« On ne peut pas se permettre d’avoir un Roxham 2.0 », a déclaré le premier ministre François Legault mardi: il a annoncé que la Sûreté du Québec (SQ) patrouillera maintenant la frontière avec les États-Unis.
« Effectivement, il y a un risque réel que des Américains, entre guillemets illégaux, se ruent vers la frontière canadienne et québécoise dans les prochaines semaines », a-t-il dit en mêlée de presse en après-midi à l’Assemblée nationale.
Pendant la campagne présidentielle qui a mené à sa victoire, Donald Trump a en effet de nombreuses fois évoqué son intention de procéder à des déportations massives d’immigrants illégaux.
La SQ fera des « enquêtes visuelles » aux frontières et elle est en contact étroit avec la Gendarmerie royale du Canada (GRC), mais aussi avec les autorités des États frontaliers du New Hampshire, du Maine, du Vermont et de New York, a indiqué M. Legault.
Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, dressera un état de la situation chaque semaine, a-t-il ajouté. Il établira aussi des contacts avec les municipalités près de la frontière.
« Il y a des citoyens qui sont inquiets que la même situation (que le chemin Roxham) se reproduise », a laissé entendre François Legault.
« C’est très important que le Québec, puis le Canada, ne deviennent pas une passoire au cours des prochaines semaines, des prochains mois, pour ce qui est des immigrants illégaux qui pourraient venir au Canada. »
En matinée, dans une courte allocution juste avant la première réunion du groupe ministériel de travail Québec-États-Unis, il avait dit que le Québec ne pouvait se permettre une autre crise comme le chemin Roxham.
C’est ce sentier que des milliers de personnes en provenance des États-Unis ont emprunté pour entrer de façon irrégulière au Canada, jusqu’en mars 2023, lorsqu’il a été fermé.
M. Legault a notamment évoqué des scénarios sur les politiques en matière d’immigration, comme des changements à l’entente sur les tiers pays sûrs.
Son comité se penche aussi sur les réponses à donner à d’éventuels droits de douane qui pourraient être imposés sur les produits en provenance du Québec et du Canada.
M. Legault a assuré entre autres qu’il allait défendre le système de gestion de l’offre, qui protège les producteurs laitiers et qui est attaqué et remis en cause régulièrement, quand le Canada entreprend des négociations sur le libre-échange avec ses partenaires.
« Il faut se préparer, ce serait irresponsable de penser que les États-Unis ne vont pas mettre sur la table la gestion de l’offre », a-t-il commenté.
Mais il également fait référence à l’exception culturelle, c’est-à-dire l’exemption des produits culturels des ententes de libre-échange, un combat que mène le Québec depuis des décennies.
M. Legault a rappelé que Robert Lighthizer, qui a été le représentant au commerce dans la première administration Trump, « n’aime pas beaucoup ça ».
Le premier ministre a toutefois insisté pour rappeler que « c’est important, pour notre langue, pour notre identité, que les produits culturels soient exemptés ».
Il tient donc à ce que le Québec soit partie prenante lorsque le Canada négociera avec les États-Unis.
Le gouvernement Legault avait d’ailleurs déjà signifié son intention de nommer un « émissaire spécial de haut niveau » pour représenter le Québec lors de la renégociation de l’accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique en 2026.