Joe Biden détaille un accord d’otages en trois phases pour Israël et le Hamas

Aamer Madhani, Chris Megerian et Darlene Superville, The Associated Press
Joe Biden détaille un accord d’otages en trois phases pour Israël et le Hamas

Le président Joe Biden a détaillé vendredi un accord en trois phases proposé par Israël aux militants du Hamas qui, selon lui, conduirait à la libération des otages restants à Gaza et pourrait mettre fin à la guerre qui dure depuis près de huit mois.

Joe Biden a ajouté que le Hamas n’est «plus capable» de mener une autre attaque à grande échelle contre Israël, tout en exhortant les Israéliens et le Hamas à parvenir à un accord pour libérer les otages restants en vue d’un cessez-le-feu prolongé.

Le président démocrate, dans ses remarques depuis la Maison-Blanche, a qualifié la proposition de «feuille de route vers un cessez-le-feu durable et la libération de tous les otages».

Joe Biden a déclaré que la première phase de l’accord proposé durerait six semaines et comprendrait un «cessez-le-feu total et complet», un retrait des forces israéliennes de toutes les zones densément peuplées de Gaza et la libération d’un certain nombre d’otages, notamment des femmes, des personnes âgées et des blessés, en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens.

Les otages américains seraient libérés à ce stade et les corps des otages tués seraient restitués à leurs familles. L’aide humanitaire serait en mesure d’augmenter au cours de la première phase, avec 600 camions autorisés à entrer à Gaza quotidiennement.

La deuxième phase comprendrait la libération de tous les otages encore vivants et le retrait des forces israéliennes de Gaza.

«Et tant que le Hamas respectera ses engagements, le cessez-le-feu temporaire deviendra, selon les termes de la proposition israélienne,  »la cessation définitive des hostilités »», a déclaré M. Biden.

La troisième phase appelle au début d’une reconstruction majeure de Gaza, dont la reconstruction prendra des décennies en raison des ravages causés par la guerre.

La proposition israélienne de quatre pages et demie a été transmise au Hamas jeudi.

Une mise en œuvre difficile

Le président Biden a reconnu qu’il serait difficile de maintenir la proposition israélienne sur la bonne voie, affirmant qu’il y avait un certain nombre de «détails à négocier» pour passer de la première phase à la deuxième.

Un obstacle à surmonter au cours de la première phase impliquerait que les deux parties s’entendent sur le ratio entre les otages et les prisonniers à libérer au cours de la phase suivante, a indiqué à des journalistes un haut responsable de l’administration Joe Biden qui a souhaité préserver son anonymat.

Les remarques de Joe Biden interviennent alors que l’armée israélienne a confirmé que ses forces opèrent désormais dans les parties centrales de Rafah dans le cadre de son offensive dans la ville du sud de Gaza. Le président américain a qualifié le moment de «décisif». Il a ajouté que le Hamas a déclaré vouloir un cessez-le-feu et qu’un accord par étapes avec Israël est une opportunité de prouver «s’il le pense vraiment».

Mais alors même que M. Biden insistait pour que «la guerre se termine et que le nouveau jour commence», les responsables israéliens ont clairement indiqué qu’ils restaient déterminés à vaincre militairement le Hamas.

Le démocrate est au milieu d’une dure bataille de réélection et a fait face à des réactions négatives de la part de certains membres de la gauche politique qui souhaitent le voir exercer une plus grande pression sur le gouvernement de Benyamin Nétanyahou afin que la guerre prenne fin.

Le bureau de M. Nétanyahou a déclaré dans un communiqué qu’il avait autorisé l’équipe de négociation israélienne sur les otages à trouver un moyen de libérer les otages restants. Mais Israël affirme que «la guerre ne prendra fin que lorsque tous nos objectifs seront atteints, y compris le retour de toutes nos personnes enlevées et l’élimination des capacités militaires et gouvernementales du Hamas».

Le conseiller à la sécurité nationale d’Israël, Tzachi Hanegbi, a affirmé plus tôt cette semaine qu’il «s’attend à sept mois supplémentaires de combats» pour arriver à détruire les capacités militaires et gouvernementales du Hamas et du plus petit groupe militant du Djihad islamique.

Le Hamas a indiqué dans un communiqué qu’il voyait d’un bon œil la proposition présentée par Washington et a appelé les Israéliens à déclarer leur engagement explicite en faveur d’un accord qui comprend un cessez-le-feu permanent, un retrait complet des troupes israéliennes de Gaza, un échange de prisonniers et d’autres conditions.

Les agissements d’Israël critiqués

Israël fait face à des critiques internationales croissantes en raison de sa stratégie de destruction systématique de Gaza, qui fait énormément de victimes. Les bombardements et offensives terrestres israéliens dans le territoire assiégé ont tué plus de 36 000 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza. Le ministère ne fait pas de distinction entre les combattants et les civils dans son dénombrement.

Joe Biden s’est également adressé à ceux en Israël qui sont opposés à la fin de la guerre. Certains membres de la coalition d’extrême droite de M. Nétanyahou ont exprimé leur désaccord envers toute entente qui ne parviendrait pas à éradiquer le Hamas et ont appelé à une occupation durable de Gaza.

«Ils veulent continuer à se battre pendant des années et les otages ne sont pas une priorité pour eux, a déploré M. Biden. J’ai exhorté les dirigeants israéliens à soutenir cet accord.»

Le président américain n’a fait aucune mention de la création d’un État palestinien dans ses remarques, ce qui, selon lui, est essentiel à la réalisation d’une paix durable dans la région.

L’administration américaine s’efforce également d’instaurer une normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite, les deux plus grandes puissances de la région. Mais les Saoudiens sont opposés à tout accord qui ne prévoit pas de mesures concrètes vers la création d’un État palestinien.

Israël a lancé sa guerre à Gaza après un raid du Hamas sans précédent dans le sud d’Israël le 7 octobre, tuant environ 1200 personnes, principalement des civils et faisant environ 250 otages. Israël affirme qu’environ 100 otages sont toujours captifs à Gaza, ainsi que les corps d’une trentaine de plus.

Les négociations de cessez-le-feu ont été interrompues malgré un effort marqué des États-Unis et d’autres médiateurs pour parvenir à un accord qui, espèrent-ils, éviterait une invasion israélienne de la ville de Rafah, dans le sud du pays.

Les négociations ont été bloquées par un point de friction central: le Hamas exige des garanties que la guerre prendra fin et que les troupes israéliennes se retireront complètement de Gaza en échange de la libération de tous les otages, une demande qu’Israël rejette.

Les grandes lignes de la nouvelle proposition israélienne sont «presque identiques aux propres propositions du Hamas d’il y a seulement quelques semaines», selon le responsable de l’administration Biden.

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