Des saboteurs paralysent le réseau ferroviaire à grande vitesse français

Thomas Adamson et Jeffrey Schaeffer, The Associated Press
Des saboteurs paralysent le réseau ferroviaire à grande vitesse français

Des incendiaires ont attaqué le réseau ferroviaire à grande vitesse français tôt vendredi, paralysant les déplacements vers Paris depuis le reste de la France et de l’Europe pour quelque 800 000 personnes, y compris des athlètes olympiques se rendant à la grande cérémonie d’ouverture des Jeux dans la soirée.

Les autorités françaises ont condamné les attentats en les qualifiant d’«actes criminels», tout en précisant qu’il n’y avait apparemment pas de lien direct avec les Jeux. Les procureurs de Paris ont ouvert une enquête nationale, déclarant que les crimes ― parmi lesquels des dommages matériels menaçant les «intérêts fondamentaux» de la nation ― pourraient être passibles de peines de 10 à 20 ans.

Alors que les autorités parisiennes se préparaient à un défilé spectaculaire sur et le long de la Seine, trois incendies ont été signalés avant l’aube près des voies des lignes à grande vitesse Atlantique, Nord et Est, provoquant des perturbations qui ont affecté des centaines de milliers de voyageurs.

Parmi eux, les athlètes olympiques eux-mêmes.

Deux des quatre trains transportant des athlètes olympiques vers Paris sur la ligne à grande vitesse Atlantique Ouest ont été arrêtés quelques heures avant la cérémonie d’ouverture prévue à 19h30 heure locale, affectés par le sabotage coordonné sur les voies, a déclaré vendredi un responsable de l’opérateur ferroviaire français SNCF.

Par ailleurs, deux athlètes allemands de saut d’obstacles qui se trouvaient dans un train à destination de Paris pour la cérémonie d’ouverture ― Philipp Weishaupt et Christian Kukuk ― ont dû faire demi-tour en Belgique en raison des fermetures, a rapporté l’agence de presse allemande dpa.

La mairesse de Paris, Anne Hidalgo, a assuré que les attaques massives sur les artères ferroviaires à grande vitesse vers Paris n’auraient «aucun impact sur la cérémonie d’ouverture» des Jeux, bien que le ciel nuageux et les prévisions de pluie aient également refroidi l’ambiance alors que les Jeux tant attendus sont sur le point de commencer.

Aucun blessé n’a été signalé à la suite des attentats.

Le premier ministre français Gabriel Attal a déclaré que les services de renseignement français avaient été mobilisés pour trouver les auteurs de ces «actes de sabotage» qu’il a qualifiés de «préparés et coordonnés».

M. Attal a ajouté que ces actions avaient «un objectif clair : bloquer le réseau des trains à grande vitesse». Il a précisé que les vandales avaient stratégiquement ciblé les itinéraires du nord, de l’est et de l’ouest vers Paris quelques heures avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques.

Il s’agit d’une «attaque préméditée, calculée et coordonnée» qui témoigne d’une «volonté de nuire gravement» au peuple français, a déclaré le PDG de la Société nationale des chemins de fer (SNCF), Jean-Pierre Farandou.

«Les lieux ont été spécialement choisis pour avoir l’impact le plus grave, puisque chaque incendie a coupé deux lignes», a indiqué M. Farandou.

Les agents de maintenance des chemins de fer ont réussi à déjouer une tentative de sabotage présumée sur les voies se dirigeant vers le sud-est de Paris, a révélé M. Farandou.

Les travailleurs de l’équipe de nuit ont repéré les intrus et ont alerté la police, a indiqué M. Farandou. «Ces personnes sont parties, bien sûr, très rapidement lorsqu’elles ont réalisé qu’elles avaient été repérées. Nous remercions donc les cheminots, a déclaré M. Farandou. Malheureusement, nous ne pouvions pas le faire partout.»

