à un acheteur privé. Ni le vendeur ni l’acheteur ne savaient qu’il avait été volé, selon la police.
La police a maintenant accusé un homme de la ville de Powassan, en Ontario, juste à l’extérieur de North Bay, de contrefaçon, de vol et de trafic. Cette affaire est devant les tribunaux.
Le retour du portrait était un événement très attendu, avec une cérémonie qui s’est tenue dans une salle bondée de participants, dont le maire d’Ottawa, Mark Sutcliffe.
L’épouse de M. Karsh, Estrellita, a envoyé à l’hôtel un message à lire lors de l’événement.
«(Le Château Laurier n’était) pas seulement l’endroit où nous vivions et travaillions, c’était notre maison, et le merveilleux personnel est devenu notre famille», a-t-elle dit dans le message lu par Laurence Schaller, le directeur des affaires gouvernementales et diplomatiques de l’hôtel.
«Le portrait de Winston Churchill était particulièrement important pour mon mari parce qu’il a été pris presque à côté, dans les appartements du président du Parlement, et il est devenu l’une des images les plus emblématiques de la photographie.»
Nicola Cassinelli, un avocat de Gênes qui a acheté l’œuvre d’art volée, a également envoyé un message.
«J’avais accroché dans mon salon, sans même le savoir, une œuvre d’art dont la signification va au-delà de sa simple beauté», a-t-il écrit.
«La magnifique photographie de Yousuf Karsh capture dans les yeux de Sir Winston Churchill, la fierté, la colère et la force du monde libre. Et elle représente, mieux que toute autre, le désir du triomphe du bien sur le mal.»
Et malgré le «privilège extraordinaire» d’avoir eu le portrait accroché chez lui, «Le lion rugissant», a-t-il déclaré, appartient au public.
Plus précisément, il «appartient à quiconque chérit la liberté. Pour cette raison, par profond respect pour la Couronne, le gouvernement et le peuple du Canada, je n’ai pas hésité à le rendre».