Après quatre ans d’efforts soutenus, le projet de zone d’innovation en sécurité civile et publique dans le Haut-Richelieu, porté par NexDev | Développement économique du Haut-Richelieu, a finalement été refusé par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE).
Selon Carole Cardinal, directrice générale de NexDev, le MEIE aurait trouvé les axes de recherche intéressants et serait impressionné par la mobilisation autour du projet. Cependant, les investissements privés seraient pour le moment insuffisants pour qu’une zone d’innovation se concrétise. Au moment de mettre sous presse, le MEIE n’avait pas répondu à la demande de renseignements du Canada Français.
Lors du dépôt du projet au ministère de l’Économie au début de l’année 2021, les investissements liés à la zone d’innovation du Haut-Richelieu étaient estimés à 200 M$ par NexDev. Le projet anticipait aussi une hausse du nombre d’emplois manufacturiers, ainsi qu’une augmentation du salaire moyen pour certains types de postes.
NexDev compte maintenant créer un centre d’innovation dans la région. « Tout le travail qu’on a fait pour la zone d’innovation est loin d’être perdu », affirme Antoine de Tilly, directeur du développement économique pour NexDev. C’est le gouvernement du Québec qui a encouragé l’organisation à continuer de rassembler les acteurs en sécurité civile, en sécurité publique et en défense dans le Haut-Richelieu.
Les mandats de l’organisation ne changent pas. Les partenariats entamés en vue de la zone d’innovation restent aussi en place. NexDev avait, entre autres, finalisé la création d’une unité mixte de recherche avec l’Institut national de recherche scientifique (INRS). En entrevue, M. de Tilly mentionne qu’une entente avec l’École de technologie supérieure (ÉTS) est en préparation.
Centre d’innovation
Le centre d’innovation imaginé par NexDev est un bâtiment concret qui pourrait rassembler les laboratoires de recherche, les entreprises et les partenaires liés au projet. « C’est vraiment une infrastructure et des équipements qu’on veut faire financer en partie par le gouvernement du Québec », précise M. de Tilly. L’idée a été présentée au gouvernement le 3 octobre dernier lors d’une rencontre de comité ministériel.
Le principe serait le même que pour une zone d’innovation : rassembler tous les acteurs pertinents, qu’ils soient des entreprises, des regroupements d’affaires, des institutions de recherche ou des municipalités, d’un même secteur au même endroit pour favoriser l’entraide et la communication.
« Les zones d’innovation au Québec, c’est un tag, c’est un label que le gouvernement de la CAQ a lancé pour dire : »on va développer ces créneaux-là », mais ça reste que dans la région, on veut se doter d’une spécialisation régionale », explique Antoine de Tilly. L’emplacement du Haut-Richelieu reste stratégique pour l’axe de recherche de la défense en particulier, compte tenu de la présence d’une base et d’un collège militaires.
Même sans la mention de zone d’innovation et le soutien subséquent du MEIE, un pôle d’innovation comme le souhaite NexDev inciterait de « gros joueurs » à s’installer dans la région, selon l’organisme.
Zones désignées
M. de Tilly se dit tout de même déçu de la tournure des événements. En effet, le déploiement d’une zone désignée d’innovation vient de pair avec un accompagnement par le MEIE et Investissement Québec. L’appui du gouvernement peut faciliter plusieurs démarches et, surtout, faciliter la recherche d’investisseurs.
Seules quatre zones d’innovation ont été désignées depuis le lancement de l’initiative. La zone d’innovation en aérospatiale de Longueuil, annoncée en juin 2024, est la plus récente addition. Des investissements totalisant 415 M$ pour le projet avaient alors été annoncés, dont 85 M$ provenant directement des poches du gouvernement du Québec.