Soixante-trois voies de fait contre des policiers depuis 2020 à Saint-Jean

Valérie Legault
vlegault@canadafrancais.com

Soixante-trois voies de fait contre des policiers depuis 2020 à Saint-Jean
« Les interventions de routine n'existent plus, affirme Stéphane Bélanger, directeur du Service de police de Saint-Jean-sur-Richelieu. À chaque intervention, le policier doit être sur ses gardes. » (Photo : (Photo Archives - Jessyca Viens-Gaboriau))

Les voies de fait commises contre des policiers sont à la hausse partout au Québec. L’Association des directeurs de police du Québec (ADPQ) a dévoilé pour la première fois cette semaine des statistiques inédites sur le nombre d’événements commis entre 2020 et 2022. À Saint-Jean-sur-Richelieu, 63 policiers ont été pris pour cible durant cette période.

La plupart de leurs assaillants utilisent la force physique, tandis qu’une minorité passe à l’acte avec ce qui lui tombe sous la main, comme une bouteille de verre, un briquet ou une bonbonne de répulsif à ours.

Le Service de police de Saint-Jean-sur-Richelieu rapporte 15 voies de fait en 2020. Leur nombre a bondi à 27 l’année suivante, puis est revenu à la baisse avec 21 cas en 2022. Aucune n’a été commise avec une arme à feu.

Six par jour

Dans l’ensemble de la province, pas moins de 2286 policiers ont subi une voie de fait durant l’exercice de leurs fonctions en 2022, révèle l’ADPQ. C’est donc 190 policiers par mois, ou six par jour, qui ont été victimes de violence physique à divers degrés.

« Un événement, c’est un événement de trop, souligne le directeur du Service de police de Saint-Jean-sur-Richelieu, Stéphane Bélanger. Nos policiers sont formés pour faire baisser la tension, mais il y a toujours une partie qu’on ne peut pas prévenir. Notre objectif principal consiste à réduire le nombre de voies de fait ainsi que leur gravité. »

Le vice-président de l’ADPQ et chef de police de la Ville de Québec, Denis Turcotte, s’inquiète de cette tendance. « Lorsqu’un individu commet une voie de fait contre un policier, il envoie non seulement un message de non-respect de la fonction policière, mais également des lois qui encadrent notre société. »

Témoignage

En divulguant ses chiffres, l’ADPQ souhaite mieux faire connaître le quotidien des agents de la paix, faire découvrir l’humain derrière l’uniforme et augmenter la fierté des troupes. Pour étayer ses propos, l’Association a mis en ligne le récit d’un agent de la paix qui a essuyé 183 coups de feu dans une affaire de violence conjugale.

Plusieurs facteurs pourraient expliquer la hausse des voies de fait, selon l’ADPQ. L’augmentation de la violence armée et des clientèles vulnérables, la banalisation de la violence via les médias sociaux et la postpandémie en sont des exemples. « Les interventions de routine n’existent plus, affirme Stéphane Bélanger. À chaque intervention, le policier doit être sur ses gardes. »

L’augmentation fulgurante des appels en lien avec des problèmes de santé mentale ne serait pas étrangère au phénomène. « Ça a un impact sur le nombre de crimes en général, incluant ceux envers les policiers », avance M. Bélanger.

Travail social

Des équipes mixtes d’interventions psychosociales et policières de proximité contribueraient à stopper ce phénomène, croit l’ADPQ. Le Service de police de Saint-Jean-sur-Richelieu a la chance de pouvoir compter sur les deux.

«Enfin, nous croyons que le déploiement des caméras portatives, tant attendu de la part des citoyens et des policiers, représente une solution intéressante», ajoute Didier Deramond, directeur général de l’ADPQ.

Reste à savoir si ces instruments sont prioritaires. Tout est une question de budget. « Il faut se demander si nous en avons la capacité financière. Les caméras sont une chose. C’est toute la mécanique derrière les images qui coûte cher, souligne Stéphane Bélanger. Si on me demande de choisir entre des caméras ou des policiers, je vais prendre l’humain avant la technologie. »

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