Au début, c’est l’histoire d’une petite chatte, Maya, qui fut présentée à la clinique vétérinaire pour des épisodes de vomissements bileux depuis la veille de la consultation. La pauvre ne filait pas très bien non plus. Elle était moche et n’avait pas d’appétit.
Selon la propriétaire, elle aurait pu avoir mangé un morceau de pièce Lego. Est-ce que l’histoire de mortalité observée chez les chats de l’étable pourrait malheureusement avoir un rapport?
Pourtant Maya ne va pas dehors et n’a pas de contact avec ces animaux. Reste que depuis environ une dizaine de jours, la propriétaire dénombrait moins de chats dans les bâtiments extérieurs et en avait même trouvé deux de morts. Sur le coup, elle avait pensé que ces derniers avaient pu avoir ingurgité du poison à rat. De mon côté, je pensais que nous pouvions avoir affaire à une maladie féline très contagieuse et souvent mortelle: la panleucopénie.
Pas d’indice
L’examen de Maya ne révèle pas d’indice sur la cause de problème. Pas de fièvre, pas de signe de douleur abdominale, une déshydratation modérée et définitivement de l’abattement. Âgée de quatre mois seulement, Maya n’a pas bougé une seule fois de sur la table d’examen pendant toute la durée de la consultation, alors qu’elle aurait dû, comme tous les chatons de son âge, fouiner à droite et à gauche, cherchant à jouer avec tout ce qu’elle trouverait.
C’est à l’aide d’une prise de sang que nous pourrons exclure la panleucopénie féline de la liste des diagnostics possibles et revenir à la possibilité que Maya ait ingéré un Lego. Le prélèvement sanguin fut effectué et le très faible taux de globule blanc de Maya confirma la maladie. En effet, le virus de la panleucopénie, un parvovirus, s’attaque à toutes les cellules du corps qui se multiplient rapidement.
On retrouve dans cette catégorie les cellules des intestins et celles du système immunitaire. C’est pour cette raison que les globules blancs, au lieu de se compter normalement ou être même de façon augmentée si Maya combattait un microbe, se retrouvent en quantité diminuée. Le corps est alors très à risque d’être contaminé par ses propres bactéries qui se retrouvent principalement au niveau des intestins.
Symptômes
La propriétaire de Maya avait d’autres chats. Comme je l’ai mentionné, la panleucopénie féline est une maladie très contagieuse. La preuve est que Maya qui ne va pas à l’extérieur a contracté la maladie par les seuls déplacements des humains de l’étable vers la maison.
Le jour même où notre petite patiente subissait ses tests de sang, Tache, une autre jeune chatte de la maisonnée, montrait des symptômes de la maladie. Quelle histoire! La famille de chats comptant cinq individus au total, il y avait lieu de s’inquiéter.
Les deux patientes malades furent hospitalisées dans une unité de soins contagieux à la clinique afin de prévenir la contamination d’autres animaux. Elles reçurent des fluides par voie intraveineuse afin de corriger leur déshydratation, des antibiotiques pour éviter une quelconque infection pendant que le système immunitaire était à plat, des antinauséeux et pour Tache, un médicament pour diminuer la fièvre quelle présentait en plus.
Le taux de mortalité chez les jeunes chatons est élevé, allant de 50 à 90%. Notre taux de succès fut de 100%! Les deux jeunes chattes prirent du mieux après quelques jours seulement et purent retourner à la maison.
Il restait par contre un problème, les trois autres chats de la maison. En effet, le microbe peut continuer d’être excrété dans les selles pour plusieurs semaines encore après la fin de la convalescence. Fort heureusement, c’est une maladie qui se protège très bien par la vaccination. Et un des chats était déjà à jour dans sa vaccination. Les deux autres furent donc vaccinés d’urgence et d’ici à ce que l’immunité se développe pour ces minous, soit encore une dizaine de jours, ils demeureront séparés de Maya et de Tache.
Vous pouvez rejoindre mon équipe de la Clinique vétérinaire Mont-Saint-Grégoire et moi-même par téléphone au 450 347-7070.
