Donald Trump ne témoignera pas lors de son procès criminel à New York

Michael R. Sisak, Jake Offenhartz, Jennifer Peltz et Colleen Long, The Associated Press
Donald Trump ne témoignera pas lors de son procès criminel à New York

Les avocats de Donald Trump renoncent à le faire témoigner à son procès à New York pour versements dissimulés et ils ont fini de présenter leur défense.

L’équipe de M. Trump a conclu avec le témoignage d’un ancien procureur fédéral qui avait été appelé pour attaquer la crédibilité du témoin clé de l’accusation – l’un des deux seuls témoins appelés à la barre par la défense. Le bureau du procureur du district de Manhattan avait appelé 20 témoins pendant 15 jours, avant de clore sa cause lundi.

Le jury a été renvoyé chez lui pour une semaine, jusqu’au mardi 28 mai, date à laquelle les plaidoiries finales sont attendues. Mais les avocats devaient retourner dans la salle d’audience plus tard mardi pour discuter de la manière dont le juge instruira les jurés sur leurs délibérations à venir.

M. Trump, premier ancien président américain à être jugé au criminel, a plaidé non coupable et a nié tout acte répréhensible dans cette affaire, qu’il a qualifiée de chasse aux sorcières menée par ses adversaires politiques.

Il avait précédemment déclaré qu’il souhaitait témoigner pour sa propre défense, mais rien ne l’y obligeait et on ne s’attendait pas non plus à ce qu’il le fasse. Il est tout à fait habituel que les accusés refusent de témoigner.

Ses avocats, au lieu de déployer des efforts pour démontrer l’innocence de M. Trump aux jurés, se sont concentrés sur la crédibilité des témoins à charge. Il s’agit d’une stratégie de défense courante, car la charge de la preuve dans une affaire criminelle incombe à la poursuite. La défense n’a rien à prouver.

Pourtant, même si M. Trump dénonce le procès comme une parodie de justice motivée par la partisanerie politique, il s’efforce de faire de cette procédure une émanation de sa campagne présidentielle. Il a profité du procès pour recueillir des fonds, a utilisé son temps devant les caméras pour critiquer le président Joe Biden et a présenté un défilé de ses propres partisans politiques.

Étouffer des affaires embarrassantes

Après plus de quatre semaines de témoignages, les jurés pourraient commencer à délibérer dès la semaine prochaine pour décider si M. Trump est coupable de 34 chefs d’accusation pour falsification de dossiers financiers d’entreprises.

Les procureurs accusent l’ex-président et probable candidat républicain à la présidence d’avoir payé pour enterrer des affaires embarrassantes dans le cadre d’une tentative illégale d’influencer l’élection présidentielle de 2016. Il aurait falsifié des dossiers financiers pour dissimuler des versements.

M. Trump a plaidé non coupable et a nié tout acte répréhensible. Il s’agit de la première de quatre affaires criminelles à être jugée, et probablement la seule avant l’élection présidentielle de 2024. «Ils n’ont aucun dossier», a réitéré M. Trump mardi matin avant l’ajournement du tribunal. «Il n’y a pas de crime.»

Alors qu’il quittait mardi un point de presse avec des partisans de l’ex-président, devant le palais de justice, le fils de l’accusé, Donald Trump Jr., a défendu la décision de son père de ne pas témoigner. «Il n’y aurait absolument aucune raison, aucune justification de le faire: tout le monde voit [ce procès] comme une imposture», a déclaré le jeune Trump.

Les jurés ont reçu au cours de ce procès une leçon sur les dessous du monde des affaires des tabloïds, où les alliés de M. Trump au sein du «National Enquirer» ont lancé un plan visant à cacher du public les histoires sordides, parfois scandaleuses, sur le milliardaire, en payant des dizaines de milliers de dollars pour acheter le silence. Ils ont vu une actrice du porno, «Stormy Daniels», raconter avec moult détails une relation sexuelle présumée avec M. Trump dans une chambre d’hôtel. L’accusé assure qu’il ne s’est rien passé de sexuel entre eux.

Et ils étaient assis attentivement dans le box des jurés alors que l’ancien avocat et bras droit de M. Trump, Michel Cohen, devenu son ennemi juré, plaçait l’ancien président au coeur du stratagème visant à acheter l’histoire de Stormy Daniels pour l’empêcher de devenir publique, alors que les républicains tentaient déjà de se dépêtrer des retombées du fameux enregistrement d’«Access Hollywood».

Mais le nœud du dossier de l’accusation ne se concentre pas sur le spectacle, mais sur les transactions commerciales, y compris les dossiers internes de la Trump Organization dans lesquels les paiements versés à Me Cohen étaient faussement inscrits comme «frais juridiques». La poursuite a fait valoir que ces paiements étaient en réalité des remboursements à Me Cohen distribués en morceaux, pour un paiement de 130 000 $ qu’il avait effectué au nom de M. Trump pour faire taire Mme Daniels.

M. Trump a été accusé de 34 chefs d’accusation pour falsification de dossiers commerciaux.

Dernier témoin de la défense

Le deuxième et dernier témoin de la défense était Robert Costello, appelé à la barre dans le but de miner la crédibilité de M. Cohen. Les deux hommes entretenaient une relation professionnelle qui s’est rompue de façon spectaculaire. Lors de son témoignage de lundi, il a mis le juge en colère en levant les yeux au ciel et en parlant à voix basse. Le juge a évacué la salle d’audience et a menacé de l’expulser s’il ne respectait pas davantage le décorum.

M. Costello a contredit le témoignage de Michael Cohen décrivant M. Trump comme étant intimement impliqué dans tous les aspects du projet d’argent secret. M. Costello a déclaré lundi aux jurés que M. Cohen lui avait dit que M. Trump «ne savait rien» du paiement secret à Mme Daniels.

Mais M. Cohen avait déclaré plus tôt lundi qu’il n’avait «aucun doute» que M. Trump lui avait donné l’approbation finale pour effectuer les paiements à Mme Daniels. Au total, il a déclaré avoir parlé avec Trump plus de 20 fois à ce sujet en octobre 2016.

Le juge Juan Merchan n’a pas encore statué sur une demande de la défense visant à abandonner les accusations avant même que les jurés ne commencent à délibérer, sur la base de l’argument selon lequel les procureurs n’ont pas réussi à prouver leur cause. La défense a suggéré que M. Trump essayait de protéger sa famille, et non sa campagne, en étouffant ce qu’il considère comme de fausses affirmations.

De telles requêtes en arrêt des procédures sont souvent faites dans les affaires criminelles, mais elles sont rarement accordées.

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