L’armée israélienne a ordonné de nouvelles évacuations dans le sud de Gaza tôt dimanche, un jour après qu’une frappe aérienne meurtrière sur une école transformée en abri dans le nord eut tué au moins 80 Palestiniens, selon les autorités de la santé locales. Cette frappe aérienne a été l’une des attaques les plus meurtrières depuis le début de la guerre, il y a 10 mois.
Israël a ordonné à plusieurs reprises des évacuations massives lorsque ses troupes retournaient dans des zones fortement détruites où elles avaient précédemment combattu des combattants palestiniens. La grande majorité de la population de 2,3 millions de personnes de Gaza a été déplacée, souvent à plusieurs reprises, dans le territoire assiégé de 40 kilomètres de long sur environ 11 kilomètres de large.
Les derniers ordres d’évacuation s’appliquent à des zones de Khan Younis, la deuxième plus grande ville de Gaza, y compris une partie d’une zone humanitaire déclarée par Israël d’où l’armée a dit que des roquettes avaient été tirées. Israël accuse le Hamas et d’autres militants de se cacher parmi les civils et de lancer des attaques depuis des zones résidentielles.
La zone humanitaire s’est progressivement rétrécie pendant la guerre avec les divers ordres d’évacuation. Des centaines de milliers de personnes se sont entassées dans des camps de tentes sordides, sans services publics, ou ont cherché refuge dans des écoles, même si les Nations unies affirment que des centaines d’entre elles ont été directement touchées ou endommagées.
Khan Younis a subi des destructions massives lors d’une offensive aérienne et terrestre au début de l’année. Des dizaines de milliers de personnes ont fui à nouveau la semaine dernière après un ordre d’évacuation.
Le nouvel ordre est arrivé sous forme de tracts largués du ciel. Alors que la fumée s’élevait à l’horizon, des centaines de familles transportant leurs effets personnels dans leurs bras ont quitté leurs maisons et leurs abris, à la recherche d’un refuge. Un enfant transportait une peluche Hello Kitty tandis que d’autres marchaient dans des rues remplies de décombres.
«Nous ne savons pas où aller», a déclaré Amal Abu Yahia, une mère de trois enfants, qui était revenue à Khan Younis en juin pour s’abriter dans sa maison gravement endommagée. Il s’agissait du quatrième déplacement pour cette veuve de 42 ans, dont le mari a été tué lorsqu’une frappe aérienne israélienne a touché la maison de leurs voisins en mars.
Elle a raconté qu’ils étaient allés à Muwasi, un camp de tentes tentaculaire le long de la côte, mais ils n’avaient pas trouvé de place.
Ramadan Issa, un père de cinq enfants dans la cinquantaine, a fui Khan Younis avec 17 membres de sa famille élargie, rejoignant des centaines de personnes marchant vers le centre de Gaza.
«Chaque fois que nous nous installons dans un endroit et que nous construisons des tentes pour les femmes et les enfants, l’occupation arrive et bombarde la zone, a-t-il affirmé, faisant référence à Israël. Cette situation est insupportable.»
Le ministère de la Santé de Gaza, qui ne fait pas de distinction entre les civils et les combattants, affirme que le nombre de morts palestiniens dans la guerre approche les 40 000. Les groupes d’aide ont du mal à répondre à la crise humanitaire importante, tandis que les experts internationaux ont mis en garde contre la famine.
La guerre a commencé lorsque des militants dirigés par le Hamas ont percé les défenses d’Israël le 7 octobre et ont saccagé les communautés agricoles et les bases militaires près de la frontière, tuant environ 1200 personnes – principalement des civils – et enlevant environ 250 personnes.
Les États-Unis, l’Égypte et le Qatar tentent depuis des mois de négocier un cessez-le-feu et le retour des quelque 110 otages restants, dont environ un tiers sont morts selon les autorités israéliennes. Les pourparlers devaient reprendre jeudi.
Le conflit menace de déclencher une guerre régionale, car Israël a échangé des tirs avec l’Iran et ses alliés militants dans toute la région.
En Cisjordanie occupée, qui a connu une augmentation de la violence depuis le début de la guerre, l’armée israélienne a déclaré qu’un civil israélien avait été mortellement abattu lors d’une attaque de «terroristes» dans la zone de Mehola Junction. L’armée a déclaré que des «terroristes» avaient ouvert le feu sur d’autres voitures à partir d’un véhicule qui passait, et qu’un autre civil avait été blessé. Les soldats poursuivaient les assaillants.
La frappe aérienne israélienne de samedi a touché une mosquée à l’intérieur d’une école de la ville de Gaza où des milliers de personnes s’étaient réfugiées. Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré que 80 personnes ont été tuées et une cinquantaine d’autres blessées pendant les prières du matin. L’armée israélienne a soutenu avoir tué 19 militants du Hamas et du Jihad islamique. Le Hamas et des militants palestiniens ont contesté ces informations, affirmant que deux des 19 personnes tuées avaient été tuées lors de frappes précédentes, et que d’autres étaient des civils ou des opposants au Hamas.
La ville de Gaza et le nord du territoire ont été encerclés par les forces israéliennes et largement coupés du monde, et il n’a pas été possible de confirmer de manière indépendante les récits de l’un ou l’autre camp.
Le bureau des droits de la personne de l’ONU affirme qu’Israël a mené des «attaques systématiques contre des écoles», qui ont servi d’abris depuis le début de la guerre, avec au moins 21 attaques depuis le 4 juillet, faisant des centaines de morts, dont des femmes et des enfants.
Les dirigeants européens et les voisins d’Israël ont condamné la frappe, tandis que les États-Unis se sont dits préoccupés par les rapports faisant état de victimes civiles. «Une fois de plus, beaucoup trop de civils ont été tués», a déclaré la vice-présidente américaine, Kamala Harris, aux journalistes.
«Nous avons besoin d’un accord sur les otages et d’un cessez-le-feu, a-t-elle affirmé. L’accord doit être conclu et il doit être conclu maintenant.»