Affaire Bouazzi: «ce chapitre-là est maintenant clos», assure Gabriel Nadeau-Dubois

Caroline Plante, La Presse Canadienne
Affaire Bouazzi: «ce chapitre-là est maintenant clos», assure Gabriel Nadeau-Dubois

MONTRÉAL — Dérangés par l’affaire Bouazzi, les délégués de Québec solidaire (QS) qui étaient réunis en congrès cette fin de semaine ont finalement adopté une résolution d’urgence, espérant mettre fin à la controverse.

Dimanche soir, après un long débat tenu à huis clos, ils se sont entendus pour offrir leur soutien au député de Maurice-Richard face à la haine qu’il a reçue, sans toutefois reprendre ses propos.

Haroun Bouazzi est au centre de la controverse pour avoir affirmé que tous les jours, il entendait à l’Assemblée nationale des propos qui dépeignaient l’Autre, l’immigrant, l’autochtone, avec une culture dangereuse.

Cela a suscité un tel tollé dans la classe politique que Gabriel Nadeau-Dubois et Ruba Ghazal ont dû rappeler à l’ordre leur collègue pour ses déclarations «maladroites, exagérées et polarisantes».

Malgré tout, 11 associations de circonscription, avec le Réseau militant intersyndical et la Commission nationale des femmes, ont appuyé publiquement M. Bouazzi.

Leur résolution n’a jamais été débattue; c’est plutôt celle rédigée par la direction du parti, ménageant la chèvre et le chou, qui a été soumise, puis adoptée. M. Bouazzi s’en est dit satisfait sur les réseaux sociaux.

«Ce chapitre-là est maintenant clos», a tranché M. Nadeau-Dubois en point de presse, dimanche soir. «Québec solidaire n’a jamais soutenu que l’Assemblée nationale et ses membres sont racistes», a ajouté Mme Ghazal.

Le couronnement de Ghazal assombri par l’affaire Bouazzi

La députée de Mercier a été élue co-porte-parole féminine de QS samedi soir avec un score de 91,4 %, mais son couronnement a été assombri par cette affaire Bouazzi.

La fête était quelque peu gâchée, alors que tout le parti était en gestion de crise.

«Je souhaite (…) qu’on arrive tout le monde à une certaine maturité, pour que chaque rendez-vous comme ça ne soit pas encore un traitement de canal», a lancé, exaspéré, le député Vincent Marissal.

«J’aurais aimé que ça se passe autrement», a reconnu de son côté la nouvelle co-porte-parole.

Dans son discours, Mme Ghazal — qui se décrit comme une enfant de la loi 101 et une fille de «shop» — a déclaré vouloir être «à l’écoute» et lancer un «nouveau Québec solidaire».

Si une élection générale avait lieu aujourd’hui, QS ne récolterait que huit sièges, soit trois de moins qu’en 2022, selon l’agrégateur de sondages Qc125.

«Il y a quand même des choses qu’on va devoir changer: il va falloir porter haut et fort un nationalisme rassembleur et ouvert, remettre encore plus de l’avant l’indépendance du Québec», a déclaré Mme Ghazal.

«Il va falloir mettre les bouchées doubles pour rejoindre les gens des banlieues et des régions, qu’on se rapproche des gens de plus en plus nombreux qui voient le tapis de la classe moyenne leur glisser sous les pieds.

«Je sais pour qui je travaille sur le plancher du Parlement aujourd’hui», a-t-elle ajouté.

Le premier ministre François Legault n’a qu’à se tenir, a prévenu Gabriel Nadeau-Dubois. «Moi aussi, je suis allée aux HEC, moi aussi j’ai mon diplôme de comptable et moi aussi, je sais compter», a martelé Mme Ghazal.

M. Nadeau-Dubois quittera bientôt pour un congé parental de trois mois; c’est donc Mme Ghazal qui croisera le fer avec M. Legault en Chambre.

QS modifie ses statuts

Le congrès a été malgré tout l’occasion pour QS de modifier ses règles internes, dans le but notamment d’encourager et faciliter la participation des membres.

Les référendums internes seront désormais permis, et leurs résultats auront force de décisions. Une Commission nationale des personnes racisées a été créée.

Le parti s’est également donné les moyens d’imposer des candidatures féminines lors des élections générales ou partielles, dans l’espoir d’atteindre la parité au caucus.

Les délégués ont voté pour que le Conseil national puisse «adopter des critères qui déterminent la représentativité des personnes qui peuvent se porter candidates».

Puis, ils ont changé les règles pour l’élection des porte-parole, qui seront désormais élus au suffrage universel, c’est-à-dire par l’ensemble des membres.

Jusqu’à maintenant, ce vote revenait uniquement aux délégués.

On choisira au même moment qui des co-porte-parole sera le «chef» du parti au sens de la loi électorale. À l’heure actuelle, c’est le secrétaire général de QS qui a ce statut légal de «chef».

Ce changement permettra à QS de se conformer aux exigences du Directeur général des élections du Québec (DGEQ) pour la tenue de courses à la direction et d’amasser plus de dons.

Un an avant les élections, les délégués auront la possibilité de choisir le porte-parole qui pourra se présenter comme aspirant premier ministre et participer aux débats des chefs.

Cette personne aspirante première ministre sera automatiquement faite cheffe parlementaire, notamment afin de lui donner plus de visibilité dans les médias.

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