L’histoire de cette semaine est celle de Bella, une jolie cockatiel de quatre ans que j’ai eu à examiner récemment pour un problème de bec trop long. Ses propriétaires ne sont en sa possession que depuis environ un an.
L’examen confirme que son état de santé est autrement très bon. Des pieds à la tête, il n’y a rien de spécial à signaler, ne serait-ce qu’un léger embonpoint. Le bec est, comme on le mentionnait plus tôt, vraiment très long.
Normalement, un bec n’a pas besoin d’être taillé, mais dans ce cas-ci, il devenait urgent d’intervenir. Le maxillaire (ou la partie du haut) est plus facilement taillé si on garde le bec de l’oiseau fermé. Cela prévient les blessures à la langue de l’oiseau et empêche l’oiseau de mordre.
Pour tailler la mandibule (ou la partie du bas), il faut absolument être deux personnes. Une personne utilisera une ouvre-bec qui est en fait une sorte de spéculum qui maintiendra le bec ouvert pendant la procédure et empêchera du même coup l’oiseau de venir mettre sa langue au niveau de la zone de travail.
Manoeuvre
Un outil de type «cutter» sera utilisé pour ni plus ni moins couper le plus gros de l’excédent de kératine du bec. Par la suite, la finition sera effectuée avec une lime rotative comme une «Dremel». L’important dans cette dernière manœuvre est de s’assurer que le bec demeure, quoi qu’il advienne, toujours symétrique.
Si ce dernier était malheureusement taillé plus court sur la droite ou sur la gauche, cela ferait dévier sa croissance et le problème qu’on voulait corriger pourrait n’être que pire dans le futur.
Il faut savoir que cette procédure n’est pas douloureuse pour l’oiseau. En effet, le bec n’est principalement constitué que de kératine, un peu comme de la corne, et que cela est tout à fait inerte, aucun nerf ne s’y trouve. Par contre, il arrive parfois que la partie de chair pousse à l’intérieur d’un bec trop long (comme il survient pour un chien avec des griffes trop longues) et que lors de la taille, cette partie se trouve impliquée et saigne légèrement. À ce moment, il y a surement un léger inconfort de la part de l’oiseau.
Explications
Mais qu’est-ce qui peut faire qu’un oiseau se retrouve un beau matin avec un bec trop long? Ou un bec croche? Dès l’œuf, des températures non appropriées dans l’incubateur et des techniques inadéquates de gavage suivant la naissance peuvent amener des problèmes de malocclusion qui affecteront la croissance du bec.
Viennent ensuite les accidents en tous genres (chutes et morsures) qui à court terme nécessiteront une immobilisation, mais qui, à plus long terme, vont risquer d’amener des problèmes de croissance de la partie cornée du bec.
Ce que je constate le plus souvent, ce sont des problèmes de croissance du bec associés à la maladie. Il y a bien évidemment Knemidokoptes sp, la fameuse mite de bec et des pattes, qui non seulement génère des problèmes d’élongation, mais aussi de déformation du bec. Généralement, lors d’une consultation pour ce type de problème, on arrive à mettre en évidence au microscope quelques mites qui convainquent rapidement les propriétaires sur la cause du problème de leur oiseau. L’autre maladie que je rencontre est associée à une pathologie du foie. C’est plus difficile à expliquer aux propriétaires parce qu’il n’y a pas encore d’explications claires à leur offrir. Ce qu’on sait, c’est que lors de maladie hépatique, le bec a tendance à trop pousser
Malocclusion
Pour ce qui est de Bella, on suspecte une très légère malocclusion vers la gauche. Si c’est le cas, avec quelques tailles, on arrivera peut-être à régler le problème. Mais comme elle a quatre ans et qu’elle est un peu grasse, l’avenir nous dira si nous devons plus suspecter un problème de foie. En cas de doute, des recommandations sur sa diète ont déjà été effectuées, juste au cas…
Vous pouvez rejoindre mon équipe de la Clinique vétérinaire Mont-Saint-Grégoire et moi-même par téléphone au 450 347-7070.