Explosion de hublot: les autorités ordonnent l’immobilisation des Boeing 737 Max 9

Audrey Mcavoy et David Koenig, The Associated Press
Explosion de hublot: les autorités ordonnent l’immobilisation des Boeing 737 Max 9

PORTLAND, Ore. — Les autorités fédérales ont ordonné samedi l’immobilisation immédiate des Boeing 737 Max 9 jusqu’à ce qu’ils soient inspectés, après qu’un avion d’Alaska Airlines eut subi une explosion qui a laissé un trou béant sur le côté du fuselage.

Les inspections requises durent environ quatre à huit heures par avion et concernent environ 171 avions dans le monde. Samedi matin, les inspections sur plus d’un quart de la flotte étaient terminées «sans résultat préoccupant», a indiqué l’entreprise.

«Les avions seront remis en service une fois leurs inspections terminées en toute confiance», a déclaré la société dans une publication sur le réseau social X.

Vendredi, un panneau de fuselageont explosé sur un Boeing 737 Max 9 d’Alaska Airlines sept minutes après le décollage de Portland, dans l’Oregon. La perte rapide de pression dans la cabine a arraché les vêtements d’un enfant et fait tomber les masques à oxygène du plafond, mais aucun des 174 passagers et six membres de l’équipage n’ont été blessés. Les pilotes ont effectué un atterrissage d’urgence en toute sécurité.

La compagnie aérienne a immobilisé ses 65 Boeing 737 Max 9 jusqu’à ce qu’ils puissent être inspectés. Le Conseil national de la sécurité des transports des États-Unis a annoncé samedi qu’il ouvrirait une enquête.

Un passager qui était sur le vol, Evan Smith, a décrit les évènements.

«Vous avez entendu un grand bruit à l’arrière gauche. Un bruit de sifflement. Et tous les masques à oxygène se sont déployés instantanément et tout le monde les a mis», a-t-il affirmé en entrevue à KATU-TV.

Le PDG d’Alaska Airlines, Ben Minicucci, a déclaré que l’inspection de la flotte d’avions 737-9 de la compagnie pourrait prendre des jours. Ils représentent un cinquième des 314 avions de la compagnie. On ne savait pas immédiatement samedi comment cela affecterait les horaires de vols de la compagnie.

«Nous travaillons avec Boeing et les régulateurs pour comprendre ce qui s’est passé ce soir (vendredi), et nous partagerons des mises à jour à mesure que d’autres informations seront disponibles», a-t-il déclaré.

«Je suis de tout cœur avec ceux qui ont pris ce vol. Je suis vraiment désolé pour ce que vous avez vécu», a-t-il précisé.

Le port de Portland, qui exploite l’aéroport, a déclaré à KPTV que les pompiers avaient soigné des blessés légers sur les lieux. Une personne a été emmenée pour un traitement supplémentaire, mais n’a pas été gravement blessée.

Le vol 1282 avait décollé de Portland à 17h07 vendredi pour un vol de deux heures vers Ontario, en Californie. Environ six minutes plus tard, le panneau de fuselage aexplosé alors que l’avion se trouvait à environ 4,8 kilomètres d’altitude. L’un des pilotes a déclaré une situation d’urgence et a demandé l’autorisation de descendre à 3 kilomètres, l’altitude à laquelle l’air contient suffisamment d’oxygène pour être respirée en toute sécurité.

«Nous devons retourner à Portland», a déclaré la pilote aux contrôleurs d’une voix calme qu’elle a maintenue tout au long du processus d’atterrissage.

Des vidéos publiées par des passagers en ligne montraient un trou béant à l’endroit où se trouvait le panneauet des passagers portant leur masque. Ils ont applaudi lorsque l’avion a atterri en toute sécurité, environ 13 minutes après l’explosion. Les pompiers sont ensuite descendus dans l’allée, demandant aux passagers de rester assis pendant qu’ils soignaient les blessés.

L’avion impliqué est tout neuf : il a commencé à transporter des passagers en novembre et n’a effectué que 145 vols, selon Flightradar24, un service de suivi des vols.

Un avion élaboré rapidement

Le Max — qui existe actuellement en trois versions : les 8, 9 et 10, qui diffèrent principalement par leur taille — est la dernière version du vénérable 737 de Boeing, un avion bimoteur monocouloir fréquemment utilisé pour les vols intérieurs américains.

Il y a plus de dix ans, Boeing envisageait de concevoir et de construire un avion entièrement nouveau pour remplacer le 737. Toutefois, craignant de perdre des ventes devant son rival européen Airbus, qui commercialisait une version plus économe en carburant de son A320 de taille similaire, Boeing a décidé de prendre un chemin plus court pour peaufiner le 737 – et le Max est né.

Un avion Max 8 exploité par Lion Air s’est écrasé en Indonésie en 2018, et un Max 8 d’Ethiopian Airlines s’est écrasé en 2019. Les régulateurs du monde entier ont immobilisé les avions au sol pendant près de deux ans tandis que Boeing a modifié un système de commandes de vol automatisé impliqué dans les accidents.

Les procureurs fédéraux et le Congrès se sont demandé si Boeing avait pris des raccourcis dans sa précipitation pour faire approuver le Max rapidement et avec un minimum de formation requise pour les pilotes. En 2021, Boeing a mis fin à une enquête criminelle en acceptant de payer 2,5 milliards $, dont 244 millions $. La société a accusé deux employés de niveau relativement bas d’avoir trompé la FAA au sujet de défauts du système de commande de vol.

Boeing a estimé dans ses rapports financiers que les conséquences des deux accidents mortels lui auraient coûté plus de 20 milliards $. Il a conclu des accords confidentiels avec la plupart des familles des passagers décédés dans les accidents.

Après une pause à la suite des accidents, les compagnies aériennes ont recommencé à acheter le Max. Mais l’avion a été confronté à des problèmes sans rapport avec l’explosion de vendredi.

Les questions des fournisseurs sur les composants ont parfois retardé les livraisons. L’année dernière, la FAA a demandé aux pilotes de limiter l’utilisation d’un système d’antigivrage sur le Max dans des conditions sèches, craignant que les entrées d’air autour des moteurs ne surchauffent et ne se détachent, pouvant éventuellement heurter l’avion. Et en décembre, Boeing a demandé aux compagnies aériennes d’inspecter les avions à la recherche d’un éventuel boulon desserré dans le système de commande du gouvernail de direction.

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