Commission sur les écrans:les élus n’excluent pas d’obliger Meta Canada à comparaître

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
Commission sur les écrans:les élus n’excluent pas d’obliger Meta Canada à comparaître

MONTRÉAL — La présidente de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes (CSESJ) a reconnu, jeudi, que sans la participation des grandes plateformes, leur rapport serait incomplet. Les parlementaires n’excluent pas de recourir au pouvoir d’assignation à comparaître advenant une impasse.

Face aux nombreux enjeux de l’exposition des écrans chez les jeunes, pratiquement tous les experts entendus en commission parlementaire en septembre dernier ont exhorté les grandes plateformes à se responsabiliser. Or, elles ne semblent pas pressées de participer aux conversations.

À la fin de septembre, La Presse Canadienne révélait que TikTok Canada et Meta Canada se désistaient de la CSESJ. L’audition des deux géants du web a été reportée à plusieurs reprises et ils devaient finalement être entendus le 25 novembre.

Dans l’immédiat, il n’est plus question de convoquer TikTok Canada puisqu’Ottawa a mis fin à cette branche canadienne au début de novembre. Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, avait expliqué que cette mesure visait à répondre aux «risques pour la sécurité nationale» liés à la création de TikTok Technology Canada par l’entreprise ByteDance.

Meta Canada était toujours à l’horaire de l’Assemblée nationale pour lundi prochain, mais un conflit d’horaire aurait fait en sorte qu’il se soit de nouveau désisté.

La députée caquiste et présidente de la CSESJ, Amélie Dionne, a indiqué qu’il y avait toujours des discussions avec Meta Canada pour une éventuelle comparution. «Il y avait une question de disponibilités, on poursuit nos discussions, le canal de communication est ouvert avec Meta», a-t-elle affirmé.

«On va continuer à travailler avec Meta. On va utiliser tous les outils qu’on a à l’Assemblée nationale. […] On a un pouvoir d’assignation à comparaître, mais on n’espère pas se rendre là», a commenté le député libéral Enrico Ciccone, vice-président de la CSESJ.

Les jeunes veulent des règles à l’école

Les enfants et les adolescents sont conscients de leur dépendance aux écrans et ils sont favorables à une certaine réglementation, notamment dans les classes. C’est l’un des constats qui ressort de la consultation dans les écoles de la CSESJ.

La commission transpartisane étudie depuis septembre les effets des écrans sur la santé et le bien-être des jeunes. Les membres ont d’abord entendu une quarantaine d’experts avant de se lancer dans une tournée des écoles primaires et secondaires. Ils ont dressé un bilan positif, jeudi, des commentaires qu’ils ont recueillis auprès des jeunes et des enseignants dans 18 écoles réparties dans six régions.

«La grande majorité des jeunes aujourd’hui obtiennent un cellulaire dès la fin du primaire, donc généralement entre 7 et 12 ans. Les jeunes parviennent aussi en grande majorité à s’inscrire sur les réseaux sociaux malgré l’âge minimal qui leur est imposé. […] On s’aperçoit aussi qu’ils réussissent à détourner les règles des parents pour utiliser leurs écrans, même pendant la nuit. Certains nous ont confié qu’ils se réveillaient la nuit pour être sur les écrans», a déclaré en conférence de presse Mme Dionne.

Avec ses collègues de la commission, elle a constaté que les jeunes sont «quand même conscients» des risques associés aux écrans et aux réseaux sociaux. «Et je vous dirais qu’en majorité, ils sont quand même ouverts à une certaine forme d’encadrement.»

Enrico Ciccone a ajouté qu’à sa grande surprise, la plupart des jeunes veulent repousser l’âge d’inscription sur les réseaux sociaux. «Mais ce qui est un peu paradoxal, c’est qu’ils disent:  »pas moi. Pour la prochaine génération, mon petit frère ou ma petite sœur »», a relaté le député.

Il s’est dit encouragé que les enfants et les adolescents reconnaissent le problème. «Ils sont d’accord avec le fait d’interdire les téléphones dans les écoles, dans les classes. Ils ne veulent pas qu’on leur enlève le temps lors du lunch ou dans les couloirs. Ça, ils sont réticents», a-t-il soutenu. Il y aurait un enjeu de sécurité selon les jeunes sondés, c’est-à-dire qu’ils veulent pouvoir rejoindre et être rejoints par leurs parents en cas d’urgence.

«On l’a vu plus en milieu urbain, ce sentiment de sécurité d’avoir sur soi un cellulaire quand on se promène le soir. Ça, ç’a été principalement soulevé par les jeunes filles. C’est une des principales distinctions qu’on observe entre l’est du Québec et l’ouest du Québec», a précisé Mme Dionne.

Les consultations ont également mis de l’avant que la majorité des jeunes sont d’avis que leurs parents passent aussi beaucoup de temps sur les écrans. De plus, les adultes ne comprennent pas bien les applications et le contenu que les plus jeunes consomment et ils aimeraient que leurs parents soient mieux outillés en ce sens.

Comme les élus n’auront pas pu visiter toutes les écoles du Québec, une vaste consultation en ligne ouverte à la population se poursuit jusqu’au 31 janvier 2025. Toute personne âgée de 14 ans ou plus peut participer.

La commission spéciale doit déposer son rapport au plus tard le 30 mai 2025.

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