Un homme qui a utilisé les réseaux sociaux pour attiser la haine raciale lors des violences d’extrême droite qui ont éclaté en Grande-Bretagne la semaine dernière et qui a encouragé les gens à incendier des hôtels abritant des demandeurs d’asile a été condamné vendredi à plus de trois ans de prison.
La peine infligée à Tyler Kay, un homme âgé de 26 ans et père de trois enfants, est l’une des plus lourdes jusqu’à présent pour les personnes qui ont participé ou encouragé les dernières émeutes en Grande-Bretagne.
«Vous avez publié comme vous l’avez fait parce que vous pensiez qu’il n’y aurait aucune conséquence pour vous-même en encourageant la haine raciale chez les autres», a affirmé la juge Adrienne Lucking à M. Kay devant la Cour de la Couronne de Northampton.
«Je suis certaine que lorsque vous avez intentionnellement créé ces publications, vous aviez l’intention d’attiser la haine raciale par vos publications totalement répugnantes, racistes et choquantes qui n’ont pas leur place dans une société civilisée», a déclaré Mme Lucking.
Plusieurs hôtels hébergeant des migrants ont été pris pour cible dans les violences qui ont éclaté le 30 juillet après la diffusion en ligne d’informations erronées. Celles-ci avançaient que l’adolescent suspecté d’une attaque au couteau de masse dans le nord-ouest de l’Angleterre qui a tué trois filles était un demandeur d’asile musulman.
Des émeutes ont éclaté dans des dizaines de villes et villages de l’Irlande du Nord à la côte sud de l’Angleterre. Les manifestants criaient des insultes anti-immigrants et islamophobes alors qu’ils affrontaient la police, incendiaient des voitures, pillaient des magasins et terrorisaient les communautés. Dans un Holiday Inn Express du Yorkshire qui héberge des migrants, des vitres ont été brisées, la police a été agressée et un incendie a été déclenché dans une cage d’escalier.
Le premier ministre Keir Starmer, qui a ordonné aux tribunaux d’accélérer les affaires pour rendre une justice rapide afin de dissuader d’autres personnes de prendre part à ce qu’il qualifie de «brutalité d’extrême droite», a demandé à la police d’être en état d’alerte maximale cette fin de semaine.
Deux condamnés numériques
M. Kay est la deuxième personne à être condamné pour avoir commis un crime derrière un clavier lors de ces agitations.
Plus tôt vendredi, Jordan Parlour, 28 ans, a été condamné à 20 mois de prison pour avoir encouragé ses abonnés Facebook à attaquer un hôtel de Leeds qui hébergeait des migrants parce qu’il était frustré par les problèmes d’immigration au Royaume-Uni.
Le juge Guy Kearn de la Cour de la Couronne à Leeds explique que M. Parlour a affirmé ne pas vouloir que son argent aille aux immigrants qui, selon ses dires, «violent nos enfants et sont traités en priorité». «Vous avez encouragé les autres à attaquer un hôtel dont vous saviez qu’il était occupé par des réfugiés et des demandeurs d’asile», a-t-il ajouté.
Après huit jours de violences, la police et les autorités ont été soulagées lorsque les manifestations d’extrême droite prévues mercredi dans 100 endroits n’ont pas eu lieu et ont été remplacées par de grandes marches contre le racisme.
M. Starmer a attribué le calme relatif à une réponse policière généralisée et stratégique ainsi qu’au rythme accéléré des procédures judiciaires qui ont peut-être fait réfléchir d’autres personnes.
Jusqu’à présent, près de 600 personnes ont été arrêtées et plus de 175 ont comparu devant le tribunal, a déclaré le ministère de la Justice. Le gouvernement s’est engagé à traquer et à poursuivre les responsables des troubles, y compris les personnes qui incitent à la violence en ligne.
Plus de deux dizaines de personnes qui ont plaidé coupables ont déjà été condamnées.
La condamnation de M. Kay est arrivée seulement deux jours après qu’il eut republié un message sur la plateforme X qui disait: «Mettez le feu à tous les [jurons] d’hôtels remplis de salauds».
M. Kay a fait valoir qu’il n’était pas raciste et qu’il n’avait pas l’intention d’inspirer cela aux autres.
Le juge a rejeté cette explication, déclarant: «vous avez tenté de vous présenter comme naïf. Je suis sûr que vous saviez que ce que vous publiiez allait attiser la haine raciale chez les autres».
La femme qui a publié le message original – qui est l’épouse d’un conseiller conservateur – a été arrêtée.