Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé mercredi à un impôt sur les bénéfices exceptionnels des entreprises de combustibles fossiles afin de financer la lutte contre le réchauffement climatique, décrivant ces sociétés comme les «parrains du chaos climatique».
M. Guterres a particulièrement visé l’industrie émettrice de carbone et a appelé les médias et les entreprises de technologie à cesser d’accepter la publicité de ses plus grands acteurs, comme cela a été fait dans certains pays avec la cigarette.
M. Guterres a prononcé ce discours cinglant, programmé pour la Journée mondiale de l’environnement, alors que l’agence de surveillance du climat de la Commission européenne a rapporté que le mois dernier avait été le mois de mai le plus chaud jamais enregistré – un 12e record mensuel consécutif.
Le service Copernicus sur le changement climatique de l’Union européenne, une référence mondiale pour le suivi des températures planétaires, a enregistré une température moyenne de l’air en surface de 15,9 °C le mois dernier – soit 1,52 °C de plus que la moyenne estimée en mai avant l’ère industrielle.
La combustion de combustibles fossiles – pétrole, gaz et charbon – est le principal contributeur au réchauffement climatique provoqué par l’activité humaine.
Parallèlement, l’agence météorologique des Nations unies prévoit qu’il y a 80 % de risques que les températures moyennes mondiales dépassent au cours des cinq prochaines années la cible de 1,5 ° Celsius fixée en 2015 par l’accord historique de Paris sur le climat.
L’Organisation météorologique mondiale a déclaré mercredi que la température moyenne mondiale à proximité de la surface pour chaque année, de 2024 à 2028, devrait être comprise entre 1,1° et 1,9 ° de plus qu’au début de l’ère industrielle.
L’agence a également estimé qu’il y avait 47 % plus de risques que les températures moyennes mondiales sur l’ensemble de cette période de cinq ans dépassent 1,5 °C, une augmentation par rapport à la précédente probabilité d’environ 30 % prévue pour 2023-2027.
Les subventions aux hydrocarbures
M. Guterres a pris la parole au Musée américain d’histoire naturelle de New York dans le but de relancer l’attention sur le changement climatique à un moment où de nombreuses élections nationales et les conflits dans des pays comme l’Ukraine, le Proche-Orient et le Soudan cette année ont accaparé une grande partie de l’attention internationale.
Il a réitéré ses inquiétudes concernant les subventions versées dans de nombreux pays aux combustibles fossiles, qui contribuent à maintenir les prix bas pour les consommateurs.
«Le changement climatique est la mère de toutes les taxes indirectes payées par les gens ordinaires et les pays et communautés vulnérables, a-t-il déclaré. Pendant ce temps, les parrains du chaos climatique – l’industrie des combustibles fossiles – engrangent des bénéfices records et se régalent de milliards de dollars en subventions financées par les contribuables.»
M. Guterres a déclaré que les émissions mondiales de dioxyde de carbone doivent diminuer de 9 % chaque année jusqu’en 2030 pour que l’objectif de 1,5 °C fixé par les accords de Paris soit maintenu. Mais les températures «vont dans la mauvaise direction», a-t-il martelé: elles ont augmenté de 1 degré l’année dernière.
«Nous jouons à la roulette russe avec la planète. Nous avons besoin d’une bretelle de sortie sur l’autoroute qui mène vers l’enfer climatique, a déclaré Guterres. La vérité est que nous avons le contrôle du volant.»
Le secrétaire général de l’ONU a appelé les économies avancées du Groupe des 20 – qui tiennent un sommet au Brésil le mois prochain et sont responsables d’environ 80 % de toutes les émissions – à prendre les devants. Il a également déclaré que les 1 % les plus riches de la planète émettent autant que les deux tiers de l’humanité.
«Nous ne pouvons pas accepter un avenir dans lequel les riches sont protégés dans des bulles climatisées, tandis que le reste de l’humanité est frappé par des conditions météorologiques mortelles sur des terres invivables», a déclaré M. Guterres.
Il a appelé la «finance mondiale», faisant allusion aux banques et aux institutions financières internationales, à contribuer, affirmant que «des sources de financement innovantes» sont nécessaires.
«Il est temps de fixer un prix effectif sur le carbone et de taxer les bénéfices exceptionnels des entreprises de combustibles fossiles», a-t-il déclaré.