L’interdiction de l’utilisation des poissons-appâts vivants en hiver pourrait porter un coup fatal à l’entreprise de Jonathan Rondeau, lequel distribue des millions de menés dans la région depuis une vingtaine d’années.
«La pêche, c’est toute ma vie. C’est ma business. C’est mon revenu. C’est ce qui nourrit ma famille.»
L’entrepreneur du Haut-Richelieu ne décolère pas depuis une semaine. Il savait que le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs avait l’intention de resserrer ses règles en matière de pêche sportive, mais il espérait qu’il conserverait les poissons-appâts vivants pour la pêche sur glace.
«Cette annonce a pris tout le monde par surprise. Même les Fédérations de pêche n’avaient pas été mises au courant de cette décision», commente l’homme de 37 ans.
Pourtant, Québec avait annoncé ses couleurs en 2012 lorsqu’il a interdit la pêche aux menés vivants à l’été. Dès lors, on parlait de l’étendre à l’année, à partir de 2017.
Avec le resserrement des règles, le Ministère permettra uniquement l’utilisation de poissons-appâts morts en saison hivernale.
La fin de la pêche sur glace?
Malgré cette ouverture, Jonathan Rondeau craint que cette décision sonne le glas de la pêche sur glace. «Je prévois la fin d’ici deux ans. L’an prochain, les gens iront essayer les menés morts. Ils n’auront pas de bonnes pêches et ils ne reviendront pas l’année suivante», pense-t-il.
Il anticipe une baisse de 85% de son chiffre d’affaires. Il estime que sa compagnie ne sera plus rentable à court terme.
«De 2012 à 2017, j’ai perdu 75% de mes ventes à l’été même si les menés morts étaient encore autorisés, souligne celui qui est propriétaire des Appâts Rondeau. Cela a coupé net nos affaires.»
«Le poisson-appât doit être vivant à l’hiver, ajoute-t-il. Sinon, dès que tu bouges la brimbale, la chair se détache et cela ne fonctionne pas.»
Resserrer les règles
Jonathan Rondeau estime que les mesures du gouvernement sont trop drastiques et privilégie plutôt un meilleur encadrement de la pratique. Rappelons que le Ministère craint l’introduction d’espèces envahissantes dans ses cours d’eau, notamment les jeunes carpes asiatiques qui peuvent être confondues avec les poissons habituellement choisis comme leurres.
«Mon permis m’autorise à quatre espèces de menés. Nous faisons un premier tri sur la rivière à la puise, puis un autre en entrepôt. Je suis prêt à garantir à 100% mes poissons, quitte à subir plusieurs inspections par année et m’exposer à des amendes importantes», avance celui dont les appâts viennent majoritairement du lac Champlain et du Richelieu.
L’entrepreneur souligne toutefois un problème majeur. «Il y a beaucoup de peddlers qui vendent leurs prises au noir. Ils les attrapent au filet et ne font aucun tri. C’est eux que le Ministère doit poursuivre», croit-il
Pétition
Le 8 mars, Jonathan Rondeau a joint sa voix aux pourvoyeurs qui ont dénoncé ces nouvelles mesures, lors d’une conférence de presse tenue à l’Association de Chasse et Pêche de Contrecoeur.
Il demande à Québec de revenir sur sa décision, afin d’assurer la pérennité de la pratique de la pêche blanche. Une pétition pour appuyer cette démarche a été mise en ligne sur le site de l’Assemblée nationale.