Des centaines de téléavertisseurs portatifs ont explosé presque simultanément au Liban et dans certaines régions de la Syrie, mardi, tuant au moins neuf personnes – dont des membres du groupe militant Hezbollah et une jeune fille – et blessant plusieurs milliers d’autres, selon les autorités.
L’ambassadeur de l’Iran au Liban figure parmi les blessés.
Les autorités ont montré du doigt Israël dans ce qui semble être une opération sophistiquée, menée à distance, à un moment où les tensions augmentent de part et d’autre de la frontière libanaise.
Des photos et des vidéos de la banlieue sud de Beyrouth circulant sur les réseaux sociaux et dans les médias locaux montraient des personnes allongées sur le trottoir avec des blessures aux mains ou près des poches de leur pantalon.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait déjà prévenu les membres de l’organisation de ne pas porter de téléphones portables, affirmant qu’ils pourraient être utilisés par Israël pour suivre leurs mouvements et mener des frappes ciblées.
S’éloigner des téléavertisseurs
Le ministère libanais de la Santé a demandé à tous les hôpitaux d’être en état d’alerte pour accueillir les patients d’urgence et que les personnes possédant des téléavertisseurs s’en éloignent. Il a également demandé aux professionnels de la santé d’éviter d’utiliser des appareils sans fil.
Des photographes de l’AP dans les hôpitaux de la région ont déclaré que les salles d’urgence étaient débordées de patients, dont beaucoup souffraient de blessures aux membres, certains dans un état grave.
L’agence de presse nationale a déclaré que les hôpitaux du sud du Liban, de l’est de la plaine de la Bekaa et des banlieues sud de Beyrouth – toutes des zones où le Hezbollah est fortement présent – avaient appelé la population à donner du sang.
L’agence de presse a rapporté que dans les banlieues sud de Beyrouth et dans d’autres secteurs, «le système de téléavertisseurs portatifs a explosé à l’aide d’une technologie de pointe et des dizaines de blessés ont été signalés».
Le responsable du Hezbollah, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat parce qu’il n’était pas autorisé à parler aux médias, a déclaré que les explosions étaient le résultat d’une «opération de sécurité qui visait les appareils».
«L’ennemi (Israël) est derrière cet incident de sécurité», a affirmé le responsable, sans donner plus de détails. Il a ajouté que les nouveaux téléavertisseurs que les membres du Hezbollah transportaient avaient des batteries au lithium qui ont apparemment explosé.
Les batteries au lithium, lorsqu’elles surchauffent, peuvent fumer, fondre et même prendre feu. Les batteries au lithium rechargeables sont utilisées dans des produits de consommation allant des téléphones portables et ordinateurs portables aux voitures électriques. Les incendies de batteries au lithium peuvent atteindre 590 degrés Celsius.
Ces événements surviennent à un moment de tensions accrues entre le Liban et Israël. Le groupe militant libanais Hezbollah et les forces israéliennes s’affrontent presque quotidiennement depuis plus de 11 mois dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas, allié du Hezbollah, dans la bande de Gaza.
Ces affrontements ont fait des centaines de morts au Liban et des dizaines en Israël, et ont déplacé des dizaines de milliers de personnes des deux côtés de la frontière. Mardi, Israël a déclaré que l’arrêt des attaques du Hezbollah dans le nord pour permettre aux habitants de rentrer chez eux était désormais un objectif de guerre officiel.
Israël a déjà tué des militants du Hamas avec des téléphones portables piégés et il est largement soupçonné d’être à l’origine de l’attaque du virus informatique «Stuxnet» contre le programme nucléaire iranien en 2010.