Juge projetant une image de sérénité, musicien de jazz se produisant dans les plus belles salles du Québec avec son groupe EnPortée Jazz, météorologue qui diffuse ses prévisions auprès d’un cercle d’initiés, Pierre-Armand Tremblay est tout cela à la fois. Rencontre avec un Johannais qui se passionne pour les systèmes météo, ces forces de la nature qui le fascinent.
«Quand j’observe un système qui draine de l’air jusqu’au Mexique, ça m’impressionne», expose Pierre-Armand Tremblay, assis devant son ordinateur. Le magistrat ne jure que par les cartes météo fournies par la National Oceanic and Atmospheric Association (NOAA). «Je ne vais jamais voir les prévisions canadiennes et je me base exclusivement sur les modèles américains», expose-t-il. Les images se succèdent à l’écran, avec leurs taches de couleur de température et leurs données brutes. Déjà, il voit que dans deux jours, soit vendredi dernier, «la neige va être fatigante pour l’heure de pointe en avant-midi». Prévision ô combien avérée!
Oracle de la météo
Pierre-Armand Tremblay analyse la circulation de l’air à différentes altitudes et les masses de froid qui se déplaceront sur les deux prochaines semaines. Le matin, il consulte les dernières images de la NOAA, supputant les déplacements des vents et des précipitations, avant de produire son bulletin Météoracle. Au début, une vingtaine d’amis attendaient de ses nouvelles. Maintenant son cercle d’initiés s’est élargi à un millier d’abonnés, et ses prévisions atteignent Ottawa, Montréal, Sherbrooke, Québec, Saguenay, Rimouski. Fidèle au poste depuis sept ans, le mercredi 12 février, il en est à sa 2353e parution. Le tout est écrit dans un style décontracté et sympathique.
Ainsi il annonce: «On pourrait passer le cap du zéro pour 2 ou 3 jours à compter de mardi prochain le 18. Ce n’est pas une ?canicule’, mais c’est mieux que rien.» Le tout est accompagné de cartes et de photos qui donnent le goût de s’abonner, mais, trop tard, il ne peut prendre davantage de clients.
Du pilotage à la météo
Cet engouement pour la météo lui est venu alors qu’il suivait des cours de pilotage dans les années 1980, à Saint-Jean. «On comprend que la météo compte pour le tiers ou la moitié du cours de pilotage. Comme il fallait faire de la vrille et que j’en reportais toujours le moment, j’ai compris que si j’avais la chienne de faire de la vrille, je ne serais pas un bon pilote.» Mais la passion pour la météo lui est restée, même s’il s’intéresse davantage aux prévisions à moyen terme qu’au temps qu’il fera demain.
C’est d’abord le musicien en lui qui a voulu savoir le temps qu’il ferait. «Ce que je n’aimais pas de la météo à la télé, c’est qu’elle ne va pas au-delà de deux jours. Et les icônes de pluie ne nous disent pas qu’il va pleuvoir peut-être pendant deux heures seulement. Moi, à l’époque, je voulais savoir l’heure de début et l’heure de fin de la tempête. Je l’ai fait pour moi pendant des années, pour prendre la meilleure décision possible pour mes déplacements comme musicien et pour nos spectacles en plein air», expose-t-il.
Ce boulimique du travail raconte sa passion sur le ton de celui qui ne se prend pas au sérieux. «Je me considère comme un paresseux. Moi, j’ai de la misère à faire ce que je n’aime pas», avoue-t-il candidement. Si vous dites, Monsieur le Juge!
J’aimerais connaitre d’avance vos spectacles de jazz.