Des Palestiniens évacuent l’hôpital de Khan Younès

Wafaa Shurafa, Samy Magdy et Melanie Lidman, The Associated Press
Des Palestiniens évacuent l’hôpital de Khan Younès

RAFAH, Palestine — Des Palestiniens ont commencé à évacuer le principal hôpital de la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, selon des vidéos partagées par des médecins mercredi. Des semaines de combats acharnés ont isolé l’établissement médical et coûté la vie à plusieurs personnes qui s’y trouvaient.

La guerre entre Israël et le Hamas, qui en est à son cinquième mois, a dévasté le secteur de la santé à Gaza. Moins de la moitié des hôpitaux fonctionnent même partiellement, alors que des dizaines de personnes sont tuées ou blessées dans les bombardements quotidiens. Israël accuse les militants d’utiliser les hôpitaux et d’autres bâtiments civils comme couverture.

Khan Younès est la principale cible d’une vaste offensive terrestre qui, selon Israël, sera bientôt étendue à Rafah, la ville la plus méridionale de Gaza. Quelque 1,4 million de personnes, soit plus de la moitié de la population du territoire, sont entassées dans des camps de tentes, des appartements et des abris débordants dans cette ville située à la frontière égyptienne.

Dans le nord d’Israël, une attaque à la roquette a blessé au moins huit personnes mercredi lorsqu’un des projectiles a touché une maison dans la ville de Safed. Les médias israéliens ont rapporté qu’une femme avait été tuée dans l’attaque, mais l’armée n’a pas immédiatement confirmé ces informations.

En réponse, Israël a mené des frappes aériennes dans le sud du Liban, mais aucune victime n’a été signalée dans l’immédiat. Israël et le Hezbollah, groupe militant libanais qui soutient le Hamas, ont échangé des tirs le long de la frontière presque tous les jours depuis le début de la guerre à Gaza, ce qui augmente le risque d’un conflit plus large.

Les vidéos de l’évacuation à Khan Younès montrent des dizaines de Palestiniens transportant leurs affaires dans des sacs et se dirigeant vers la sortie du complexe de l’hôpital Nasser. Un médecin vêtu d’une blouse d’hôpital verte marche devant la foule, dont certains portent des drapeaux blancs.

L’armée israélienne a assuré avoir ouvert une voie sécurisée pour permettre aux civils de quitter l’hôpital, tandis que les médecins et les patients pouvaient rester à l’intérieur. Les troupes ont reçu l’ordre de «donner la priorité à la sécurité des civils, des patients, du personnel médical et des installations médicales pendant l’opération».

L’armée avait ordonné l’évacuation de l’hôpital et des zones environnantes le mois dernier. Mais comme pour d’autres établissements de santé, les médecins ont indiqué que les patients ne pouvaient pas quitter l’hôpital ou être déplacés en toute sécurité, et que des milliers de personnes déplacées par les combats restaient sur place. Les Palestiniens affirment qu’aucun endroit n’est sûr dans le territoire assiégé, car Israël continue de mener des frappes dans toutes ses parties.

Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré la semaine dernière que des tireurs d’élite israéliens postés sur les bâtiments environnants empêchaient les gens d’entrer dans l’hôpital ou d’en sortir. Il a indiqué que dix personnes avaient été tuées à l’intérieur du complexe au cours de la semaine écoulée, dont trois par balles mardi.

Le ministère indique qu’environ 300 membres du personnel médical soignaient quelque 450 patients, dont des personnes blessées lors des frappes. Il précise que 10 000 personnes déplacées ont trouvé refuge dans le complexe.

La guerre a éclaté après que le Hamas ait lancé une attaque surprise contre Israël le 7 octobre, tuant quelque 1200 personnes, pour la plupart des civils, et en faisant environ 250 prisonniers. Plus de 100 otages ont été libérés lors d’un cessez-le-feu d’une semaine en novembre, en échange de 240 Palestiniens emprisonnés par Israël.

Israël a répondu à l’attaque en lançant l’une des offensives aériennes et terrestres les plus meurtrières et les plus destructrices de l’histoire récente. Au moins 28 576 Palestiniens ont été tués, principalement des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza, qui ne fait pas de distinction entre les civils et les combattants.

Ce chiffre inclut plus de 100 corps apportés aux hôpitaux au cours des dernières 24 heures. Plus de 68 000 personnes ont été blessées au cours de la guerre, dont environ 11 000 ont besoin d’être évacuées pour recevoir un traitement urgent, selon le ministère.

Environ 80 % des 2,3 millions d’habitants de Gaza ont été chassés de chez eux, de vastes zones du nord de la bande de Gaza ont été complètement détruites et une crise humanitaire a laissé un quart de la population affamée.

Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a promis de poursuivre la guerre jusqu’à la «victoire totale» sur le Hamas et le retour de tous les otages. Le Hamas a prévenu qu’il ne libérerait pas tous les captifs tant qu’Israël ne mettrait pas fin à son offensive, ne se retirerait pas de Gaza et ne libérerait pas un grand nombre de prisonniers palestiniens, y compris des militants de haut rang. M. Nétanayahou a rejeté ces demandes, les qualifiant de «délirantes».

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