En plus des interrogations à savoir si le président Joe Biden doit rester dans la course de 2024, les troubles au sein du parti démocrate s’intensifient alors que les membres se demandent si la vice-présidente Kamala Harris doit être la prochaine en lice pour le poste ou si une «mini primaire» doit être rapidement lancée avant la convention du parti en août.
Kamala Harris a participé à un premier événement de financement de la campagne samedi à Provincetown, dans le Massachusetts, et a reçu un appui de la part de l’éminente sénatrice démocrate de l’État, Elizabeth Warren. Celle-ci a déclaré avant la visite que si Joe Biden devait se retirer, sa vice-présidente était quant à elle «prête à intensifier ses efforts».
Lors de l’événement, qui, selon les organisateurs, a permis de récolter 2 millions $ et a réuni 1000 invités, Mme Harris n’a pas mentionné les appels lancés à Joe Biden pour qu’il quitte la course ou pour qu’elle le remplace, répétant à la place l’une de ses lignes de campagne habituelles. «Nous allons gagner cette élection», a-t-elle martelé.
«Croyons-nous à la liberté ? Croyons-nous à l’égalité ? Croyons-nous à la promesse de l’Amérique ? Alors sommes-nous prêts à nous battre pour cela ? a-t-elle demandé à une foule enthousiaste. Quand nous nous battons, nous gagnons.»
Mais placer Mme Harris en tête de liste, ce qui serait un moment historique pour le parti élevant la première femme, noire et personne d’origine sud-asiatique, comme candidate à la présidentielle, n’est pas du tout certain. Les responsables des plus hauts rangs, dont la présidente émérite, Nancy Pelosi, préfèrent un processus ouvert, certains estimant que cela donnerait la force nécessaire au candidat démocrate pour affronter le républicain Donald Trump.
«Si vous pensez qu’il existe un consensus parmi les gens qui veulent que Joe Biden parte… qu’ils soutiendront Kamala, la vice-présidente Harris, vous vous trompez», a lancé cette semaine la représentante Alexandria Ocasio-Cortez dans une publication largement débattue sur les réseaux sociaux.
Partir ou rester
Avec les délibérations rendues publiques, les démocrates prolongent un moment extraordinaire d’incertitude et de bouleversements.
Joe Biden, malgré une semaine de campagne, d’entrevues et d’insistance sur le fait qu’il est le meilleur candidat pour affronter Trump dans une revanche, n’a pas réussi à apaiser le tumulte. Les démocrates sceptiques doutent qu’il puisse conserver la Maison-Blanche après ses échecs lors du débat du mois dernier, et craignent qu’il n’emporte avec lui les espoirs de contrôle du parti sur le Congrès.
Samedi, le représentant Mark Takano, le plus haut démocrate de la commission des anciens combattants de la Chambre, a ajouté son nom à la liste d’une trentaine de démocrates au Congrès qui disent qu’il est temps pour M. Biden de passer le flambeau.
D’autres législateurs devraient s’exprimer dans les jours à venir. Les donateurs ont exprimé leurs inquiétudes.
Depuis sa maison de plage du Delaware, M. Biden, 81 ans, s’isole après avoir contracté la COVID-19, mais aussi politiquement avec un petit cercle de famille et de proches conseillers. Le médecin de la Maison-Blanche, Kevin O’Connor, a déclaré samedi que les symptômes du démocrate s’amélioraient, mais qu’il restait en proie à une toux sèche et à un enrouement.
L’équipe du président a insisté sur le fait qu’il était prêt à reprendre la campagne la semaine prochaine pour contrer ce qu’il a qualifié de «vision sombre» présentée par Trump.
«Ensemble, en tant que parti et en tant que pays, nous pouvons et allons le vaincre aux urnes», a soutenu M. Biden dans un communiqué vendredi.
Mais en dehors de l’enclave de la maison de plage, les débats et les passions s’intensifient.
L’idée d’une «mini primaire» soulevée
Très peu de législateurs démocrates qui militent pour le départ du président ont mentionné Kamala Harris dans leurs déclarations.
La représentante Zoe Lofgren de Californie, une alliée de Nancy Pelosi qui a appelé le dirigeant à se retirer, a déclaré vendredi sur MSNBC qu’organiser une sorte de «mini-primaire» qui inclurait la vice-présidente actuelle était logique.
Les sénateurs démocrates Jon Tester du Montana et Peter Welch du Vermont ont tous deux appelé Joe Biden à quitter la course et ont avoué qu’ils seraient favorables à un processus de nomination ouvert à la convention.
D’autres démocrates affirment qu’il serait politiquement impensable de passer à quelqu’un d’autre que Mme Harris, et irréalisable sur le plan logistique avec un vote de nomination virtuel prévu au début du mois prochain, avant l’ouverture de la convention démocrate à Chicago le 19 août.
L’impasse sur l’avenir politique de Biden est devenue de plus en plus intenable pour le parti et ses dirigeants, à un mois de cette convention qui devrait être un moment unificateur pour désigner leur président sortant pour affronter Donald Trump.
On ne sait pas exactement ce que le président pourrait faire d’autre, le cas échéant, pour inverser la tendance et reconquérir les législateurs et les électeurs démocrates, qui se méfient de sa capacité à vaincre son adversaire et à remplir un autre mandat.
Le président a mené une série de conversations virtuelles avec divers caucus au cours de la semaine dernière, dont certaines se sont mal terminées.