Le conseiller municipal Justin Bessette est rentré chez lui mercredi dernier, le 28 février. Après s’être brûlé gravement, le dimanche précédent, il en en a au moins pour une vingtaine de jours avant de reprendre des activités et peut-être un mois et demi avant de retourner à la ferme.
«Salut! C’est Justin.
-Comment ça va?
-Bof, ça va moyen», répond-il.
Au bout du fil, sa voix est assurée. Quand même pas la fronde qu’il peut afficher dans un échange avec Yvan Berthelot, mais le timbre est rassurant. Il donne des nouvelles, comme on le lui avait proposé par l’intermédiaire d’Alain Laplante. En même temps, il raconte les événements de dimanche dernier, corrigeant certains éléments de l’article paru jeudi dans Le Canada Français.
Sur la ferme familiale, ils ont une petite érablière. Rien qui justifie une exploitation commerciale. Ils entaillent plus pour le plaisir. Samedi soir, ils ont fait un souper à la cabane. Loin du menu de cabane à sucre, ils ont mangé une fondue. Le lendemain après-midi, il est retourné avec sa blonde pour faire le ménage et rapporter le matériel. Il a transvidé l’excédent d’alcool à fondue resté dans les brûleurs. Il s’en est échappé sur les mains et croit avoir eu le réflexe de s’essuyer sur ses jeans.
Quelques minutes peu plus tard, il a mis une bûche dans le poêle à bois. Bien qu’il avait les mains sèches, elles se sont littéralement enflammées en même temps que ses jeans. Les flammes ont vite monté à son chandail de laine. Rapidement, sa compagne l’a aidé à retirer son chandail. Il est sorti à l’extérieur se rouler dans la neige. Il s’est enfoncé les mains dans la neige pour les éteindre.
Tout ça a duré peut-être sept ou huit secondes, pense-t-il. Il a été brûlé aux mains, au visage, au cou, au ventre et à une cuisse. Son chandail a partiellement brûlé, sans doute à cause de fibres synthétiques qu’il contenait, mais ses jeans sont à peine noircis. Ils ont littéralement agi comme une mèche.
Ils étaient montés au bois en VTT. Il était incapable de revenir. À demi nu, il ne pouvait supporter la moindre pièce de tissus sur la peau, dont l’épiderme s’était déjà détaché. Il ne se souvient pas d’avoir eu autant mal. C’est son père qui est allé le chercher en tracteur pour le ramener à la maison. De là, il a été conduit à l’hôpital du Haut-Richelieu avant d’être transféré au Centre des Grands brûlés de l’Hôtel Dieu. Il a été plongé dans un coma artificiel pendant un peu plus de 24 heures.
Il doit maintenant se rendre tous les jours au CLSC pour faire changer ses pansements, une intervention qui dure de deux à trois heures. Quand il retourne à la maison, il est vidé. En fait, dit-il, il «est pas pire deux à trois heures par jour». Les médecins lui disent qu’il récupère normalement. S’il n’y a pas de complication, il devrait reprendre des activités dans une vingtaine de jours, mais il ne pourra se rendre à la ferme avant environ un mois et demi pour éviter toute infection de ses plaies.
Normalement, il ne devrait pas garder de séquelle. Cependant, il faudra peut-être un an avant que sa peau ne reprenne son apparence normale. C’est le temps qui le dira.