La dyslexie et le TDAH chez les cégépiens en cause?

Par Anne Ammerlaan

ÉDUCATION. Une récente étude réalisée par Isabelle Cabot, enseignante au Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu, révèle que la moitié des 155 étudiants qui ont participé à la recherche serait atteint d’un trouble d’apprentissage. Des statistiques à la fois troublantes et source d’espoir sur les difficultés qu’éprouvent certains collégiens à réussir leur cours de français.

«Je suis poche». «Je travaille fort, mais ça ne donne rien». Ces deux phrases, Isabelle Cabot, professeure de psychologie au Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu les a entendues souvent. Et chaque fois, ça la dérangeait. 

Soupçonnant le contraire, la docteure en psychopédagogie a décidé d’entamer une étude exploratoire. Son objectif était d’examiner la prévalence de facteurs de risque du trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et de dyslexie chez les étudiants inscrits au cours de Renforcement en français (REF).

Ses conclusions, publiées dans Dyslexie et TDAH non diagnostiqués, et autres types de risques : mieux connaître les collégiens ayant des difficultés à réussir en français, sont saisissantes.

Au total, six groupes-classes ont participé à l’étude. Parmi les collégiens inscrits en REF, 50% seraient dépistés comme atteints d’un TDAH, de dyslexie, ou des deux. «C’est une catastrophe!» s’exclame Isabelle Cabot.

Parmi ces 155 étudiants, 32% ont rapporté un risque moyen ou élevé d’être aux prises avec une dyslexie, par rapport à 31 % pour le TDAH.

«Je ne veux pas savoir…»

L’absence d’un diagnostic est un autre fait saillant de l’étude. Parmi les étudiants ayant un risque élevé, 86% des potentiels dyslexiques et 69% de ceux ayant possiblement un TDAH ne se sont jamais fait diagnostiquer.

Un tiers des participants a d’ailleurs refusé d’être informé de leurs propres résultats aux tests de dépistage. Isabelle Cabot y voit là une autre raison pour laquelle les étudiants n’obtiennent pas une aide adéquate. «C’est menaçant pour l’estime personnel», avoue-t-elle.

Néanmoins, elle assure qu’être aux prises avec un problème d’apprentissage n’est pas pire qu’un autre handicap. «Une personne myope qui porte des lunettes réussit à voir clair. Une dyslexie, c’est neurologique. Un TDAH, c’est chimique. Ça se traite», rappelle la docteure.

Rien à voir avec la paresse!

En l’absence d’un diagnostic, les dommages continuent. «Ils se font dire qu’ils sont paresseux ou qu’ils manquent de motivation, alors que c’est tout le contraire», insiste l’enseignante en psychologie.

«Lorsqu’ils sont suivis, ils obtiennent les mêmes taux de réussite que les étudiants sans difficultés d’apprentissage», fait-elle remarquer.

Au Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu, différentes mesures existent pour favoriser la réussite. Entre autres, l’accord de 50% plus de temps pour les examens et la possibilité de s’isoler dans un local silencieux pour la durée de celui-ci.

Le hic, c’est qu’il faut être diagnostiqué atteint de l’un ou l’autre des troubles pour y avoir accès. «Au niveau administratif, je comprends que les cégeps ne peuvent pas accompagner tout le monde, mais au niveau éthique, il faut trouver des solutions», croit la docteure.

Il est possible de contacter un conseiller en services adaptés au local D-133 du Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu, ou au 450 347-5301, poste 2409 ou au adaptation.scolaire@cstjean.qc.ca.

La dyslexie et le TDAH

La dyslexie est un trouble persistant de l’acquisition et de l’automatisation de la lecture. La personne peut lire un texte sans toutefois saisir le contenu.

Le TDAH est un trouble qui rend difficile la concentration. La moindre distraction, comme une chaise qui se déplace ou le bruit d’un moteur, peuvent rendre la tâche impossible.

 

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