Une Australienne, qui a l’ambitieux projet de traverser le Canada d’est en ouest à cheval, s’est arrêtée à Saint-Jean-sur-Richelieu le temps d’une semaine. Stefanie Gebbie, originaire de la Tasmanie, a raconté son aventure au journal.
Flanquée de ses deux chevaux, Jack et Wilson, la Tasmanienne Stefanie Gebbie a débuté son voyage à la mi-mars, à Bathurst au Nouveau-Brunswick. « C’est une façon extraordinaire de découvrir le pays même si, parfois, je me sens un peu folle de faire ça », témoigne la cavalière de 31 ans, qui visite le Canada pour la première fois. Son objectif : atteindre Vancouver.
Elle s’est arrêté une semaine à Saint-Jean-sur-Richelieu afin de reposer les chevaux, le temps d’une canicule survenue la semaine précédente. L’Australienne, qui travaille la moitié de l’année comme guide touristique en Tasmanie, a été accueillie par Mark Pelow et Geneviève Desrochers, des citoyens de Saint-Jean.
6000 km
Stefanie Gebbie n’a pas froid aux yeux, mais elle n’en est pas non plus à son premier rodéo. Ayant grandi avec des chevaux, elle explique avoir eu sa première monture à l’âge de 12 ans. En 2019, elle effectuait un premier long voyage de sept mois à cheval, durant lequel elle a traversé l’Australie d’Est en Ouest avec deux de ses chevaux australiens.
Cette première expérience de long distance-riding (une pratique équestre par laquelle le cavalier effectue de longs trajets en campant avec les chevaux sur l’itinéraire) lui a fait comptabiliser 4500 km. Sa traversée du Canada à cheval lui réserve cette fois-ci plus de 6000 km, qu’elle compte réaliser en deux fois.
Organisation
La jeune femme a passé plus d’un an à préparer son périple à distance. Les chevaux viennent du Canada : Jack, son destrier venu d’Alberta, est un cheval vedette puisqu’il a figuré dans le film Le Revenant d’Alejandro G. Iñárritu. Wilson, son cheval de bât (qui porte les affaires), détient moins d’expérience et lui vient de l’Ontario. Elle a fait déménager les chevaux au Nouveau-Brunswick, pour les récupérer à son arrivée.
L’inventaire de Stefanie Gebbie, porté quotidiennement par Wilson, comprend le strict nécessaire pour le voyage : une tente, de quoi faire sa toilette et sa cuisine et une clôture électrifiée portable (pour garder les chevaux la nuit).
Les chevaux se substituent d’herbe fraîche et de suppléments énergétiques. Autrement, Stefanie Gebbie compte sur la générosité des agriculteurs sur son itinéraire pour le foin nécessaire aux chevaux. Pour l’hébergement, c’est sa page Facebook Roadhorse qui lui permet de faire découvrir son aventure et de la connecter avec ceux qu’elle appelle ses « anges gardiens du sentier », soit des citoyens qui l’hébergent gratuitement.
Mythe et réalité
Ainsi lancée dans l’inconnu de ce vaste pays, la cavalière ne se cache pas de parfois vivre angoisse et désillusion. « Les gens ont parfois cette idée romantique du voyage à cheval, avec une chevauchée vers le coucher du soleil. C’est beau, mais la réalité est bien différente », explique Stefanie Gebbie.
L’enjeu premier : chevaucher dans des conditions modernes avec des chevaux qu’elle connaît à peine. Les chevaux sont imprévisibles de nature, surtout lorsqu’ils sont effrayés. Les routes canadiennes, qui ne sont plus faites pour le cheval, lui ont donc fait quelques frayeurs.
Repartie
L’aventurière a repris sa route à la fin de la semaine dernière, vers Salaberry-de-Valleyfield où elle comptait traverser le Saint-Laurent avant de se diriger vers l’Ontario. Son voyage sera scindé en deux, en vue du temps que sa traversée prend. « Je vais laisser les chevaux ici cet hiver, rentrer en Australie pour l’été et revenir au printemps pour finir la traversée du Canada », explique-t-elle.
Parcourant entre 25 km et 40 km par jour, elle ignore encore à quel endroit elle sera rendue d’ici là. « C’est une aventure qui peut vite virer dangereuse, autant pour elle que pour les chevaux. On souhaite qu’elle tombe toujours sur de bonnes personnes », commente Geneviève Desrochers, citoyenne de Saint-Jean.
Pour ce qui est de l’avenir des chevaux une fois l’aventure terminée, Stefanie Gebbie préfère ne pas y penser. « Si j’étais millionnaire, je les déménagerais en Australie. Mais je leur trouverai une maison adéquate, en étant très sélective sur leur nouvelle famille », commente la Tasmanienne.