Le plant de cannabis n’est pas la seule essence de la famille des Cannabaceae à gagner en popularité. Le chanvre, une variété qui ne contient pas ou peu de tétrahydrocannabinol (THC), le principal composé psychoactif de la marijuana, tente également de se faire une place dans l’industrie du textile pour devenir une alternative au coton avec le coup de pouce de l’entreprise johannaise Logistik Unicorp, spécialisée dans la gestion intégrée de programmes d’uniformes.
L’entreprise, située sur le chemin du Grand-Bernier Nord, s’intéresse depuis quelques années à la tige du plant de chanvre canadien. Celle-ci est décortiquée puis raffinée pour éventuellement être transformée en fibre textile, explique Benoit Lauzon, vice-président opération chez Logistik Unicorp.
Cette étape est réalisée à l’usine d’Agrofibres, à Lavaltrie. Louis Bibeau, le propriétaire et président-directeur général de Logistik Unicorp, est l’un des actionnaires de cette usine qui se spécialise dans la première transformation de la tige de chanvre.
«Les équipements étaient là. Ils avaient été acquis par un organisme à but non lucratif. Ils avaient arrêté leurs activités. On a reparti l’usine», poursuit Benoit Lauzon. La production débute ces jours-ci, ajoute-t-il.
Ensuite Sherbrooke
Une fois la fibre transformée par les installations de Lavaltrie, elle doit être cotonisée afin d’être utilisable par les machines de fabrication de textile contemporaines.
«On a investi dans des équipements à Sherbrooke et loué des locaux pour raffiner davantage la fibre pour éventuellement s’en aller vers le produit fini. Notre défi a été de faire en sorte que la fibre soit traitable dans les équipements d’aujourd’hui», poursuit M. Lauzon.
Cette nouvelle division, située en Estrie, est baptisée Éko-Terre. Louis Bibeau en est l’unique actionnaire. «À Sherbrooke, on est en démarrage. On termine la première transformation. Avant ça, on a fait un projet ici chez Logistik pour démontrer la faisabilité de réaliser le tout à grande échelle», poursuit Benoit Lauzon.
En effet, ce projet pilote avait fait l’objet d’un reportage dans les pages du Canada Français le 1er septembre 2011.
Vêtement
L’utilisation du chanvre dans l’industrie textile ne date pas d’hier. «Le textile de chanvre est vraisemblablement l’un des plus vieux textiles à avoir été utilisé par l’Homme (par les moines chinois Shinto). En Amérique, on utilisait la corde de chanvre pour sa rigidité dans les navires et pour les uniformes de guerre», lit-on sur le site de Chanvre Québec.
«Le tissu à base de chanvre existe, mais la majorité vient d’Asie. La particularité de ce projet est que c’est fait au Canada», enchaîne Claudia Leblanc, directrice Stratégies, Marketing et Communications chez Logistik Unicorp.
Si le chanvre fait partie de la même famille que le cannabis, la drogue et la fibre ne peuvent pas provenir de la même plante. «Notre intérêt, c’est la tige. On ne peut pas utiliser la tige du plant de cannabis parce que les producteurs veulent un plant plus feuillu ce qui fait que la tige n’est pas en chair. Nous, on veut une tige haute», explique Benoit Lauzon.
Approvisionnement
Benoit Lauzon ajoute que la difficulté à fabriquer de la fibre de chanvre à grande échelle réside dans la chaîne d’approvisionnement.
«Il faut que les gens fassent pousser du chanvre. Il faut aller dans les zones où la terre est moins propice au maïs et au soya. On a réussi à s’insérer au Saguenay-Lac-Saint-Jean», poursuit M. Lauzon. En plus de nécessiter très peu d’eau et pas de pesticide, le chanvre capture énormément de CO2, enchaîne notre interlocuteur.
Benoit Lauzon souligne que la production de la fibre de chanvre va s’enclencher, mais les quantités ne seront pas énormes tant que la chaîne d’approvisionnement ne sera pas bâtie.
