D’Oñati, que nous vous avons présentée la semaine dernière, nous revenons plus près de la mer, à Bilbao, capitale de la province de Biscayne, au Pays basque, en Espagne. Nous voulons visiter le musée Guggenheim.
Bilbao, c’est une grosse ville de plus de 350 000 habitants dans une agglomération de près d’un million. Nous n’avions aucunement l’intention de séjourner à Bilbao car nous avions en tête sa réputation d’une ville polluée par ses industries: la métallurgie, la sidérurgie et les chantiers maritimes. Quelle erreur ! La chenille grise s’est métamorphosée en papillon magnifique.
Que s’est-il passé? Frappée par le déclin de sa population, presque 25% entre 1981 et 2003, elle mobilisa les intervenants pour lancer, en 1989, un vaste plan de revitalisation urbaine misant sur l’innovation, la connaissance et le développement. Les activités économiques à haute valeur ajoutée sont privilégiées tout en maintenant un cadre de vie harmonieux pour les entreprises et la population.
Le dépôt de la candidature de Bilbao, retenue pour l’établissement du musée Guggenheim, initia et devint l’axe moteur de la métamorphose. Toute restauration ou développement nouveau devait rencontrer de hauts niveaux de qualité architecturale.
Frank Gehry
La conception du musée fut confiée à l’architecte canado-américain, Frank Gehry, considéré comme l’un des plus importants de sa génération. Il s’inspira de l’histoire de la ville pour proposer un ensemble architectural faisant le lien entre la ville, ses industries et son fleuve, le Nervion. Le musée se dresse à l’emplacement de l’ancien port de la ville qui fut déplacé une dizaine de kilomètres plus loin, plus près de la mer.
Oeuvres
En fait, la première œuvre du musée, c’est le musée lui-même occupant une surface de 35 000 mètres carrés. Le bâtiment impressionne: cinquante mètres de haut, entouré d’eau, avec de gigantesques sculptures disposées autour.
Évoquant la forme d’un bateau planant au-dessus de la mer – on dit aussi une gigantesque sirène – le titane et le verre lui donnent un éclat et une luminosité incroyables. Les plaques de titane sont disposées un peu comme des écailles de poisson ondulant avec la forme de la structure.
Un pont majestueux, au bout d’une des artères principales de la ville, nous y conduit directement. Si vous venez à Bilbao, sans le chercher, vous le trouverez, les rues vous y emmènent tout naturellement.
Quant aux œuvres exposées, si vous êtes un fan d’art contemporain, vous vous régalerez assurément. Pour le commun des mortels, dont nous faisons partie, disons qu’il faut ouvrir grand son esprit pour apprécier. L’audioguide, disponible en français, explique longuement chacune des œuvres. On se demande toujours pourquoi tant d’explications. Peut-être parce que les œuvres ne parlent pas d’elles-mêmes.
Parmi les œuvres que nous qualifions de «spéciales», c’est-à-dire qu’on a moins appréciées, mentionnons l’araignée géante, 11,5 mètres de haut, de Louise Bourgeois, intitulée «Maman». Une autre, dont nous avons oublié le titre, est composée de fils électriques tombant du plafond avec des ampoules rondes blanches, avec la mention que le spectateur peut les déplacer à sa guise pour compléter l’œuvre. Il y a aussi l’immense tarte au chocolat et la chemise blanche avec cravate bleue faite de mousseline armée de fils de fer, peinturé à l’émail.
La plus grande salle présente une seule œuvre, de Richard Serra. Elle est composée de cinq ou six gigantesques panneaux de métal oxydé, tous arrondis, spiralés, courbés dans des arcs différents, d’une hauteur de trois mètres, d’une longueur entre 25 et 50 mètres, dans lesquels et entre lesquels on circule. Elle est intitulée «La matière du temps». On n’est pas sûrs d’avoir compris tout le chapitre, mais ça parlait du temps que ça prend pour en faire le tour et du temps que l’expérience nous reste en mémoire.
D’un autre côté, le «Puppy» et les «Tulips» de Jeff Koons exercent une certaine fascination sur tous les visiteurs. Le «Puppy» est assis à l’extérieur du musée. Il mesure douze mètres de haut. C’est un gigantesque chien couvert d’herbes et de fleurs multicolores. À l’extérieur aussi, les «Tulips», de métal lisse, aux couleurs éclatantes, reposent, couchées sur le sol, tellement lisses, tellement brillantes qu’on voudrait les caresser.
Allez-y
Si vous voyagez dans la moitié nord de l’Espagne, Bilbao et son musée méritent la visite. Même si l’art contemporain vous semble difficile d’accès, vous resterez marqués par l’expérience vécue, en découvrant ce musée grandiose et ses 2500 œuvres, cette ville métamorphosée, son fleuve tranquille, ses rues magnifiques et ses édifices à l’architecture remarquable.
Le musée de Bilbao reçoit un million de visiteurs par année et, selon les estimations gouvernementales de la région basque, aurait généré 4500 emplois. Il compterait pour plus de 1,57 milliard d’euros dans l’économie. Cette planification valut à Bilbao le prix du meilleur projet urbain du monde.
Musée Guggenheim
• Ouverture: 1997
• Coût: 150 millions €
• Retombées: 1,57 milliard €
• 4500 emplois