Le canoteur Martin Trahan a fait sa cinquième grande expédition. Après avoir traversé le Canada, les États-Unis et la France en canot, l’aventurier s’est lancé, cet été, dans la traversée du nord de la Laponie finlandaise en compagnie d’Antti Vettenranta, un photographe et cinéaste originaire de Helsinski. Les deux aventuriers ont parcouru 350 kilomètres au cœur des régions d’Inari et de Vätsäri pour traverser la frontière norvégienne et atteindre la mer de Barents, 21 jours plus tard.
Le périple était divisé en trois grandes parties. La première était la traversée de deux courtes rivières, au nord de la Laponie finlandaise, qui se situent dans le cercle polaire arctique. Ensuite, les aventuriers devaient pagayer sur le lac Inari, l’un des plus grands lacs de la Finlande et, à la fin, ils devaient faire du portage, une activité plus exigeante, qui allait les amener en Norvège vers la mer de Barents.
« Je suis atterri à Helsinki, là où habite mon coéquipier Antti. Les deux premiers jours, on a profité pour tout organiser et s’assurer qu’on n’allait pas manquer de nourriture. La troisième journée, on a roulé une journée complète pendant 1200 km pour nous rendre en Laponie finlandaise. Une fois dans le cercle polaire arctique, il y avait plein de rennes sauvages qui traversaient la rue. Ce sont de super belles bêtes. J’étais comme un gamin émerveillé », raconte Martin Trahan.
Portages difficiles
Le voyage a débuté sur les rivières Juutuanjoki et Lemmenjoki. Ce sont deux courtes rivières qui mènent vers le lac Inari. Une fois rendus au lac, les deux hommes de nature ont parcouru 100 km. « C’était la partie la plus facile de notre voyage. On avait le vent de dos. Chaque soir, on s’arrêtait vers 17h pour chercher un site de camping et faire un feu pour cuisiner. C’était facile de trouver un endroit pour camper, car c’est une région éloignée où il y a peu des chalets rustiques. La nuit, on voyait parfois des aurores boréales. C’était magnifique », ajoute-t-il.
Au nord du lac Inari, les canoteurs se sont enfoncés dans la région de Vätsäri, une partie reculée, près de la frontière entre la Norvège et la Russie, où ils ont passé les derniers jours d’expédition. « Dans Vätsäri, on était complètement coupés du monde. S’il nous était arrivé quelque chose, il aurait fallu nous sortir en hélicoptère. Les sept derniers jours, on a fait 40 portages. C’était tellement pénible. C’était des portages dangereux sur des roches glissantes et des terrains accidentés. On a très peu pagayé. Moi, j’ai perdu 15 lb et mon coéquipier, 25 lb. L’effort physique était énorme. On pouvait faire 200 mètres sur l’eau et faire un portage de 300 mètres. C’était interminable », se souvient-il.
Sécheresse
L’un de grands défis de leur voyage était la sécheresse. La Finlande a connu l’un des étés les plus chauds et secs depuis des décennies. Bien que les lacs étaient encore navigables, les rivières manquaient cruellement d’eau.
« Au début du voyage, on a fait un peu de portage. Sinon, quand il y avait des rapides, on marchait sur la berge à côté du canot. Cette partie était plus simple. Ce sont les portages de la fin qui étaient tellement durs qu’on est arrivés à un point où on n’avait plus de courage. On a continué, car on était tellement avancés dans la région qu’on ne pouvait plus retourner en arrière », assure-t-il.
Les deux aventuriers sont arrivés à la fin de leur expédition tout juste avant la première neige, le 15 septembre, par un temps ensoleillé, mais glacial. Ils ont atteint la mer de Barents après avoir traversé la frontière norvégienne. Les deux étaient très fiers de leurs parcours.
« On était tellement fatigués et en même temps, cette aventure nous donnait accès à l’une des régions les plus isolées du monde où peu des gens s’aventurent. Cette expédition m’a fait retomber en amour avec le canot. Autant j’aime rencontrer des gens dans mes expéditions, autant, cette fois, j’ai pu accéder à des paysages et des endroits inexplorés. En plus, je me suis fait un ami en or qui a tout planifié le voyage, ce qui m’a permis de partir la tête vide. Antti s’est révélé un compagnon très résilient », conclut-il.