Une conseillère en éthique au CSSS

Par Christiane Dumont
Une conseillère en éthique au CSSS
Quand un conflit de valeurs surgit au sein de la famille d'une personne hospitalisée

Un patient souhaite vivre sa sexualité en institution, un autre veut mettre fin à son traitement de dialyse alors que ses enfants s’y opposent, une anorexique refuse la pesée malgré les inquiétudes du personnel. Au CSSS Haut-Richelieu – Rouville, la conseillère en éthique clinique, Catherine Rodrigue, peut aider usagers et intervenants à cheminer au milieu de valeurs qui s’entrechoquent.

«La sexualité, on commence de plus en plus à en parler alors que les babyboomers affluent dans les hôpitaux. C’est la génération du peace and love, et ils sont émancipés sur le plan sexuel», expose l’éthicienne.

Catherine Rodrigue rappelle que les demandes ayant trait aux besoins émotifs et sexuels peuvent heurter les valeurs des intervenants en milieu hospitalier. Elle donne pour exemple des couples homosexuels ou des transsexuels vieillissants qui veulent continuer à s’épanouir dans ce qui est devenu leur milieu de vie. Elle expose aussi que certains patients peuvent avoir besoin d’aide pour embarquer sur le lit et que les employés se demandent jusqu’où il faut les accompagner. D’autres encore, hospitalisés dans des chambres semi-privées, manquent d’intimité pour recevoir leur conjoint non hospitalisé. On le voit, les institutions et leur personnel sont confrontés à un nouveau contexte social auquel ils devront s’ajuster.

Le retrait d’un traitement

Autre question épineuse, celle du retrait de traitement. Parfois, les patients ne savent même pas s’ils peuvent le demander alors que leurs proches les implorent de poursuivre leur thérapie coûte que coûte.

Pas facile de trancher et, justement, Mme Rodrigue ne tranche pas. Elle se trouve en territoire neutre: elle ne se soumet pas au jugement clinique, et n’a aucun pouvoir décisionnel. Mais, explique-t-elle, «le fait d’être étrangère à la situation, de n’avoir aucun parti pris, c’est déjà aidant. Et on n’est pas obligés d’attendre que la chicane prenne ou en venir à une impasse avant de me consulter», avise-t-elle.

Lors d’une consultation, la conseillère cerne le dilemme en sondant les personnes intéressées –équipe médicale, famille, usagers. Elle éclaircit ensuite les notions juridiques et met à plat les valeurs de chacun tout en insistant sur le fait qu’il n’y a pas de vérité absolue.

Refuser la nourriture en purée

Mme Rodrigue se souvient du cas d’une patiente apte à prendre ses décisions. Comme elle avalait avec difficulté, on lui recommandait de s’alimenter en texture purée. La patiente souhaitait manger normalement, au risque de s’étouffer. Chez les intervenants, le malaise venait de l’appréhension de ne pouvoir la réanimer si elle s’étouffait. Avec l’appui du Service d’éthique, il a été convenu d’alimenter la patiente selon ses vœux, mais pas tout de suite, pour laisser le temps aux employés d’acquérir une formation spéciale en désobstruction. Et tout le monde y a trouvé son compte, estime l’éthicienne.

Aptitude à décider

Sous prétexte d’être traité en psychiatrie, le patient n’est pas nécessairement irrationnel, mentionne-t-elle. Elle relate le cas d’une femme anorexique qui revendiquait le droit de se soustraire à la pesée alors que les intervenants voulaient l’hospitaliser. Comme elle était dénutrie –elle pesait 75 livres–, on estimait que son jugement était altéré et que sa vie était en danger.

Dans la balance, il fallait tenir compte des échecs des interventions à répétition qui avaient détérioré le lien thérapeutique. Finalement, les intervenants ont respecté la demande de la patiente tout en augmentant la fréquence des suivis et des rencontres d’équipe. Cette solution convenait dans cette situation précise, expose Catherine Rodrigue, mais elle ne serait sans doute pas valable dans tous les cas de figure, avertit celle dont la vocation consiste à régler au mieux chaque situation particulière.

Pour se prévaloir du service d’éthique, communiquer avec Catherine Rodrigue au 450-358-2572, poste 8827, ou consulter le site Internet du CSSS Haut-Richelieu – Rouville, sous l’onglet À propos de nous.

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