Des combats ont fait rage mardi dans le sud de Gaza

Wafaa Shurafa, Samy Magdy et Melanie Lidman, The Associated Press
Des combats ont fait rage mardi dans le sud de Gaza

DAYR AL BALAḨ, Palestine — De violents combats ont été signalés mardi dans la ville de Khan Younès, dans le sud de Gaza, un jour après qu’Israël eut annoncé qu’il retirait des milliers de soldats d’autres zones dans l’objectif potentiel de s’éloigner des attaques aériennes et terrestres qui ont dévasté l’enclave dirigée par le Hamas.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou s’est engagé à poursuivre la guerre jusqu’à ce que le Hamas soit écrasé et que plus de cent otages encore détenus par le groupe militant à Gaza soient libérés, prévenant que cela pourrait prendre encore plusieurs mois.

Mais en vue de la visite dans la région du secrétaire d’État américain Antony Blinken, Israël subit une pression internationale croissante pour réduire l’offensive qui a tué près de 22 000 Palestiniens. M. Blinken a exhorté Israël à faire davantage pour protéger les civils palestiniens.

Le cabinet de guerre israélien devait se réunir plus tard mardi, selon le bureau de M. Nétanyahou. L’ordre du jour comprendrait une discussion sur les arrangements d’après-guerre pour Gaza, une question très controversée en Israël. 

Jusqu’à présent, le premier ministre Nétanyahou n’a présenté aucun plan malgré les demandes répétées des États-Unis. Il a rejeté les propositions selon lesquelles l’Autorité palestinienne, qui administre actuellement des poches d’autonomie en Cisjordanie occupée par Israël, entreprendrait des réformes et prendrait ensuite en charge l’administration de Gaza en tant que précurseur d’un État palestinien.

L’annonce du retrait des troupes est intervenue alors que la Cour suprême d’Israël a invalidé un élément clé du projet controversé de réforme judiciaire de M. Nétanyahou, qui avait profondément divisé les Israéliens et menaçait l’état de préparation de l’armée avant l’attaque du Hamas du 7 octobre qui a déclenché la guerre.

Cette décision semble avoir porté un coup fatal au projet judiciaire. Il semble peu probable que le premier ministre et ses alliés relancent cette initiative qui divise en temps de guerre. Des élections sont attendues une fois les combats terminés, et la colère généralisée en Israël face aux échecs des services de renseignement et de sécurité liés à l’attaque du Hamas pourrait signifier un mauvais résultat pour ceux qui sont actuellement au pouvoir.

La décision du tribunal pourrait entre-temps aider Israël à repousser les allégations de génocide à Gaza formulées par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de Justice (CIJ). La CIJ et d’autres tribunaux internationaux examinent si les pays disposent de leur propre système judiciaire indépendant pour décider d’intervenir ou non.

Retrait de soldats

L’armée a annoncé lundi que cinq brigades, soit plusieurs milliers de soldats, seraient retirées de Gaza dans les semaines à venir. Certains se rendront dans les bases pour poursuivre leur formation ou se reposer, tandis que de nombreux réservistes plus âgés rentreront chez eux. La guerre a eu des conséquences néfastes sur l’économie en empêchant les réservistes d’aller travailler, de diriger leur entreprise ou de reprendre leurs études universitaires.

L’armée n’a pas déclaré publiquement si le retrait reflétait une nouvelle phase de la guerre. Mais cette décision est conforme aux plans présentés par les dirigeants israéliens pour une campagne de faible intensité qui se concentrerait sur les bastions restants du Hamas et pourrait durer une grande partie de l’année.

Israël a indiqué qu’il était proche du contrôle opérationnel sur la majeure partie du nord de Gaza, réduisant ainsi le besoin de forces là-bas. Pourtant, de violents combats se sont poursuivis dans d’autres régions du territoire palestinien, notamment dans le sud, où de nombreuses forces du Hamas restent intactes et où la plupart des 2,3 millions d’habitants de Gaza ont fui.

Pendant ce temps, le ministre de la Défense Yoav Gallant a annoncé lundi soir que les résidants de sept communautés israéliennes proches de Gaza pourront bientôt rentrer chez eux, l’un des signes les plus concrets que l’armée est convaincue d’avoir minimisé la menace de tirs de roquettes depuis certaines parties de Gaza.

Les combats se poursuivent

Les Palestiniens ont signalé de lourdes frappes aériennes et des bombardements d’artillerie dans la nuit et jusqu’à mardi dans la ville méridionale de Khan Younès et dans les zones agricoles à l’est, près de la frontière avec Israël. Des combats étaient également en cours dans et autour du camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de Gaza.

L’armée a aussi diffusé des ordres d’évacuation aux personnes vivant dans certaines parties du camp de Nuseirat, près de Bureij. Les ordres étaient livrés par téléphone et sous forme de tracts distribués dans le camp.

Même dans la ville de Gaza, qui a été largement dépeuplée et où les troupes terrestres israéliennes combattent les militants depuis plus de deux mois, les habitants ont déclaré qu’il y avait eu des affrontements dans différents quartiers, ainsi que dans le camp de réfugiés urbain voisin de Jabaliya.

La guerre a été déclenchée par l’attaque du groupe militant le 7 octobre contre le sud d’Israël, au cours de laquelle 1200 personnes ont été tuées et 240 autres prises en otages.

Israël a répondu par une offensive aérienne, terrestre et maritime qui a tué plus de 21 900 personnes à Gaza, dont les deux tiers étaient des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé du territoire dirigé par le Hamas. Le décompte ne fait pas de différence entre les civils et les combattants. L’armée israélienne affirme que 173 soldats sont morts depuis le lancement de son opération terrestre.

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