L’AOQ contestera l’arrêté qui force les optométristes à rester dans le régime public

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
L’AOQ contestera l’arrêté qui force les optométristes à rester dans le régime public

MONTRÉAL — À la veille du retrait prévu par une majorité des optométristes de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), Québec décide de publier un arrêté ministériel qui obligera les optométristes à rester au sein du régime public.

L’Association des optométristes du Québec (AOQ) entend contester les démarches du gouvernement. Dans un communiqué, son président, Dr Guillaume Fortin, a «vivement» déploré l’attitude du gouvernement.

Rappelons que l’AOQ avait annoncé il y a un mois que 85 % de ses membres avaient l’intention de se retrier de la RAMQ en raison de l’«impasse» dans les négociations entourant la compensation qui leur est versée par Québec.

Si les optométristes s’étaient désaffiliés de la RAMQ vendredi, cela aurait fait en sorte que les patients couverts par le régime public paient pour obtenir les services. Ces patients représentent 55 % de la clientèle des optométristes, une proportion en croissance, selon l’AOQ.

Mercredi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a justifié sa décision en évoquant les négociations qui visent à renouveler l’entente échue depuis 2020. «Ce qu’on veut, c’est donner le temps de finir les négociations. C’est toujours un peu la même chose. Moi je regarde toujours la perspective du patient, des Québécois. En ce moment, je ne voudrais pas que les gens n’aient pas les moyens d’avoir les services en optométrie qui sont nécessaires», a-t-il déclaré.

Rémunération

«Nos frais d’exploitation ont augmenté trois fois plus vite que les tarifs à l’acte consentis par le gouvernement, de sorte que notre rémunération par visite de patients RAMQ n’est aujourd’hui que 3,50 $», a expliqué Dr Fortin.

«Nous demandons un traitement raisonnable et équitable, pour continuer à jouer notre rôle partout au Québec et contribuer à désengorger le système, notamment avec la prise en charge de quelque 180 000 urgences oculaires chaque année», a fait valoir dans un communiqué Dr Fortin. Il indique que la rémunération des optométristes payée par la RAMQ représente 0,16 % du budget de la santé du Québec, soit environ 11 $ par Québécois, par année.

Selon la Loi sur l’assurance maladie, le ministre peut — s’il estime que la qualité des services médicaux offerts serait affectée par une augmentation du nombre de professionnels non participants exerçant un même genre d’activité — suspendre par un arrêté la possibilité des professionnels soumis à l’application d’une entente de devenir non-participants.

Cet arrêté ministériel, qui entrera en vigueur jeudi, est valide pour une durée de six mois. Le ministre peut prolonger cette période, mais la suspension ne peut pas excéder deux ans. Le ministre de la Santé peut toutefois prolonger de nouveau la période en ne dépassant pas le délai de deux ans pour chaque période de prolongation.

«Le ministre est d’avis que l’augmentation du nombre d’optométristes non participants affecterait la suffisance des services médicaux offerts aux personnes assurées», peut-on lire dans l’arrêté publié mercredi.

L’opposition à Québec déplore que le gouvernement Legault doive utiliser un arrêté ministériel pour forcer les optométristes à rester dans le régime public. «Évidemment, le gouvernement est incapable de s’entendre avec eux, donc il utilise la méthode forte pour six mois, a commenté le député péquiste Joël Arseneau. Ça protège les services, on est d’accord, mais à un moment donné, il faut que le gouvernement aussi puisse régler avec les intervenants du milieu de la santé.»

Son collègue libéral, André Fortin, a abondé dans le même sens. «Aujourd’hui, on se retrouve avec disons… une mesure nécessaire pour préserver les services à la population, mais qui aurait pu être évitée si le gouvernement avait négocié de bonne foi avec les optométristes.»

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