Avec son dixième album en carrière, le Vent du Nord a voulu explorer d’autres territoires. Ceux, géographiques, où ses membres ont vécu ou qu’ils chérissent, et ceux, imaginaires, qui les ont habités. D’ailleurs, le groupe s’apprête à explorer de nouvelles frontières avec une tournée qui le fera voyager tant en Europe qu’aux États-Unis.
«Ce sont tous les territoires qu’on peut imaginer, explique Nicolas Boulerice qui chante et joue de la vielle à roue. Il y a les territoires de l’enfance, de l’amour, ceux qu’on a visités avec le Vent du Nord, ceux d’où l’on vient parce que nous sommes cinq et que l’on vient de régions différentes. Nous avons voulu attaquer les territoires avec tout ce que ça peut comporter.»
Quintette
Ce dixième opus en 17 ans d’activités marque aussi un tournant dans l’histoire de la formation. C’est le premier album enregistré à cinq paires de mains alors que le groupe a accueilli un nouveau membre, le violoniste originaire de Lacolle Alain Brunet. Auparavant membre de la formation De Temps Antan, le musicien a rejoint la bande de son frère Réjean au cours de la tournée Solo que les deux collectifs ont réalisée ensemble.
«André, c’est quelqu’un qui prend de la place, qui a une énergie débordante, explique Nicolas Boulerice, originaire de Saint-Jean-sur-Richelieu. Je pense que c’est vraiment une caractéristique de ce disque-là, raconte Nicolas. Il y a vraiment la signature d’André qui s’ajoute à la nôtre. Sa fougue nous a apporté quelque chose de neuf.»
Musicalement, cette venue a ajouté de nouvelles avenues pour la formation. La présence d’une cinquième voix au sein d’harmonies, que le groupe affectionne particulièrement, prend tout son sens. L’ajout d’un second violon permet également aux musiciens de laisser entendre un son de quatuor à cordes. «Il y a un son qui a changé, qui est toujours le Vent du Nord, mais on a bifurqué vers quelque chose de plus moderne», constate le multi-instrumentaliste.
Toujours engagés
Avec cet album, le quintette explore tant l’enfance et l’amour que son attachement pour ses régions d’origine ou son histoire. Si le groupe n’a pas hésité à se replonger dans l’histoire pour offrir cette nouvelle création, certains des thèmes qu’il aborde demeurent encore criants d’actualité.
«Souvent, quand j’écris sur le passé, je me rends compte à quel point c’est la même affaire, constate Nicolas Boulerice qui signe ici trois compositions. On a les mêmes désirs, les mêmes craintes.»
Ce parallèle est particulièrement visible dans la première chanson Le rêve de Samuel, consacrée à l’utopie que caressait Champlain d’une nation laïque où Amérindiens et Européens vivraient en harmonie.
«Il a insufflé quelque chose à cette Amérique française-là qui est restée très longtemps vivante, note-t-il. On a tendance à parler des erreurs des derniers 100 ans qu’on a faites avec les Amérindiens comme si c’est comme ça qu’était né notre pays, mais ce n’est pas vrai. On a fait des erreurs et il ne faut pas s’en cacher, mais les ponts ont été très puissants. On avait quelque chose d’unique au monde. Ça fait réfléchir avec ce qui se passe aujourd’hui.»
Rivère Richelieu
On y retrouve aussi un peu de la région avec une chanson que Nicolas Boulerice a composée en l’honneur du Chaousaro, la bête du lac Champlain, inspirée d’une légende racontée par Thomas Hodgson. C’était pour le groupe une façon de faire une place au Haut-Richelieu qui a vu grandir trois des membres du Vent du Nord.
«Ça m’a inspiré cette chanson-là qui est un mélange de la vraie bête amérindienne et de la vision de Thomas Hodgson et Françoise Dancause. Je trouve ça formidable d’imaginer que cette bête-là à la longue gueule de crocodile fasse naître la rivière Richelieu. Ça donne à réfléchir sur cette rivière-là qui a été habitée avant nous.»
En tournée
Le groupe s’apprête à reprendre la route avec la nouvelle tournée qui devrait s’amorcer dès la mi-mars. Le tour de chant devrait notamment les conduire un peu partout dans le monde, puisqu’ils ont déjà des spectacles prévus en France, en Angleterre et aux États-Unis. D’ailleurs, le musicien s’amuse de constater que la plupart des prestations seront faites en anglais. «C’est le fait qu’on chante en français une musique identitaire qui nous a donné cette carrière-là», estime-t-il.