Partir à l’aventure: Une première semaine au large

Journal de la traversée, première semaine. Déjà une semaine sans ne rien voir d’autre que du bleu. Le bleu de l’océan, le bleu du ciel. Étrangement, je ne m’ennuie pas de la terre ferme.

Nous avons pris le large en direction des Marquises un samedi matin. Le ciel était ombragé, sans vent. Le capitaine a donc utilisé le moteur pour quitter la baie, croisant les doigts pour que la situation change rapidement.

Quatre heures plus tard, les vents atteignaient 20 nœuds et c’était à mon tour de prendre la barre. J’avais l’impression que le bateau allait s’envoler sous mes mains. Une sensation grisante. Une impression de liberté totale.

Ce soir-là, nous avons atteint une vitesse de croisière dépassant légèrement les 8 nœuds. Pour Jeff et moi qui sommes habitués de naviguer sur des voiliers très lents (Paladino dépassait rarement les 4 nœuds), c’est tout un changement.

Et surtout, c’est très prometteur. Environ 2800 miles nautiques nous séparent de notre destination. Si nous parvenons à maintenir une vitesse de 5 nœuds par heure, nous toucherons terre dans trois semaines.

La routine

Il nous a fallu quelques jours pour nous habituer à notre nouvelle routine. Elle consiste principalement à assurer nos quarts de travail, à se nourrir et à dormir.

Pour ma part, j’ai sauté la deuxième étape pendant les trois premiers jours. Voyez-vous, il semble que j’avais égaré mon pied marin quelque part entre San Diego et Manzanillo. Par chance, il n’était pas perdu à jamais.

Les quarts de travail sont d’une durée de trois heures. De jour comme de nuit, nous assurons une rotation entre Jeff, le capitaine et moi. Son épouse, qui est nouvelle dans le monde de la voile, s’occupe de cuisiner des plats nutritifs et délicieux.

Je n’envie pas sa position. C’est une tâche ingrate que de cuisiner sur un bateau que les vagues font tanguer dans tous les sens. Ajoutez à cela la chaleur des Tropiques et vous comprendrez mieux mon point de vue.

La compagnie se fait rare

Côté compagnie, nous avons croisé deux bateaux de pêche à près de 400 miles nautiques des côtes du Mexique. Selon notre capitaine, ils étaient à la recherche de thons. Très impressionnant de voir tout l’attirail déployer pour capturer ce poisson géant.

Cela va des immenses filets – qui malheureusement signent l’arrêt de mort des dauphins au passage et peuvent causer de sérieux dommages à un voilier – à l’hélicoptère qui permet de faire du repérage. Un seul poisson peut valoir jusqu’à 10 000$. Ceci explique cela.

Pour seule autre compagnie, nous avons les oiseaux. On se demande réellement d’où ils viennent. Nous sommes à plus de 1000 miles nautiques des côtes et ils continuent de survoler notre mât tous les jours.

Bien malgré nous, nous en avons d’ailleurs capturé un. Le pauvre a décidé de mordre à l’hameçon de la ligne de pêche que nous laissons en permanence dans l’eau. Nous avons réussi à le secourir. Il est reparti en volant.

Ce qui est cocasse dans cette histoire, c’est que nous avons seulement attrapé deux poissons au cours de la semaine. Deux mahi-mahi, la nourriture favorite des dauphins.

Et comment va Canela, le chien à bord? Elle se porte bien, même si elle a mis quelques jours à s’habituer aux mouvements du bateau. Tous les matins, je constate qu’elle s’ennuie de la terre ferme lorsqu’elle regarde à l’horizon, le regard triste.

La semaine prochaine, nous entrons dans la zone dangereuse du voyage alors que nous traversons l’Équateur, là où les vents convergent et les tempêtes se créent.

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