OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau laisse entendre que le Canada arrêterait le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, advenant qu’il mette les pieds au pays, conformément au mandat lancé par la Cour pénale internationale (CPI).
«Le Canada est un des fondateurs de nos systèmes de droit international et on va toujours suivre les décisions et les règlements de ces instances», a-t-il déclaré, jeudi, lors d’une conférence de presse à Toronto.
Appelés à clarifier la position canadienne, ni le bureau de M. Trudeau ni celui de sa ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, n’avaient répondu à la demande de La Presse Canadienne plusieurs heures après leur envoi. Une porte-parole a indiqué que cela serait fait «dans des délais raisonnables».
Devant les journalistes, M. Trudeau a réitéré l’importance du respect du droit international, son appel à un cessez-le-feu à Gaza et au Liban et à trouver une voie vers la solution à deux États «avec un État palestinien paisible et sécure à côté d’un État israélien paisible et sécure».
«On a besoin d’un cessez-le-feu, a-t-il insisté. On a besoin que Hamas dépose ses armes. On a besoin de voir les otages libérés. On a besoin d’avoir beaucoup plus d’aide humanitaire livrée à ceux qui en ont besoin.»
La Cour pénale internationale a délivré des mandats d’arrêt à l’encontre du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, et de responsables du Hamas, jeudi, les accusant de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Selon la CPI, ces crimes sont survenus dans le cadre de la guerre à Gaza et des attentats d’octobre 2023 qui ont déclenché l’offensive d’Israël dans le territoire palestinien.
Cette décision fait en sorte que M. Nétanyahou et les autres accusés deviennent des personnes recherchées au niveau international, ce qui risque de les isoler davantage et de compliquer les efforts visant à négocier un cessez-le-feu pour mettre fin au conflit.
Dans un communiqué, l’ambassade d’Israël au Canada s’indigne de la décision de la CPI, la qualifiant d’«attaque» contre un gouvernement démocratiquement élu et contre le droit d’Israël à se protéger.
«La décision de la CPI devrait être un signal d’alarme pour toutes les nations et tous les citoyens du monde concernant les abus et la politisation du système juridique international», est-il écrit.
L’ambassade appelle le Canada à agir de manière «responsable (…) en rejetant et en condamnant la décision de la CPI».
Le bureau du chef conservateur, Pierre Poilievre, a répondu à La Presse Canadienne qu’aucun député ne répondra à l’oral à des questions des journalistes sur ce sujet.
Dans un bref message sur X, leur porte-parole en matière d’Affaires étrangères, Michael Chong, affirme que les mandats d’arrêt contre Benyamin Nétanyahou et son ancien ministre de la Défense sont «scandaleux».
«La CPI établit une fausse équivalence entre une démocratie libérale et un groupe terroriste qui a attaqué cette démocratie l’année dernière. Les conservateurs défendent le droit d’Israël à se défendre», écrit-il.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a pour sa part insisté sur le fait que M. Nétanyahou ne fait pas l’objet d’une condamnation, mais bien d’un mandat d’arrêt.
«Fait que s’il est arrêté et qu’il est jugé, il se défendra. Sur le principe, franchement, il serait temps, a lancé M. Blanchet en mêlée de presse. Il est en train de ternir durablement l’image de la nation israélienne. Et je trouve ça dommage. (…) Et il est en train d’accentuer l’intensité des manifestations dans les rues des villes d’Occident.»
En mai, M. Trudeau avait refusé de prendre position lorsque le procureur général de la CPI avait demandé des mandats d’arrêt contre Benyamin Nétanyahou, son ministre de la Défense et de hauts dirigeants du Hamas.
M. Trudeau avait affirmé que le tribunal est «indépendant» dans son travail et qu’il appelle toujours au respect du droit international. Il avait cependant jugé «troublant» le «sentiment d’équivalence» entre les dirigeants démocratiquement élus d’Israël et les terroristes qui dirigent le Hamas.
– Avec des informations d’Émilie Bergeron et de l’Associated Press