Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré dimanche que la phase actuelle des combats contre le Hamas à Gaza touchait à sa fin, ouvrant la voie à l’envoi par Israël de davantage de troupes à sa frontière nord pour affronter le groupe paramilitaire libanais Hezbollah.
Ces commentaires menacent d’accroître encore les tensions entre Israël et le Hezbollah à un moment où ils semblent se rapprocher de la guerre. M. Netanyahou a également signalé qu’il n’y avait pas de fin en vue pour la guerre acharnée à Gaza.
Le dirigeant israélien a affirmé dans une longue entrevue télévisée que même si l’armée est sur le point d’achever son offensive terrestre actuelle dans la ville de Rafah, au sud de Gaza, cela ne signifie pas que la guerre contre le Hamas est terminée. Mais il a déclaré que moins de troupes seraient nécessaires à Gaza, ce qui libérerait des forces pour combattre le Hezbollah.
«Nous aurons la possibilité de transférer une partie de nos forces vers le nord, et nous le ferons», a-t-il dit à Channel 14, une chaîne de télévision israélienne pro-Netanyahou, lors d’une entrevue ponctuée par les applaudissements du public du studio. «Avant tout, pour la défense », a-t-il ajouté, mais aussi pour permettre à des dizaines de milliers d’Israéliens déplacés de rentrer chez eux.
Le Hezbollah, soutenu par l’Iran, a commencé à frapper Israël presque immédiatement après l’attaque transfrontalière du Hamas du 7 octobre qui a déclenché la guerre à Gaza. Depuis lors, Israël et le Hezbollah échangent des tirs presque quotidiennement, mais les combats se sont intensifiés ces dernières semaines, faisant craindre une guerre totale.
Le Hezbollah est beaucoup plus fort que le Hamas, et l’ouverture d’un nouveau front augmenterait le risque d’une guerre plus vaste, à l’échelle régionale, impliquant d’autres mandataires iraniens et peut-être l’Iran lui-même, qui pourrait causer de lourds dégâts et des pertes massives des deux côtés de la frontière.
L’envoyé de la Maison-Blanche, Amos Hochstein, était dans la région la semaine dernière pour rencontrer des responsables israéliens et libanais dans le but d’apaiser les tensions, mais les combats ont continué.
M. Netanyahou a déclaré qu’il espérait qu’une solution diplomatique à la crise pourrait être trouvée, mais s’est engagé à résoudre le problème «d’une manière différente» si nécessaire. «Nous pouvons lutter sur plusieurs fronts et nous sommes prêts à le faire», a-t-il déclaré.
Il a précisé que tout accord éventuel ne serait pas simplement «un accord sur le papier». Il a ajouté que cela nécessiterait que le Hezbollah s’éloigne de la frontière, qu’un mécanisme de contrôle soit mis en place et que les Israéliens puissent retourner chez eux. Des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées peu après le début des combats et n’ont pas pu rentrer chez elles.
Le Hezbollah a fait savoir qu’il continuerait à combattre Israël jusqu’à ce qu’un cessez-le-feu soit conclu à Gaza. Le chef du groupe, Hassan Nasrallah, a mis en garde Israël la semaine dernière contre le déclenchement d’une guerre, affirmant que le Hezbollah dispose de nouvelles armes et de nouvelles capacités de renseignement qui pourraient l’aider à cibler des positions plus critiques plus profondément à l’intérieur d’Israël.
Le Hezbollah a déjà dévoilé de nouvelles armes lors des combats de faible intensité, notamment des drones d’attaque difficiles à défendre qui frappent sans avertissement. Un soldat israélien a été grièvement blessé dimanche lors d’une frappe de drone.
Mais Israël affirme qu’il n’a lui aussi montré au Hezbollah qu’une petite partie de toutes ses capacités, et que le Liban deviendra un deuxième Gaza en cas de guerre. L’armée israélienne a déclaré la semaine dernière qu’elle avait «approuvé et validé» un nouveau plan d’offensive au Liban.
Toujours en entrevue, Netanyahou a déclaré que l’offensive israélienne à Gaza touchait à sa fin. L’armée israélienne opère dans la ville de Rafah, au sud, depuis début mai. Il affirme avoir infligé de lourds dégâts au Hamas à Rafah, qu’il a identifié comme le dernier bastion du Hamas après une guerre brutale qui a duré près de neuf mois. Mais il a déclaré qu’Israël devrait continuer ses opérations de «tonte de la pelouse» – des frappes ciblées visant à empêcher le Hamas de se regrouper.
Israël a lancé son invasion aérienne et terrestre de Gaza immédiatement après l’attaque du Hamas du 7 octobre, qui a tué quelque 1200 personnes et pris environ 250 autres en otages.
L’offensive israélienne a tué plus de 37 000 Palestiniens, déclenché une crise humanitaire et déclenché des affaires de crimes de guerre et de génocide devant les plus hauts tribunaux du monde à La Haye.