Transport adapté: Les captifs de Saint-Jean

Par Christiane Dumont
Transport adapté: Les captifs de Saint-Jean
Pour les personnes à mobilité réduite

À Saint-Jean-sur-Richelieu, le transport adapté, c’est 1300 usagers, avec 20 nouveaux admis chaque mois, et 80 000 déplacements par année. Le service est livré au prix du transport collectif. Mais malgré l’effort et l’engagement de la Ville, la clientèle reste encore captive du réseau local.

«J’aimerais aller sur les Plaines d’Abraham à Québec, voir Céline, rêve tout haut René-Luc Trahan. Mais je ne peux pas». Cloué à son fauteuil roulant par la dystrophie musculaire, ce théologien sait déjà tout ce à quoi il lui faudra renoncer cet été: la prochaine réunion de famille chez sa sœur à Boucherville, une visite au nouveau Planétarium, une tournée au Festibière. La liste est aussi longue que ses désirs d’évasion.

Voyager dans son Québec

«Le problème, c’est sortir le monde de Saint-Jean. Voyager dans son Québec!», s’exclame  Pierre Cajolais, directeur général du RUTAC, le Regroupement des usagers du transport adapté et collectif du Haut-Richelieu. Il faut savoir que, si elles veulent sortir du secteur de Saint-Jean-sur-Richelieu, les personnes à mobilité réduite n’ont droit au transport collectif que pour des raisons médicales: rendez-vous ou traitement dans des cliniques ou des hôpitaux. Pour le reste, c’est la débrouille.

 

Mais la clé pour accéder au reste de la province, c’est Montréal, selon Pierre Cajolais. «Si M. Trahan peut se rendre au terminus au coin de Berri et De Maisonneuve, il peut descendre à Québec, il peut aller au Saguenay, il peut aller partout. Mais il faut se rendre», insiste-t-il. Et il précise qu’une fois arrivée dans une autre ville, la personne à mobilité réduite y est considérée comme visiteuse et a droit, à ce titre, au transport adapté de la ville hôte.

 

La solution est connue. Il faudrait que les autobus de la ligne 96L, qui relie Saint-Jean à Montréal, soient adaptés. Selon Sylvain Latour, relationniste de Saint-Jean-sur-Richelieu, la Ville s’y emploie. Au fur et à mesure que la société de transport Véolia renouvelle sa flotte, chaque nouvel autobus est doté d’un système d’abaissement du plancher, d’une plateforme d’accès et d’un module d’ancrage.

Luc Côté, directeur des transports et de la mobilité urbaine à Saint-Jean assure que la Ville cherche à atteindre l’accessibilité universelle vers 2015.

Le fauteuil devenu poids lourd

En attendant, la famille n’est pas toujours d’un grand secours, malgré les bonnes volontés. Le fauteuil roulant traditionnel est de plus en plus remplacé par le fauteuil électrique, très commode pour les déplacements autonomes, mais bien encombrant dans le coffre arrière d’une Prius! Même quand une bonne âme dispose d’une fourgonnette, le poids de l’appareil, près de 150 kilos, est assez dissuasif.

Autre solution, pourquoi ne pas s’organiser entre amis? Louer un véhicule et former un groupe de voyage n’est pas à la portée de toutes les bourses. Et il faut réunir des gens qui partagent les mêmes affinités. M. Trahan a déjà tenté d’intéresser ses amis à un concert d’orgue, mais sans succès.

La suite de se reportage est disponible dans Le journal Le Richelieu, en version virtuelle ou papier.

 

Budget estimatif 2013 du transport adapté à Saint-Jean-sur-Richelieu

752 000$ dont

52% payés par la Ville

36% par le ministère des Transports du Québec

12% par les usagers

 

Source: Sylvain Latour, relations médias, Saint-Jean-sur-Richelieu 

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