Une petite écorcheuse, cette pie-grièche!

Par Denis Henri
Une petite écorcheuse, cette pie-grièche!
L'hiver

Que ce soit dans nos livres d’histoires ou encore dans certains épisodes télévisés dans lesquels figurent des animaux, il est souvent fait mention de la présence d’un oiseau que bien peu de gens pourraient décrire physiquement. J’ai nommé «la pie».

Qu’elle soit bavarde, espiègle ou voleuse, cet oiseau a toujours entretenu, du moins dans notre imaginaire, des rapports conflictuels avec l’être humain. On a qu’à relire l’album Tintin et les bijoux de la Castafiore, où un tel oiseau avait dérobé un objet précieux et brillant pour l’apporter dans son nid! Sauriez-vous vous souvenir de quel objet il s’agit?

Reconnaissable à sa longue queue ainsi qu’à son plumage en deux couleurs (d’où l’origine du mot «pie»), cet oiseau fait près de 50 centimètres de longueur. L’Amérique du Nord compte les deux tiers des espèces de pies de la planète.

Espèces

Bon, soyons honnête, il n’existe que trois espèces de pies à travers le monde. Il est donc assez facile d’en avoir deux sur trois! Seule la Pie d’Europe est absente de notre continent. Il  nous reste donc la Pie à bec jaune ainsi que la Pie d’Amérique, appelée aussi Pie bavarde.

Tenez-vous bien, car aucune espèce de pie ne peut nicher au Québec (même si une vingtaine d’observations ont été rapportées dans le passé). Seules deux espèces appartenant à une tout autre famille d’oiseaux (les Laniidés) peuvent être vues chez nous. Il s’agit des pies-grièches. Avez-vous déjà vu ce bourreau sanglant en action?

Pie-grièche

Des deux espèces de pies-grièches qui fréquentaient la province au début du siècle dernier, seule la Pie-grièche grise peut encore être observée régulièrement au Québec. En effet, la Pie-grièche migratrice, espèce en péril, a subi un tel déclin de sa population qu’on peut maintenant presque dire qu’elle est disparue du Québec. Il y a encore des populations dans l’ouest du continent, mais il faudra faire d’énormes efforts pour réintroduire l’espèce de nouveau au Québec.

Le problème, c’est que même si on réussissait à l’y implanter de nouveau, les habitats de l’époque (petits champs arbustifs) ont tellement été modifiés qu’elle ne pourrait plus survivre dans un contexte d’agriculture intensive.

Quant à sa cousine, la Pie-grièche grise, c’est seulement en hiver qu’il nous est possible de l’observer dans le Haut-Richelieu et dans tout le sud de la province.

Chance

J’ai moi-même eu la chance d’observer ce petit tyran venir chasser dans mes mangeoires d’oiseaux dans le secteur Saint-Athanase. Il ne faut surtout pas se fier à son apparence inoffensive, car derrière ce petit oiseau masqué, se cache un redoutable prédateur.

C’est d’ailleurs tout en haut d’un petit arbre, à la façon d’un petit faucon, que l’on peut repérer à distance ce petit carnivore scrutant les alentours à la recherche de sa prochaine victime.

L’été, les pies-grièches mangent de gros insectes, des amphibiens, ainsi que des petits mammifères et des oiseaux. L’hiver, notre pie-grièche grise ne consomme que des oiseaux et des petits mammifères. Comme elle n’est pas très bien équipée en pattes pour tenir et tuer ses proies, ce passereau utilise trois autres techniques pouvant se rapprocher des mœurs des temps médiévaux.

Elle empale ses victimes soit dans les longues épines présentes sur les aubépines, soit dans les bouts métalliques des fils barbelés ou les coince tout simplement entre une branche et le tronc d’un petit arbre. La victime immobilisée, il ne lui reste plus qu’à dépecer cette proie avec son bec fort muni d’un petit crochet au bout.

Écorcheuse

Voilà pourquoi on la surnomme souvent «la petite écorcheuse». On observe cet oiseau dans les champs arbustifs, dans les vergers et aux abords des mangeoires d’oiseaux. Soyez attentif, une pie-grièche ira possiblement vous rendre visite un de ces jours!

Sur ce, je vous souhaite une très heureuse période des fêtes et surtout, profitez de cette période de congé pour aller faire des randonnées à l’extérieur. Bonnes observations et à l’an prochain!

N’hésitez pas à me contacter par courriel à henri.denis@sepaq.com

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