Le président Joe Biden a profité de sa conférence de presse très attendue jeudi pour défendre avec force sa politique étrangère et intérieure.
Il a également écarté les questions sur sa capacité à gouverner pendant encore quatre ans. «Je ne suis pas là pour mon héritage. Je suis là pour terminer le travail», a-t-il déclaré.
En tout début de conférence, il a commis une erreur notable en faisant référence à la vice-présidente Kamala Harris. Mais pendant une heure, il a largement résisté à d’intenses interrogatoires, évitant toute suggestion selon laquelle il était en déclin cognitif, n’était plus capable de diriger la nation et trop vieux pour effectuer un autre mandat.
Il n’est pas clair si cette performance est suffisante pour changer la dynamique qui s’est installée avec un nombre croissant de législateurs démocrates, de donateurs et de célébrités l’appelant à se retirer. M. Biden a insisté sur le fait qu’il reste dans la course et qu’il gagnera en novembre.
«Si je ralentis et que je n’arrive pas à faire le travail, c’est le signe que je ne devrais pas le faire. Mais il n’y a aucune indication à ce sujet pour l’instant. Aucune», a martelé M. Biden.
Pourtant, alors même qu’il terminait sa conférence de presse, il a été confronté à des appels à se retirer. Peu de temps après, le représentant du Connecticut Jim Himes, le plus haut démocrate de la commission du renseignement de la Chambre, a soutenu que M. Biden devrait mettre fin à sa candidature, compte tenu de son «héritage remarquable dans l’histoire américaine». Une douzaine d’autres démocrates de la Chambre lui ont demandé de laisser la place à un nouveau candidat.
Les démocrates sont coincés dans une impasse avec le président au sujet de sa réélection après son débat désastreux d’il y a deux semaines. L’homme de 81 ans a justifié sa contre-performance par une mauvaise nuit après un mois épuisant de voyages à l’étranger.
Il est sorti davantage en public, discutant avec les électeurs et répondant aux questions des journalistes. Il a même l’air beaucoup moins pâle que le 27 juin.
«Je suis déterminé à me présenter aux élections. Je pense qu’il est important de dissiper les craintes et de permettre aux gens de me voir sur le terrain», s’est justifié M. Biden.
Il s’est dit prêt à se soumettre à un nouvel examen neurologique avant l’élection, mais seulement si ses médecins le recommandaient. Son dernier test a eu lieu en janvier et les résultats ont été publiés en février.
Les appels à se retirer continuent tout de même d’affluer. Et plus les luttes intestines se prolongent, moins les démocrates présentent un front uni contre Donald Trump.
Deux lapsus gênants
Lors de son premier échange avec les journalistes, M. Biden a été interrogé sur la perte du soutien de nombre de ses collègues démocrates et syndicalistes, ainsi que sur la vice-présidente Kamala Harris.
M. Biden s’est d’abord montré provocateur, affirmant que «l’UAW m’a soutenu, mais allez-y», c’est-à-dire les Travailleurs unis de l’automobile. Mais il a ensuite confondu Mme Harris et M. Trump en disant : «Je n’aurais pas choisi la vice-présidente Trump comme vice-présidente si elle n’était pas qualifiée».
M. Trump a commenté en direct la conférence de presse de son adversaire en publiant sur son réseau social une vidéo du président disant «vice-président Trump».
Il a ajouté sarcastiquement : «Excellent travail, Joe !»
La majeure partie de la conférence de presse d’une heure était du style connu de Joe Biden : il a donné de longues réponses sur la politique étrangère et a raconté des anecdotes bien connues. Il a utilisé des téléprompteurs pour son discours d’ouverture sur l’OTAN, qui a duré environ huit minutes.
Ensuite, les prompteurs se sont abaissés et il a répondu à un large éventail de questions sur son acuité mentale, sa politique étrangère et intérieure et — surtout — l’avenir de sa campagne.
«Je crois que je suis le plus qualifié pour gouverner. Je crois que je suis le mieux qualifié pour gagner», a déclaré M. Biden, ajoutant qu’il resterait dans la course jusqu’à ce que son équipe lui dise qu’il ne peut «pas gagner».
«Personne ne dit ça, a-t-il martelé. Aucun sondage ne le dit.»
Son autre bévue majeure est survenue avant la conférence de presse, alors qu’il annonçait un pacte qui rassemblerait les pays de l’OTAN pour soutenir l’Ukraine. Il a qualifié le leader ukrainien Volodymyr Zelenskyy de «président Poutine» avec des cris audibles dans la salle. Il est rapidement revenu au micro : «Le président Poutine — il va battre le président Poutine… le président Zelenskyy», a repris M. Biden.
Puis il a poursuivi : «Je suis tellement concentré sur la victoire sur Poutine», dans le but d’expliquer cette gaffe.
Réunion au sommet
Avec l’objectif de rassembler des législateurs anxieux avec l’équipe de Joe Biden, le chef de la majorité sénatoriale, Chuck Schumer, a organisé une réunion pour discuter des préoccupations et de la voie à suivre, mais certains sénateurs ont rétorqué qu’ils préféreraient entendre le président lui-même. Au Sénat, seul Peter Welch, du Vermont, a jusqu’à présent appelé le président sortant à se retirer de la course.
La conversation de 90 minutes avec l’équipe présidentielle, qui, selon une personne, ne contenait aucune nouvelle donnée, sondage ou plan de match sur la manière dont Joe Biden battrait Donald Trump, n’a pas semblé faire changer d’avis les sénateurs. La personne a obtenu l’anonymat pour discuter de la séance à huis clos.
La réunion a été franche, parfois colérique et aussi quelque peu douloureuse, car beaucoup de personnes présentes dans la salle connaissent et aiment M. Biden, a déclaré un sénateur qui a requis l’anonymat. Les sénateurs ont confronté les conseillers sur la performance de M. Biden lors du débat et sur les effets sur les courses au Sénat cette année.
Un démocrate, le sénateur Chris Murphy du Connecticut, a déclaré par la suite : «Je crois que le président peut gagner, mais il doit être capable de sortir et de répondre aux préoccupations des électeurs. Il doit pouvoir parler directement aux électeurs au cours des prochains jours».
Dans le même temps, des sénateurs influents soutiennent fermement Joe Biden, laissant le parti dans une impasse.
Le sénateur Bernie Sanders, un indépendant du Vermont, a déclaré à l’AP qu’il pensait que Joe Biden «a de grandes chances de gagner cette élection».
M. Sanders a souligné qu’il avait publiquement critiqué la campagne et a affirmé que M. Biden devait parler davantage de l’avenir et de ses projets pour le pays. «À mesure que nous approchons du jour des élections, les choix sont très clairs», a-t-il lancé.