L’ex-douanière McClelland coupable

Par Louise Bedard
L’ex-douanière McClelland coupable
La douanière McClelland durant le procès.

L’ex-douanière Stéfanie McClelland, 40 ans, de Lacolle est reconnue coupable d’importation de 182 kg de cocaïne, de contrebande et d’abus de confiance. Elle a été immédiatement incarcérée.

Après un peu plus d’une journée de délibérations, le jury composé de sept femmes et cinq hommes en est arrivé vendredi après-midi à un verdict de culpabilité sur les trois chefs d’accusation portés contre elle.

La version de l’accusée qui plaidait l’erreur d’inattention en ayant laissé passer le véhicule rempli de cocaïne n’a manifestement pas été crue par le jury. Le juge André Vincent de la Cour supérieure entendra les représentations sur la peine le 12 juin.

Les événements qui ont donné lieu aux accusations remontent au 2 décembre 2014 alors que l’ancienne douanière était en poste à la guérite Nexus du poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle.

Gregory Singh, accompagné de sa copine Ariane Desgroseillers Lafrance, s’était présenté à sa guérite pour entrer au Canada. Il était au volant d’une BMW de location dont le coffre arrière était rempli de gros sacs de voyage contenant 182 kg de cocaïne. La valeur de la drogue a été estimée de 6 à 10 millions de dollars.

Avis de guet

L’auto ainsi que les deux passagers étaient ciblés par la GRC qui avait émis un avis de guet à la frontière. Malgré le fait qu’ils ne soient pas membres du programme Nexus accélérant l’entrée des voyageurs au Canada, Singh et sa copine avaient emprunté la voie prioritaire à la dernière minute.

Comme ils n’avaient pas de carte Nexus, les deux voyageurs avaient présenté leurs passeports qui n’ont pas été vérifiés par la douanière par le système des banques de données de la douane.

Par ailleurs la douanière a soutenu qu’elle n’avait pas regardé l’écran de l’ordinateur installé dans la guérite et qui signalait que l’auto faisait l’objet d’un avis de guet. Une ligne rouge apparaissait pourtant au bas de l’écran puisque la plaque de l’auto lue par un capteur était celle signalée par la police.

L’accusée a témoigné que ce n’est qu’après avoir laissé partir les deux voyageurs qu’elle a constaté l’avis de guet. Elle a plaidé l’erreur d’inattention et répété qu’elle ne savait pas ce que contenait la BMW. Elle a témoigné aussi qu’elle a paniqué. Interrogée à savoir pourquoi elle n’avait pas sonné l’alarme, contacté ses collègues ou encore appelé la police, elle a dit avoir jugé que la BMW était rendue trop loin pour être rattrapée.

Les policiers de la GRC qui surveillaient toute la scène ont intercepté l’auto 11 kilomètres plus loin, sur l’autoroute 15.

Textos

Au début de l’année 2011, la douanière avait fait la connaissance de Soninder Dhingra avec qui elle a eu une relation amoureuse qui a pris fin. Elle est toutefois demeurée amie avec lui et elle échangeait des messages textes avec l’individu.

À différentes reprises au cours de l’année 2011, elle a enfreint la loi en effectuant des recherches à des fins personnelles dans les banques de données de l’Agence des services frontaliers du Canada. Elle était au début d’une relation avec Dhingra et elle voulait voir s’il y avait quelque chose à son sujet, a-t-elle justifié.

Ce dernier lui a fourni un téléphone cellulaire qu’elle utilisait uniquement pour communiquer avec lui. Dhingra lui aurait expliqué que c’était à cause de son épouse qu’il agissait ainsi alors que la douanière fréquentait pourtant la femme.

La journée du passage de la drogue à la frontière, Dhingra et la douanière ont échangé 104 messages dont on ne connait pas la teneur. À 14 heures, l’accusée a pris son service à la guérite Nexus. Dhingra a communiqué avec elle pour savoir si elle était au travail et à quelle guérite. Elle dit qu’elle s’attendait à le voir arriver comme cela s’était déjà produit une dizaine de fois auparavant alors qu’il arrivait des États-Unis. Il ne s’est jamais présenté.

C’est plutôt la BMW conduite par Singh qui était en contact avec Dhingra qui est arrivé à la frontière.

Interrogatoire

L’accusée a été soumise à un très long interrogatoire par les policiers qui lui ont présenté différents éléments d’enquête. La douanière a reconnu qu’elle avait pu être naïve dans sa relation avec Dhingra, mais elle a maintenu qu’elle n’était au courant de rien de ses activités et de ce qui se tramait avec Singh. Cette version, elle l’a répétée devant les jurés qui ne l’ont manifestement pas crue.

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