«Initialement, on va vendre la fibre. On va voir jusqu’où on va aller dans le développement. Allons-nous la filer ou la faire tisser? Ça reste à définir. On se concentre sur la vente parce qu’on a des acheteurs de fibre», conclut-il.
L’entreprise johannaise sauve 150 emplois en Estrie
L’entreprise johannaise Logistik Unicorp a acquis les deux usines de Perfection. En plus de sauver de la faillite cette entreprise de conception de vêtements, Logistik Unicorp a préservé les 150 emplois qui y sont associés et a protégé sa chaîne d’approvisionnement.
Perfection, anciennement connue comme Chemises Perfection, fournissait des chemises à Logistik Unicorp depuis 1993.
L’entreprise, qui compte des installations à Courcelles et à Lac-Mégantic en Estrie, s’était placée sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité en juillet 2018. Les procédures ont mené à sa vente. C’est ainsi que Logistik Unicorp en est devenu l’acheteur. La transaction a été officialisée en janvier 2019.
«C’est un fournisseur important. On ne voulait pas qu’il ferme. Il nous reste un autre fournisseur à Louiseville, mais il n’aurait pas été capable d’absorber la production de Perfection», explique Louis Bibeau, président-directeur général de Logistik Unicorp.
Ainsi, si Perfection avait fermé ses portes, l’entreprise située sur le chemin du Grand-Bernier Nord aurait eu des problèmes d’approvisionnement pour desservir son marché canadien. «C’est une des raisons pour lesquelles on a décidé de sauver l’entreprise et elle avait aussi une équipe composée de personnel expérimenté. C’est une décision stratégique que de garder Perfection en vie», souligne Louis Bibeau en rappelant que la production de vêtements n’est pas la spécialité de Logistik Unicorp. «On est un gestionnaire de programmes d’uniformes», dit-il.
Le chef d’entreprise éprouve toutefois une fierté à soutenir l’industrie québécoise et canadienne. «On fournit beaucoup d’uniformes à travers le pays. On est fiers de dire qu’au-delà de 80% de nos ventes proviennent de la production canadienne. On continue à défendre la production canadienne par nos ventes à travers le pays», poursuit le fondateur de Logistik Unicorp.
Production
Louis Bibeau n’a pas souhaité chiffrer la transaction. «On a sauvé 150 emplois avec une production canadienne et on veut continuer à offrir des produits canadiens au Canada», répète-t-il.
Il souligne toutefois que des investissements dans les «six chiffres» seront faits chaque année pour améliorer et maintenir les installations. Les usines de Perfection produisent actuellement entre 3000 à 3500 chemises par semaine.
«L’entreprise a une capacité de produire 6000 chemises par semaine. On veut augmenter sa capacité en modernisant l’équipement», ajoute M. Bibeau. Ce dernier souhaite automatiser la production. Cela permettra de réduire les conséquences de la pénurie de main-d’œuvre.
Si Logistik Unicorp a sauvé 150 emplois en achetant Perfection, le dirigeant souligne qu’il engagerait entre 30 et 40 personnes supplémentaires sur-le-champ.
L’entreprise s’est tournée vers l’immigration pour combler ses besoins. Trente-deux travailleurs tunisiens sont en attente d’un visa de travail. «On a nos propres usines en Tunisie pour desservir le marché européen. Ces travailleurs viendraient à nos usines de Sainte-Agathe-de-Lotbinière, Courcelles et Lac-Mégantic», poursuit Louis Bibeau.
Au Québec, Logistik Unicorp compte plus de 435 employés. L’entreprise johannaise compte aussi des installations en Allemagne, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Tunisie et au Vietnam.
Sur le globe, 1450 employés travaillent pour Logistik Unicorp. L’entreprise livre annuellement 4,5 millions d’unités.
Je suis une employée de perfection inc