Israël et le Hamas concluent un accord de cessez-le-feu pour libérer des otages

Josef Federman et Jack Jeffery, The Associated Press
Israël et le Hamas concluent un accord de cessez-le-feu pour libérer des otages

JÉRUSALEM — Le gouvernement israélien a approuvé un cessez-le-feu temporaire avec le groupe militant du Hamas, ce qui devrait mettre sur pause les combats dans cette guerre dévastatrice qui sévit depuis six semaines et permettre la libération de dizaines d’otages retenus captifs dans la bande de Gaza.

L’accord prévoit un cessez-le-feu de quatre jours, au cours duquel Israël cessera son offensive militaire à Gaza. De son côté, le Hamas libérera «au moins» 50 des quelque 240 otages qu’il détient, a annoncé le bureau du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Les premiers otages libérés sont des femmes et des enfants.

«Le gouvernement israélien s’est engagé à ramener tous les otages chez eux. Ce soir, le gouvernement a approuvé les grandes lignes de la première étape pour atteindre cet objectif», a indiqué le bureau du premier ministre dans un communiqué.

Un communiqué publié mercredi matin par le Qatar, qui joue le rôle de médiateur avec le Hamas, indique que l’accord comprend «la libération d’un certain nombre de femmes et d’enfants palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, le nombre de ceux qui seront libérés sera augmenté dans les étapes ultérieures de la mise en œuvre de l’accord». Le document précise également que l’accord permettrait une aide humanitaire supplémentaire à Gaza, mais la déclaration israélienne ne faisait mention d’aucun de ces éléments.

Le communiqué du ministère des Affaires étrangères du Qatar décrit les négociations qui ont abouti à l’accord comme une médiation de l’Égypte, des États-Unis et du Qatar en faveur d’une «pause humanitaire», ajoutant que le moment du début de la trêve sera annoncé dans les prochains jours.

Les libérations d’otages commenceront environ 24 heures après que l’accord aura été approuvé par toutes les parties, a indiqué un haut responsable de la Maison-Blanche qui s’est entretenu avec l’Associated Press sous le couvert de l’anonymat pour discuter de ces questions sensibles.

Certains médias avaient rapporté avant l’annonce officielle qu’en échange de la libération d’otages à Gaza, Israël rendrait aussi leur liberté à environ 150 prisonniers palestiniens. Or, le communiqué publié par le gouvernement israélien n’en faisait pas mention.

Avant le vote, M. Nétanyahou avait prévenu que l’offensive d’Israël contre le Hamas reprendrait dès l’expiration de la trêve.

«Nous sommes en guerre et nous continuerons la guerre, a-t-il déclaré. Nous continuerons jusqu’à ce que nous atteignions tous nos objectifs.»

Malgré les propos durs du premier ministre, le communiqué du gouvernement israélien indiquait que la trêve serait prolongée d’un jour pour chaque tranche de 10 otages supplémentaires libérés par le Hamas.

Une accalmie à plus long terme pourrait conduire à des pressions, tant internationales qu’intérieures, pour qu’Israël mette fin à sa guerre sans atteindre son objectif de détruire les capacités militaires du Hamas.

Une trêve dans de violents affrontements

Le conflit a éclaté le 7 octobre dernier, lorsque plusieurs milliers de militants du Hamas ont traversé la frontière avec Israël pour tuer au moins 1200 personnes et capturer des centaines d’otages. La plupart des victimes étaient des civils, tandis que de jeunes enfants, des femmes et des personnes âgées ont été pris en otage.

Pendant les semaines qui ont suivi, Israël a répondu à cette attaque-surprise en menant des frappes aériennes soutenues sur la bande de Gaza, en plus d’amorcer une invasion terrestre il y a plus de trois semaines.

Plus de 11 000 Palestiniens ont été tués lors de l’offensive israélienne, selon le ministère de la Santé du territoire, qui est contrôlé par le Hamas. Le bilan inclut tant les civils que les militants — Israël affirme que des milliers de militants du Hamas ont été tués.

L’invasion israélienne a provoqué de vastes destructions dans le nord de Gaza, y compris dans la métropole, la ville de Gaza. Environ 1,7 million de personnes ont dû partir de chez elles, ce qui a provoqué une crise humanitaire avec des pénuries de nourriture, de médicaments, de carburant et d’autres biens essentiels sur tout le territoire.

Israël a rejeté les critiques internationales et s’est engagé à aller de l’avant jusqu’à ce qu’il détruise les capacités militaires et gouvernementales du Hamas et que tous les otages soient libérés. Le Hamas, un groupe militant islamique voué à la destruction d’Israël, dirige Gaza depuis qu’il a évincé l’Autorité palestinienne internationalement reconnue, en 2007.

Selon l’accord conclu mercredi, le Hamas doit libérer environ 12 otages par jour. En plus de la possible libération de prisonniers palestiniens, Israël devrait autoriser plus d’aide humanitaire et de carburant à entrer à Gaza, ont rapporté les médias israéliens avant le vote.

Bien que le communiqué ne précise pas quand la trêve doit commencer, les médias israéliens ont indiqué que les otages pourraient commencer à être libérés dès jeudi.

La situation à Gaza inquiète

Le retour de certains otages pourrait remonter le moral en Israël, où le sort des captifs a retenu l’attention de la population du pays. Les médias regorgent d’entretiens avec les familles des otages, dont certains sont des bébés, des jeunes enfants, des femmes et des octogénaires souffrant de problèmes de santé.

Un cessez-le-feu pourrait également ajouter à la pression internationale déjà croissante sur Israël pour qu’il mette fin à son offensive, alors que l’ampleur des dégâts à Gaza devient évidente. Même les États-Unis, qui sont l’un des principaux alliés d’Israël, ont exprimé leurs inquiétudes quant au lourd tribut imposé à la population civile de Gaza.

Au Canada, le premier ministre Justin Trudeau a tenu des propos similaires, soutenant que «la mort de femmes, d’enfants, de bébés doit arrêter» à Gaza et invitant Israël à faire preuve de «la plus grande retenue».

Environ les trois quarts de la population de Gaza ont été déracinés de leurs foyers et vivent dans des abris sales et surpeuplés. Pour beaucoup d’entre eux, il ne sera pas possible de retourner à la maison une fois les combats terminés.

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