M. Farandou a indiqué que des réparations étaient en cours tandis que la police procédait à des examens médico-légaux et recherchait les auteurs des incendies. Il a précisé que les incendies ont été principalement allumés dans des tuyaux contenant des câbles de signalisation essentiels. «Nous devons réparer câble par câble, c’est donc un travail très méticuleux», a-t-il dit.

La compagnie ferroviaire a indiqué vendredi soir dans un communiqué qu’elle assurerait le transport de toutes les délégations olympiques, sans plus de précisions. Elle a renforcé la surveillance terrestre et aérienne, notamment avec 50 drones.

«Perturber une telle fête de la paix par des actes de violence ne peut jamais être accepté et exige le rejet le plus déterminé», a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz à Paris.

Le ministre français des Transports, Patrice Vergriete, a déclaré que le trafic ferroviaire commençait à reprendre dans l’après-midi, en particulier sur la ligne Atlantique, qui avait été complètement arrêtée. «À la gare Montparnasse et à la gare de Bordeaux, qui ont été les plus touchées, un train sur trois devrait circuler cet après-midi. Les choses s’améliorent déjà», a-t-il déclaré.

L’attentat s’est produit dans un contexte de tensions mondiales et de mesures de sécurité renforcées, alors que la ville se préparait à accueillir les Jeux olympiques de 2024. De nombreux voyageurs prévoyaient de converger vers la capitale pour la cérémonie d’ouverture, et de nombreux vacanciers étaient également en transit.

En début de semaine, le ministre français de l’Intérieur a déclaré qu’un millier de personnes soupçonnées d’interférence pour le compte d’une puissance étrangère avaient été empêchées d’assister aux Jeux.

Bien qu’il ait souligné à plusieurs reprises les soupçons d’ingérence de la Russie, Gérald Darmanin a ajouté que de telles menaces provenaient également d’autres pays qu’il n’a pas nommés. Parmi les personnes bloquées figuraient des personnes soupçonnées de radicalisation islamique ou d’extrémisme politique de gauche ou de droite, ou qui avaient des antécédents judiciaires importants, a déclaré M. Darmanin.

Les attaques coordonnées des lignes de train visaient des endroits éloignés de la capitale, où 35 000 policiers sont déployés chaque jour pour les Jeux olympiques, avec un pic de 45 000 pour la cérémonie d’ouverture.

Les autorités françaises ont dit avoir déjoué plusieurs complots visant à perturber les Jeux olympiques, notamment en arrêtant un Russe soupçonné de vouloir déstabiliser les Jeux.

Paris a été la cible d’attaques terroristes meurtrières au cours de la dernière décennie, et certains responsables français ont vu dans l’organisation des Jeux olympiques une chance pour la nation de guérir de ces années de traumatisme.

La préfecture de police de Paris a «concentré ses effectifs dans les gares parisiennes» après «l’attaque massive» qui a paralysé le réseau TGV, a déclaré Laurent Nuñez, chef de la police de Paris, à la chaîne de télévision France Info.

Vendredi également, l’aéroport français de Bâle-Mulhouse, situé à la frontière avec l’Allemagne et la Suisse, a été évacué dans la matinée et brièvement fermé «pour des raisons de sécurité», a indiqué l’aéroport. Il n’était pas clair s’il y avait un lien avec les attaques ferroviaires.

Les perturbations ont particulièrement touché la gare Montparnasse à Paris.

De nombreux passagers de la gare du Nord, l’une des gares les plus fréquentées d’Europe, étaient à la recherche de réponses et de solutions vendredi matin. Tous les yeux étaient rivés sur les panneaux d’affichage centraux, car la plupart des services à destination du nord de la France, de la Belgique et du Royaume-Uni étaient retardés.

La Deutsche Bahn, l’opérateur ferroviaire national allemand, a indiqué que des trains entre la France et l’Allemagne avaient également été annulés ou retardés à court terme.

Ces troubles sont survenus avant la cérémonie d’ouverture au cours de laquelle 7000 athlètes olympiques devaient descendre la Seine en passant devant des monuments parisiens emblématiques tels que la cathédrale Notre-Dame, le musée du Louvre et le musée d’Orsay.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires