« On doit refuser des femmes très souvent » – Nathalie Villeneuve

Daniela Vargas Rojas

drojas@canadafrancais.com

« On doit refuser des femmes très souvent » – Nathalie Villeneuve
Pendant l'année 2023, la Maison Hina a enregistré un total de 454 refus pour les femmes et 263 refus pour les enfants. (Photo : (Photo Le Canada Français - Jessyca Viens Gaboriau))

La Maison Hina, qui offre de l’hébergement aux femmes victimes de violence conjugale, fonctionne à plein régime depuis un an. Son taux d’occupation s’est élevé à 98% en 2023, alors qu’il était de 75% avant la pandémie. La ressource a aussi enregistré un plus grand nombre de refus l’an dernier qu’en 2022 en raison du manque de places. En plus de devoir répondre aux nombreuses demandes qui lui sont adressées, la Maison Hina ne verra pas ses subventions gouvernementales être bonifiées. Si bien que l’organisme craint de devoir être obligé de réduire certains services.

« La Maison est toujours aussi pleine. Avant, il y avait des périodes d’accalmie. Maintenant, dès qu’une chambre se libère, elle se remplit dans la même journée. L’autre jour, je suis partie à 16 heures, il y avait trois places libres qui ne l’étaient déjà plus à mon retour. Ce qui complique la situation, c’est le manque de logements dans la région. On aide souvent les femmes à trouver une autre option, mais parfois, elles sont obligées de rester chez elles, le temps qu’on trouve autre chose », raconte Nathalie Villeneuve, coordonnatrice de la Maison Hina. Elle ajoute qu’auparavant, les femmes y séjournaient en moyenne deux mois. Maintenant, elles y restent jusqu’à quatre mois.

L’organisme assure que cette augmentation de l’occupation est due à plusieurs facteurs. En plus du manque de logements, les femmes seraient de mieux en mieux informées et plus ouvertes à parler de violence conjugale. Elles seraient davantage sensibilisées à travers les réseaux sociaux. D’ailleurs, l’organisme affirme que lorsqu’un féminicide survient, le nombre d’appels peut facilement doubler dans la journée. 

Nombre de refus à la hausse

Pendant l’année 2023, la Maison Hina a enregistré un total de 454 refus pour les femmes et 263 refus pour les enfants. Une femme peut être refusée par la Maison plusieurs fois dans la même année. Le nombre de refus est calculé annuellement selon le nombre d’appels reçus par la maison au sujet d’une demande d’hébergement. En 2022, l’organisme a enregistré 289 refus pour les femmes et 211 pour les enfants. 

« On doit refuser des femmes très souvent, car les sept chambres disponibles sont toujours occupées. Ça nous est déjà arrivé de refuser trois femmes dans un avant-midi. C’est important que les femmes nous appellent même si, parfois, on ne peut pas les loger tout de suite. On crée déjà un lien avec elles au téléphone et on peut les aider avec les services à l’externe », affirme Mme Villeneuve.

La Maison Hina a réussi à recruter, dans la dernière année, une équipe complète d’intervenantes. Une nouvelle positive pour l’organisme qui avait été touché par la pénurie de main-d’œuvre l’année précédente. Selon Mme Villeneuve, leur plus grand défi cette année est de maintenir les acquis et les améliorations implantés. 

Interruptions de services?

La coordonnatrice assure que le gouvernement avait promis d’augmenter les montants de base en ajoutant une somme qui allait être revue à la hausse chaque année. Cet engagement n’a pas été respecté. Cette année, la maison ne recevra pas d’augmentation alors que le nombre de demandes explose. La directrice affirme que si le gouvernement du Québec ne change pas d’avis, elle se verra obligée de réduire le nombre de services.

« Pour l’instant, le gouvernement annonce qu’il n’y a pas de budget pour les maisons d’hébergement. Avec le budget actuel, on sera obligé de couper. Tous les services sont essentiels. Je ne sais pas où couper. Je ne veux pas couper dans les services aux écoles, car c’est grâce à notre présence qu’on est en contact avec les familles. C’est impossible de couper dans l’hébergement. Puis, il serait triste de couper dans les services à l’externe », assure-t-elle.

La Maison Hina offre une moyenne de 1036 heures d’intervention à l’externe pour les femmes qui ont besoin d’un suivi post-hébergement ou celles qui ont besoin d’accompagnement dans leur processus de divorce ou de séparation.

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