La crise humanitaire au Soudan, pays ravagé par la guerre, a atteint un «point de rupture catastrophique» au milieu des combats et des inondations dévastatrices, a déclaré lundi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) des Nations unies, à l’approche des pourparlers de paix prévus plus tard cette semaine.
Les pourparlers sont confrontés à l’incertitude, car l’armée soudanaise n’a pas encore confirmé sa participation à la réunion en Suisse, organisée par les États-Unis et l’Arabie saoudite.
Le pays du nord-est de l’Afrique a plongé dans le chaos en avril dernier lorsque les tensions entre l’armée et un groupe paramilitaire, les Forces de soutien rapide, se sont transformées en combats ouverts dans la capitale, Khartoum, avant de se propager à travers le pays. La région occidentale du Darfour a connu certains des épisodes de combats les plus dévastateurs.
Le conflit a fait des milliers de morts et poussé beaucoup de personnes à la famine. Des atrocités comme des viols de masse et des meurtres à motivation ethnique constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, selon l’ONU et des groupes internationaux de défense des droits de la personne.
La guerre au Soudan a créé la plus grande crise de déplacement au monde. Selon l’OIM, plus de 10,7 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer depuis le début des combats. Plus de 2 millions d’entre elles ont fui vers les pays voisins.
Les inondations dévastatrices de ces dernières semaines ont aggravé la tragédie. Des dizaines de personnes ont été tuées et des infrastructures essentielles ont été emportées dans 11 des 18 provinces du Soudan, selon les autorités locales.
«Nous sommes à un point de rupture, un point de rupture catastrophique, cataclysmique», a déclaré Othman Belbeisi, directeur régional de l’OIM.
Et ces conditions vont empirer si la guerre et les restrictions à l’accès humanitaire se poursuivent, a averti M. Belbeisi. «Sans une réponse immédiate, forte et coordonnée au niveau mondial, nous risquons d’assister à des dizaines de milliers de décès évitables dans les mois à venir».
Le mois dernier, des experts internationaux ont confirmé une famine dans un immense camp de déplacés au Darfour. Et environ 25,6 millions de personnes – plus de la moitié de la population du Soudan – seront confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, ont prévenu les experts du Comité de revue de la famine.
Les combats font rage dans la ville d’Al Fasher au Darfour et dans l’État de Sennar, dans le sud-est du pays, où des affrontements ont forcé plus de 700 000 personnes à fuir le mois dernier, selon l’OIM.
L’armée n’a pas encore confirmé qu’elle participerait à une nouvelle série de pourparlers de cessez-le-feu qui doivent avoir lieu mercredi en Suisse, a déclaré lundi à la presse à Genève l’envoyé spécial des États-Unis pour le Soudan, Tom Perriello. Les Forces de soutien rapide ont déclaré qu’elles y assisteraient.
L’ONU, l’Union africaine, l’Égypte, voisine du Soudan, et les Émirats arabes unis – qui ont été accusés de soutenir l’armée soudanaise en lui fournissant des armes, une affirmation démentie par les responsables des EAU – devraient assister aux pourparlers en tant qu’observateurs.