Prise de température, attente à l’extérieur, changements d’air fréquents: les citoyens n’ont pas à craindre la COVID-19 à leur prochaine visite chez le dentiste. Les cliniques devaient se soumettre à des protocoles très stricts pour rouvrir leurs portes le 1er juin. Deux d’entre elles nous détaillent la nouvelle expérience qui attend leur clientèle.
À l’avenir, on ne pourra plus distinguer les dentistes que par leurs yeux. Vêtus d’un équipement de protection complet incluant bonnet, visière, masque, lunettes, gants et jaquette, ils n’ont pas de chances à prendre. La projection de millions de particules dans l’air pendant les traitements qu’ils prodiguent rend ces professionnels de la santé parmi les plus exposés au coronavirus.
La désinfection à tous les niveaux, des instruments au mobilier en passant par l’air ambiant, ralentit le rythme des cliniques. Ce n’est pourtant pas le travail qui manque. Au Centre dentaire Jacques-Cartier, 1500 rendez-vous ont dû être annulés depuis 11 semaines.
Les cliniques devaient être prêtes avant de penser à rattraper le temps perdu. Elles ont reçu le 16 mai un guide de 57 pages sur la procédure à suivre. «Il a fallu se revirer de bord assez rapidement, dit la gestionnaire du Centre dentaire Jacques-Cartier, Dominique Gaudette. Toutes les salles opératoires devaient être fermées, mais les entrepreneurs aussi sont en retard!»
Rideaux
La clinique située dans le quartier Saint-Eugène a donc installé des rideaux de polythène en guise de barrière. «Ça a été bien fait, mais à la va-vite, convient la coordonnatrice. Le délai était court pour se conformer aux exigences. Nous avons aussi eu de la difficulté à nous procurer le matériel approprié pour donner un service approprié. Les masques N95 sont en rupture de stock partout.»
Les cliniques ont dû revoir l’efficacité de leur système de ventilation pour purifier l’air entre chaque visite. Au Centre dentaire Jacques-Cartier, on a muni les 11 salles de traitement d’échangeurs d’air portatifs.
«Les gens ne s’en rendent pas compte, mais la pandémie entraîne de grosses dépenses, enchaîne Dre Isange Remacle. La Clinique dentaire Remacle qu’elle possède dans le secteur Saint-Athanase se dotera par exemple d’une imprimante 3D pour fabriquer des cadres qui viendront sceller les masques sur les visages de son personnel.
Pas d’aérosols
La réouverture de la clinique sera graduelle, prévient-elle. «Il n’y aura pas d’aérosols durant nos traitements cette semaine, dit-elle, mais on ne pourra pas fonctionner comme ça longtemps. Au lieu de faire un nettoyage aux ultrasons, on va le faire avec des curettes, comme avant.»
Même sans coronavirus, les centres dentaires étaient déjà très sécuritaires. «Avant la COVID-19, on traitait tous les patients comme s’ils étaient contagieux», rappelle Dre Remacle. Ils le sont encore plus aujourd’hui au Québec avec des normes parmi les plus strictes en Amérique du Nord, souligne-t-elle.
De leur côté, tous les patients doivent répondre à un questionnaire sur le coronavirus avant leur rendez-vous. On leur pose les mêmes questions le jour de leur visite. Ceux-ci doivent signaler leur arrivée dans le stationnement de la clinique avant qu’on leur fasse signe d’entrer.
Rien ne sert d’arriver trop d’avance, surtout s’il fait chaud, car la prise de température corporelle pourrait être faussée. Tout a été mis en œuvre pour qu’aucun client ne se croise. On privilégie le paiement sans contact, tandis que les factures sont envoyées par courriel.