Israël n’a pas répondu aux demandes des États-Unis d’autoriser un meilleur accès humanitaire à la bande de Gaza, où les conditions sont pires qu’à n’importe quel moment de la guerre qui dure depuis 13 mois, ont déclaré mardi des organisations d’aide internationale.
Les obstacles auxquels se heurte la distribution de l’aide ont été mis en évidence cette semaine. Même après que l’armée a donné l’autorisation d’une livraison dans la partie la plus au nord de la bande de Gaza – pratiquement coupée de nourriture pendant plus d’un mois par un siège israélien –, les Nations unies ont déclaré qu’elles ne pouvaient pas en livrer la majeure partie en raison des troubles et des restrictions imposées par les troupes israéliennes sur le terrain.
Les experts ont averti que le nord du territoire pourrait déjà connaître la famine.
Pendant ce temps, dans le sud, des centaines de camions chargés d’aide sont bloqués du côté palestinien de la frontière, parce que l’ONU dit ne pas pouvoir les atteindre pour les distribuer – encore une fois en raison de la menace de l’anarchie, du vol et des restrictions militaires israéliennes.
L’administration américaine de Joe Biden a fixé le mois dernier une date limite, qui expirait mardi, pour qu’Israël «envoie» davantage de nourriture et d’autres aides d’urgence dans le territoire palestinien. Washington prévenait alors que le non-respect de ces mesures pourrait déclencher l’adoption de lois américaines l’obligeant à réduire son soutien militaire alors qu’Israël mène des offensives contre le Hamas à Gaza et contre le Hezbollah au Liban.
L’État hébreu a annoncé une série de mesures, mais leurs effets sur le terrain ne soient pas clairs. Mardi, il a ouvert un nouveau passage dans le centre de la bande de Gaza, à l’extérieur de la ville de Deir el-Balah, pour l’entrée de l’aide humanitaire. Israël a également annoncé une petite extension de sa «zone humanitaire» côtière, où des centaines de milliers de Palestiniens s’abritent dans des camps de tentes. Il a connecté l’électricité à une usine de dessalement à Deir el-Balah.
Le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a déclaré la semaine dernière qu’Israël avait fait des progrès, mais qu’il devait faire plus. Les responsables américains n’ont toujours pas dit s’ils prendraient des mesures.
L’effet Trump
Le nouveau ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a semblé minimiser l’échéance de mardi, déclarant aux journalistes lundi qu’il était convaincu que «le problème serait résolu».
L’administration Biden pourrait avoir moins de poids après la réélection de Donald Trump, qui était un fervent partisan d’Israël lors de son premier mandat.
Huit organisations humanitaires internationales ont déclaré dans leur rapport mardi qu’«Israël n’a pas seulement échoué à satisfaire aux critères américains», mais a également pris des mesures «qui ont considérablement aggravé la situation sur le terrain, en particulier dans le nord de la bande de Gaza».
«La situation est encore plus désastreuse aujourd’hui qu’il y a un mois», conclut le rapport, qui énumère 19 mesures de conformité avec les exigences américaines. Il indique qu’Israël n’a pas respecté 15 d’entre elles et n’a respecté que partiellement les quatre autres.
Dans une lettre du 13 octobre, les États-Unis donnaient à Israël 30 jours pour, entre autres, autoriser un minimum de 350 camions de marchandises à entrer dans la bande de Gaza chaque jour; ouvrir un cinquième passage; permettre aux personnes des camps de tentes côtiers de se déplacer vers l’intérieur des terres avant l’hiver; et assurer l’accès des groupes d’aide au nord du territoire. Il a également appelé Israël à mettre fin à la législation qui entraverait les opérations de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA.
Les niveaux d’aide restent bien en dessous des normes américaines. L’accès au nord de la bande de Gaza demeure restreint et Israël a poursuivi ses lois contre l’UNRWA. L’État hébreu a aussi lancé une offensive majeure le mois dernier dans le nord, où il affirme que les militants du Hamas se sont regroupés. L’opération a tué des centaines de personnes et déplacé des dizaines de milliers de personnes.
Du mois d’octobre au début de novembre, Israël n’a autorisé aucune nourriture à entrer dans la zone, où des dizaines de milliers de civils sont restés malgré les ordres d’évacuation.