Usine IPC: une approche innovatrice pour réhabiliter un site contaminé orphelin

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Par Gilles Berube
Usine IPC: une approche innovatrice pour réhabiliter un site contaminé orphelin
Réunis pour marquer la fin des travaux, Louis Poulin, ingénieur chargé de projet à la Ville, Luc Bergeron, de la firme EXP, Benoît Fortin, directeur du service des infrastructures et de la gestion des eaux, Mathieu Dufault, de la firme EXP, le maire Alain Laplante, Jean-Philippe Boudreault, de Pangeos, Stéphane Beaudin, directeur général adjoint, Jean-Marc Faubert d'Inspec-Sol, et la conseillère Patricia Poissant. (Photo : Le Canada Français – Jessyca Viens-Gaboriau)

Grâce à une approche novatrice, la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu a pu réduire considérablement les coûts de réhabilitation d’un site industriel contaminé, laissé orphelin par l’ancienne compagnie IPC.

Lundi, la Ville a tenu à souligner l’aboutissement de travaux et de démarches remontant au début des années 90, à la suite de la fermeture de l’usine IPC. Celle-ci fabriquait des pigments de couleurs principalement pour le marché des peintures.

La compagnie Imperial Color Works a été fondée au début du 20e siècle avant de s’établir à Glens Falls, dans l’État de New York, en 1915. Par la suite, elle ouvrira des filiales à Plattsburgh et à Saint-Jean. À ses débuts, la fabrication de pigments de couleurs était une activité intégrée à la fabrication de papiers peints. L’usine a été ouverte à Saint-Jean en 1955 sous la dénomination d’Imperial Paper & Color. Son adresse donnait sur la rue Saint-Charles, mais elle était en fait située dans le prolongement de cette rue, sur un chemin qui deviendra la rue Brosseau. Il s’agit maintenant de l’entrée du garage municipal.

En 1961, elle passe aux mains de la compagnie Hercules Powder, une importante compagnie spécialisée dans les produits chimiques et dans la poudre à munitions. Déjà à cette époque, cette entreprise fabriquait du combustible solide pour les fusées et les missiles.

IPC

À la fin des années 80, Hercules vend l’usine à des investisseurs regroupés sous le nom d’International Pigments & Couleurs (IPC).  Cette transaction correspond à une période où les pigments au plomb sont bannis au profit des pigments organiques. IPC fera laborieusement le virage avant de fermer ses portes et de déclarer faillite.

C’était une époque où les lois environnementales avaient une portée limitée. L’entreprise a laissé derrière elle un site lourdement contaminé au plomb et au chrome, indique Jean-Marie Faubert, chimiste au sein de la firme Inspec-Sol. On y trouvait aussi des solvants et des hydrocarbures et diverses matières dangereuses entreposées dans des barils et des réservoirs. Le bâtiment a été incendié à deux reprises dans les années 90.

Après des démarches pour retrouver les anciens propriétaires, il s’est avéré que l’immeuble était orphelin. En 2008, la Ville en a pris possession avec pour objectif de rétablir le site et l’utiliser pour une éventuelle centralisation du service des travaux publics.

Plan

Le plan de réhabilitation établi par Inspec-Sol comportait plusieurs étapes: caractérisation des sols et de l’eau souterraine, analyse d’impact et de risque toxicologique, démolition des bâtiments, disposition et recyclage des résidus dans des sites autorisés et réaménagement du site. À l’époque, le coût était estimé à 7 millions.

Parallèlement à ce dossier, la Ville était aux prises avec le bâtiment de l’ancienne usine Hart Battery, elle aussi abandonnée. La Ville a fait appel à plusieurs consultants et experts pour élaborer une solution moins coûteuse, que le ministère de l’Environnement a fini par accepter. La dalle de l’usine IPC a été scellée à l’aide d’un mélange de béton contenant le granulat provenant de la dalle concassée de l’usine Hart Battery. La formule de ce béton a été préparée par des chercheurs de l’École de technologie supérieure.

La nouvelle plateforme peut servir à entreposer des matériaux et à garer des véhicules.

Par la suite, une deuxième couche de béton de haute densité a été utilisée pour couvrir l’ensemble de la surface. La nouvelle plateforme peut servir uniquement à des fins d’entreposage de matériaux ou pour garer des véhicules. Elle est dotée d’un système d’éclairage et elle est entourée d’une bande tampon en végétation représentant 30% de la superficie du site. Enfin, des regards permettent d’assurer un suivi de l’évolution du site.

Au final, l’opération aura coûté 2 millions, une économie de 5 millions sur les coûts anticipés. La Ville a reçu 480 000$ d’aide financière provenant du Fonds municipal vert, de la Fédération canadienne des municipalités, et du programme Climat-Sol du gouvernement du Québec.

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