Plus de 500 nouvelles places ont été créées au cours des derniers mois dans les résidences pour personnes âgées (RPA) en 2018 à Saint-Jean-sur-Richelieu, faisant augmenter l’offre d’environ 34%. Et le paysage johannais pourrait évoluer encore en raison du vieillissement des baby-boomers.
En juin dernier, Saint-Jean-sur-Richelieu comptait 1525 places réparties dans 12 résidences, selon le Rapport sur les RPA 2018 publié par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) à partir d’un recensement effectué en février et en mars 2018.
À ce nombre s’ajoutent les 76 nouvelles unités inaugurées au Complexe le Carrefour en juillet 2018, les 261 logements de Sélection St-Jean, situé sur le site de l’ancien concessionnaire Honda, et la première phase de 181 unités du Quartier par Excellence, sis à proximité du Centre Gertrude-Lafrance. Ces deux derniers projets ont accueilli leurs premiers résidents en novembre 2018.
Ces constructions font augmenter l’offre actuelle à environ 2043 logements. Enfin, ce nombre bondira à 2210 appartements en mars 2020 avec l’ouverture de la seconde phase du Quartier par Excellence qui comptera 167 nouvelles habitations.
Âge
Plusieurs facteurs viennent expliquer la bonification subite de cette offre à Saint-Jean-sur-Richelieu, mais aussi ailleurs dans la province, mentionne Kevin Hughes, économiste principal à la SCHL pour l’est du Canada.
A priori, le vieillissement de la population est plus prononcé au Québec qu’ailleurs dans l’Ouest canadien. L’expert remarque qu’en moyenne, le choix d’opter pour une RPA s’effectue autour de 75 ans.
Selon l’enquête 2018 de la SCHL, 17,9% des Québécois de 75 ans et plus vivaient dans une résidence pour personnes âgées. À titre comparatif, ce nombre chutait à 5,5% en Ontario. «On remarque que ce taux au Québec est largement supérieur aux autres provinces canadiennes. Ce qui amène la question, pourquoi? Il n’y a pas qu’une réponse», poursuit M. Hughes.
Promoteurs
La disponibilité d’un crédit d’impôt pour maintien à domicile des aînés, offert par le gouvernement du Québec, peut être un incitatif à opter pour une RPA.
L’économiste de la SCHL soulève également que les entrepreneurs québécois ont mené des offensives marketings qui n’ont pas été réalisées ailleurs au pays. «Ils ont proposé des produits d’habitation qu’ils ont mis en marché de façon très dynamique. Ça a eu un impact», enchaîne Kevin Hughes.
Ce point de vue est partagé par Sara Girard, présidente et cofondatrice de Bonjour Résidences, une plateforme Web qui recense l’ensemble de l’offre de la province. «C’est particulier au Québec de vivre dans une résidence avec des activités et des loisirs. On a réussi à [changer la perception] dans la tête des gens que les résidences ne sont pas juste pour la fin de vie et que c’est presque cool d’y habiter», lance-t-elle.
Elle compare d’ailleurs la gestion de certaines RPA à celle d’une résidence hôtelière. «Toutes les grandes entreprises ont pris la vague du style de vie qu’est de vivre en résidence», poursuit-elle.
Elle fait notamment référence aux activités offertes dans les RPA comme le cinéma et la piscine, ainsi qu’aux nombreux services offerts, dont les repas.
Les baby-boomers
Kevin Hughes mentionne que la demande pour des logements dans les RPA est appelée à grandir, notamment avec le vieillissement des baby-boomers.
«Les baby-boomers ne sont pas, à l’heure actuelle, les gens qui forment la masse critique des personnes dans les résidences, mais ils approchent de l’âge critique. L’industrie est au fait que la demande sera au rendez-vous», souligne Kevin Hughes.
Il ajoute que l’une des plus grandes questions à l’heure actuelle dans le milieu de l’habitation québécois concerne la trajectoire résidentielle qu’emprunteront les baby-boomers.
«Dans quelle mesure est-ce que cette génération se comportera comme la précédente? Ou encore, comment va-t-elle se distinguer? Ce sont des questions importantes étant donné le nombre important de gens qui vont arriver cet âge critique en même temps», témoigne M. Hughes.
Diverses projections sont réalisées, ajoute-t-il, et même si les baby-boomers ont une attirance moins prononcée pour les RPA que la génération qui les précède, ils sont à ce point importants que la demande demeurera notable pour les RPA.
«Chose certaine, l’industrie n’est pas assise à ne rien faire. On voit que le produit est modifié. On pense aux prochains qui s’en viennent. On veut s’assurer que l’offre réponde bien à la demande en termes de services et de type d’habitation», note M. Hughes.