Amable Maillet, artiste-potier

Par Mario Wilson
Amable Maillet, artiste-potier

Quand, en 1840, les Farrar du Vermont ainsi que quelques-uns de leurs amis débarquèrent chez nous pour y produire des cruches, jarres, tinettes et barattes de grès, ce fut la mise à mort définitive de la production à grande échelle de poterie à Saint-Denis-sur-Richelieu.

Les recherches de Helen H. Lambart, Elizabeth Collard et Réal Fortin nous ont bien fait comprendre que plusieurs des maîtres potiers de Saint-Denis transportèrent leur savoir-faire à Saint-Jean afin d’y poursuivre leur carrière chez les grands propriétaires d’usines de grès nouvellement implantées.

Plusieurs de ces potiers étaient des maîtres tourneurs, sans nécessairement posséder une instruction très avancée; Amable Maillet fut l’exception. On a vu, par le biais d’une chronique dans ce journal publiée le 6 juillet 2005, que M. Maillet savait lire et écrire, en examinant un de ses bouquins de travail datant de 1846, signé de sa main à titre de porcelainier de Saint-Jean.

La baratte à beurre fabriquée par Ebenezer Lawrence et Moses Farrar, datant les années 1854-1855, laisse voir la signature déjà connue de ces potiers, avec, bien entendu, la mention St-Johns C.E. (pour Canada East, nom de notre pays avant le pacte confédératif de 1867). Jusque là rien de bien nouveau, bien que la fleur décorant la pièce en soit une très intéressante parce que très élaborée. Les deux lettres A et M nous ramènent à cette possibilité que Amable Maillet se soit amusé à signer cette pièce; encore faudrait-il prouver qu’il était à l’emploi de ces deux potiers exactement pendant les années précitées.

Différence

Toutes ces précisions pour vous permettre de comprendre qu’une seule confirmation quelconque du fait que Amable Maillet ait pu travailler avec les deux Farrar en question et ainsi la valeur de cette baratte qui pourrait très bien ne pas avoir une valeur marchande intéressante, deviendrait bien évidemment une pièce rarissime. Une pièce digne de faire partie de la collection de tout musée qui oriente sa collection vers la production de céramique québécoise, même si l’état de conservation générale de cette pièce de poterie est loin d’être remarquable.

Une différence qui s’établirait entre quelques dollars et plusieurs milliers; comme quoi une bien petite nuance peut se transformer en une différence, ma foi, très appréciable!

C’est lorsque j’écris des textes concernant ces grands personnages de notre petite histoire locale que je rêve du jour où il y aura une entente entre le Cégep et le Musée de la Place du marché afin de permettre aux étudiants de Sciences humaines de faire quelques recherches dans nos archives locales et nationales pour enfin éclairer nos lanternes. Dans le but fort louable d’en savoir un peu plus au sujet d’Amable Maillet, Johannais d’adoption, ainsi que de dizaines d’autres acteurs de notre passé si riche.

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