Claudia Sheinbaum devient la première femme à être élue présidente du Mexique

Megan Janetsky et Mark Stevenson, The Associated Press
Claudia Sheinbaum devient la première femme à être élue présidente du Mexique

La gagnante projetée de l’élection présidentielle au Mexique, Claudia Sheinbaum, deviendra la première femme à diriger le pays en 200 ans d’histoire.

«Je deviendrai la première femme présidente du Mexique», a proclamé Mme Sheinbaum, tout sourire, s’exprimant peu de temps après le dévoilement de résultats partiels qui confirmaient qu’elle détenait une avance insurmontable.

«Je n’y suis pas arrivée seule. Nous y sommes tous parvenus, avec nos héroïnes qui nous ont donné notre patrie, avec nos mères, nos filles et nos petites-filles. Nous avons démontré que le Mexique est un pays démocratique avec des élections pacifiques», a-t-elle lancé lors de son discours.

Selon l’Institut électoral national, Mme Sheinbaum a obtenu entre 58,3 % et 60,7 % des voix, d’après un échantillon statistique. La candidate de l’opposition Xóchitl Gálvez a récolté entre 26,6 % et 28,6 % des appuis, tandis que Jorge Álvarez Máynez a eu la faveur d’entre 9,9 % et 10,8 % des électeurs.

Le parti Morena, dirigé par Mme Sheinbaum, devrait également détenir la majorité dans les deux chambres du Congrès.

La climatologue et ancienne mairesse de Mexico a indiqué que ses deux concurrents l’avaient appelée et avaient concédé la victoire.

Au Canada, le premier ministre Justin Trudeau a réagi sur le réseau social X lundi matin, félicitant Mme Sheinbaum pour sa «victoire historique».

«Notre accord de libre-échange fait l’envie du monde entier et est le fruit d’une relation forte et mutuellement avantageuse. Je me réjouis à l’idée de renforcer cette relation avec vous pour créer de la prospérité pour les Canadiens et les Mexicains», a-t-il écrit.

Le fait que les deux principales candidates dans la course étaient des femmes ne laissait aucun doute sur la capacité du Mexique à entrer dans l’histoire au terme du scrutin de dimanche. Mme Sheinbaum sera par ailleurs la première personne d’origine juive à diriger ce pays à majorité catholique.

Elle amorcera son mandat de six ans le 1er octobre. La constitution mexicaine ne permet pas la réélection.

La gauche conserve le pouvoir

Au cours de la campagne, Mme Sheinbaum a soutenu qu’à son avis, le gouvernement a un rôle important à jouer dans la lutte contre les inégalités économiques et dans la création d’un solide filet de sécurité sociale. Cela s’inscrivait dans la lignée de ce que prônait son mentor politique, le président sortant Andrés Manuel López Obrador.

La victoire de Mme Sheinbaum suggère que le mouvement politique créé par M. López Obrador perdurera après sa présidence.

Mme Sheinbaum, qui est âgée de 61 ans, a mené la campagne d’un bout à l’autre, malgré la pression de Mme Gálvez. C’était la première fois de l’histoire du Mexique que les deux candidates en tête des sondages étaient des femmes.

«Bien sûr, je félicite avec tout mon respect Claudia Sheinbaum qui a remporté la victoire avec une large marge», a affirmé M. López Obrador peu de temps après l’annonce des autorités électorales.

«Elle sera la première (femme) présidente du Mexique en 200 ans.»

Des défis

Même si Mme Sheinbaum risque d’être élue avec une forte marge, il est peu probable qu’elle bénéficie du genre de dévouement inconditionnel dont jouit M. López Obrador.

Sur la place principale de l’époque coloniale de Mexico, le Zocalo, la victoire de Mme Sheinbaum n’a pas attiré le genre de foule enthousiaste et jubilatoire qui a salué la victoire de M. López Obrador en 2018.

Les personnes présentes étaient enthousiastes, mais relativement peu nombreuses.

«Je promets que je ne vous laisserai pas tomber», a déclaré Mme Sheinbaum une fois arrivée sur la place.

Sara Ríos, une professeure de littérature à la retraite de l’Université nationale autonome du Mexique, a célébré après avoir appris que Mme Gálvez avait concédé la victoire.

«La seule façon d’avancer est de travailler ensemble, a-t-elle mentionné. Elle va travailler pour ramener la paix dans le pays et elle va réussir à avancer, mais c’est un processus lent.»

Fernando Fernández, un chef de 28 ans, a reconnu que plusieurs défis se présentent à l’horizon.

Son plus grand espoir est que Mme Sheinbaum puisse «améliorer» ce que M. López Obrador n’a pas pu faire, notamment sur le prix de l’essence, la criminalité et le trafic de drogue.

La principale candidate de l’opposition, Mme Gálvez, une entrepreneure technologique et ancienne sénatrice, avait promis d’adopter une approche plus agressive à l’égard du crime organisé.

Dans son discours de concession, elle a déclaré: «Je tiens à souligner que ma reconnaissance (de la victoire de Mme Sheinbaum) s’accompagne d’une exigence ferme de résultats et de solutions aux graves problèmes du pays.»

Près de 100 millions de personnes étaient inscrites sur les listes électorales. Le taux de participation semblait être d’environ 60 %, un pourcentage semblable aux élections précédentes.

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