Les fins observateurs auront remarqué que leurs cotisations au Régime des rentes du Québec (RRQ) ont légèrement augmenté depuis le 1er janvier 2019. La mise en place d’une bonification de ce régime, qui permettra à terme d’avoir une rente plus généreuse, explique cette subtile hausse. Une nouvelle épargne forcée qui est vue d’un bon oeil par un planificateur financier.
Le RRQ est dorénavant composé de deux régimes : celui de base et le régime supplémentaire. Le régime de base, soit l’actuel régime, demeure inchangé. Les employeurs et les employés y cotisent chacun à raison de 5,4 % du salaire annuel compris entre 3500 $ et 57 400 $.
À cela s’ajoute un nouveau régime supplémentaire qui est mis en place graduellement de 2019 à 2025. Ainsi, une augmentation graduelle de la cotisation du régime supplémentaire est prévue. En 2019, elle se situe à 0,15 %. L’an prochain, elle sera à 0,3 %, puis à 0,5 % en 2021, à 0,75 % en 2022 et enfin, à 1 % en 2023.
Actuellement, les cotisations du RRQ sont prélevées sur la portion du revenu de travail compris entre l’exemption générale (3500 $) et le maximum des gains admissibles (57 400 $). En 2024, ce plafond passera à 61 400 $, puis à 65 400 $ en 2025.
À compter de 2024, la cotisation, tant pour l’employeur que l’employé, sera fixée à 4 % pour la portion de salaire comprise entre 57 400 $ et le nouveau plafond admissible.
Bonne nouvelle
En dollars de 2018, un retraité de 65 ans, qui avait un revenu annuel de 65 000 $, avait droit à la rente de retraite maximale du RRQ, soit 13 610 $. Avec le régime supplémentaire, ce même travailleur, qui prendra sa retraite d’ici 40 ans, aura droit à une rente de 20 677 $.
À titre comparatif, la rente de retraite d’un salarié ayant un revenu brut de 40 000 $ passera de 9739 $ à 12 984 $. À terme, le nouveau programme du RRQ fera passer le taux de remplacement du revenu à la retraite de 25 % à 33,33 %.
« L’augmentation étant graduelle et se faisant en fonction du nombre d’années de cotisation à la partie bonifiée du Régime, les travailleurs de la génération qui entre aujourd’hui sur le marché du travail bénéficieront de l’augmentation la plus marquée de leur rente de retraite, tandis que les travailleurs qui prendront leur retraite au cours des prochaines années profiteront d’une augmentation de leur rente au prorata de leur nombre d’années de cotisation au régime supplémentaire », écrit Retraite Québec dans sa documentation.
Ce nouveau régime n’affecte pas les retraités. Ceux-ci continueront de recevoir leur rente qui sera indexée tous les ans.
Épargne forcée
L’ajout de ce régime bonifié obligatoire risque de faire rouspéter les salariés qui travaillent au taux horaire minimum et, à partir de 2024, ceux qui gagnent entre 57 400 $ et 65 400 $. « Ce sont eux qui vont être le plus touchés par la nouvelle réforme », précise Christian Haché, planificateur financier pour Les Services financiers Option.
Il voit cependant d’un bon œil cette épargne forcée par le RRQ. « Malheureusement, je vois trop de gens qui n’ont pas de fonds de pension, de REER collectif ou autre. L’augmentation du RRQ peut être une bonne chose pour les aider », souligne M. Haché.
Ce faible taux d’épargne survient même si certains employeurs ont l’obligation d’offrir un RVER [régime volontaire d’épargne-retraite]. Or, les employés y cotisent peu ou pas, observe M. Haché qui est aussi président du conseil d’administration du Bingo communautaire Haut-Richelieu qui emploie une vingtaine de personnes.
« Ils nous disent qu’ils sont déjà au sou près, qu’ils n’arrivent déjà pas alors ils ne mettront pas d’argent de côté », enchaîne Christian Haché.
Il est cependant d’avis que l’augmentation des cotisations du RRQ ne doit pas être plus agressive. « Il faut que les gens aient la capacité de payer le régime. Déjà, ils ne sont pas capables de mettre des sous de côté pour les REER et on leur demande un effort supplémentaire pour le RRQ. S’ils sont déjà serrés, je ne suis pas sûr qu’ils aient les moyens de payer plus », note le planificateur financier.