Malgré l’autorisation de rassemblement intérieur public de 50 personnes et moins annoncée lundi, il faudra encore s’armer de patience avant de s’asseoir dans une salle de spectacle de la région. Les portes du Cabaret-Théâtre du Vieux-Saint-Jean et du Théâtre des Deux Rives resteront fermées, confirme le directeur général de la SPEC du Haut-Richelieu, Guy Boulanger. «À court terme, avec la possibilité d’accueillir 50 personnes, ce n’est pas viable financièrement», soutient-il.
Même s’il accueille favorablement ces nouvelles directives, Martin Cambria, le directeur général de la coopérative artistique art[o], admet qu’il pas encore décidé s’il reprendra la tenue de spectacles prévus à la programmation. Les règles de distanciation actuelles permettent à la coopérative d’accueillir un maximum de 16 personnes.
«Il faut revoir la programmation au complet. Est-ce que les artistes sont disposés à se produire devant tout au plus 12 personnes? Sont-ils disponibles? Y a-t-il de l’intérêt du public?», questionne-t-il. Il dit concentrer davantage ses efforts vers les arts visuels.
Cinéma
Du côté du cinéma Capitol, le porte-parole de Cineplex, Daniel Séguin, accueille favorablement la nouvelle, mais indique que la priorité de l’entreprise demeure la sécurité des employés et des cinéphiles. «Nous examinons à présent ce qui a été annoncé pour les réouvertures au Québec afin de déterminer ce que cela signifie pour nos cinémas. Je ne peux donc rien confirmer pour l’instant», s’est-il contenté de répondre.
L’entreprise qui exploite des salles de cinéma à travers le pays a par ailleurs confirmé par communiqué qu’elle comptait relancer graduellement ses activités avec l’ouverture de six cinémas en Alberta dès le 26 juin. La société espère par la suite rouvrir le plus de salles possible à partir du 3 juillet. La bannière prévoit que la réservation de sièges sera nécessaire pour toutes ses salles afin de respecter la distanciation sociale.
Problème reporté
Rappelons que le gouvernement Legault a donné le feu vert aux salles de spectacles et de cinémas en respectant une capacité maximale de 50 personnes. La distanciation sociale a été réduite à 1,5 mètre dans les endroits où les spectateurs seront assis, mais une distance de deux mètres devra continuer d’être observée dans les aires d’accueil.
«C’est une façon pour le gouvernement de nous remettre entre les mains le problème, croit M. Boulanger. De dire ouvrez vos salles mais respectez ces conditions-là, c’est comme de nous dire de garder nos salles fermées même si eux nous ont dit qu’on pouvait les rouvrir.»
Au-delà de l’enjeu de la rentabilité, le diffuseur se questionne à savoir si l’expérience des visiteurs serait tout de même positive dans ces conditions. Il indique que celles-ci ne permettent pas d’offrir un service de bar ou un entracte. C’est sans compter la gestion des salles de bain qui pose également problème. De plus, l’ambiance risque d’être plutôt froide dans une salle de l’ampleur du Théâtre des Deux Rives pratiquement vide.
«Je ne sais pas si en quelque part en faisant ça on ne se tire pas dans le pied en fait, se questionne M. Boulanger. Les gens vont-ils vouloir payer pour revivre une expérience comme ça? Je ne suis pas certain.»
Automne
Le gestionnaire de la SPEC, qui gère également la salle du Pôle culturel de Chambly, estime qu’il faudrait autoriser au minimum une capacité de 200 personnes pour permettre la tenue de spectacles en salle.
Malgré tout, il serait difficile pour le diffuseur de penser à une ouverture avant l’automne puisqu’il faut reconstituer les équipes et former celles-ci aux nouvelles réalités.
C’est sans compter que l’organisme à but non lucratif devrait remonter une programmation et en faire la promotion pendant l’été. Depuis le début de la pandémie, l’organisme a dû annuler 43 représentations de matinées scolaires, en plus d’une dizaine de spectacles, principalement de théâtre et de musique. Une cinquantaine de soirées prévues cet été ont aussi été reportées à une date ultérieure.
La SPEC garde espoir que les mesures s’assoupliront d’ici l’automne s’il n’y a pas de deuxième vague. D’ici là, elle réfléchit à la possibilité de présenter des événements en téléprésence. Guy Boulanger confirme d’ailleurs que les salles de spectacle sont déjà équipées pour retransmettre des spectacles en direct. «Si on s’en va en diffusion numérique, c’est sûr qu’il va y avoir des répétitions, que l’éclairage sera amélioré, précise-t-il. C’est l’avenue la plus porteuse à ce moment-ci.»