Le roi Charles III ne sortira pas beaucoup au cours des six prochaines semaines — et ce n’est pas à cause de ses traitements en cours contre le cancer.
Peu de temps après que le premier ministre britannique Rishi Sunak eut convoqué des élections parlementaires anticipées pour le 4 juillet, le palais de Buckingham a annoncé que tous les membres de la famille royale annulaient la plupart de leurs engagements publics jusqu’après le vote pour éviter de faire quoi que ce soit qui pourrait détourner l’attention de la campagne.
Cette annonce signale comment Charles cherchera à jouer son rôle de chef d’État rassembleur lors de la campagne, sans violer une interdiction constitutionnelle d’ingérence politique.
Bien que le rôle du roi au sein du gouvernement soit en grande partie cérémonial, il est lié à des traditions qui incarnent la manière dont les pouvoirs royaux ont été progressivement transférés au Parlement au cours des 800 dernières années.
Voici un aperçu du rôle du monarque dans la période précédant les élections, y compris quelques choses à faire et à ne pas faire:
– Charles a-t-il joué un rôle dans le déclenchement des élections?
La décision de déclencher des élections appartenait entièrement à M. Sunak. Mais avant de pouvoir le faire, le roi devait autoriser la dissolution anticipée du Parlement.
Techniquement, le roi a toujours le pouvoir de refuser une demande de dissolution s’il estime qu’une élection serait préjudiciable à la nation. Mais la dernière fois que cela s’est produit, c’était en 1835.
Ignorer ce précédent «exposerait le monarque à des allégations d’ingérence politique de nature antidémocratique, même si l’intention du refus était de préserver le bon fonctionnement de la démocratie», selon l’Institute for Government, un groupe de réflexion indépendant.
– Qu’est-ce qui attend le roi pour la suite?
La session actuelle du Parlement sera «prorogée» ou terminée vendredi sur la base d’une ordonnance que Charles a approuvée lors d’une réunion du Conseil privé, jeudi, au palais de Buckingham.
Le roi n’assistera pas à la fin officielle de la session, une cérémonie au cours de laquelle le président de la Chambre des communes et d’autres membres du Parlement se rendront en groupe à la Chambre des Lords pour entendre un discours rédigé par le gouvernement.
– Qu’en est-il des apparitions publiques?
La loi et la tradition interdisent à tout moment à la famille royale d’intervenir dans la politique, mais il est encore plus important de veiller au strict respect de ces règles lors d’une élection.
Cela signifie que les membres de la famille royale ne peuvent pas faire campagne pour des candidats, soutenir des politiques ou même faire connaître leurs préférences politiques.
Le palais de Buckingham l’a précisé peu après l’annonce de M. Sunak, annonçant que les membres de la famille royale reporteraient tous les engagements qui «pourraient sembler détourner l’attention ou distraire de la campagne électorale».
Le roi a donc annulé vendredi ses visites dans une usine automobile Bentley et dans un centre communautaire aidant les personnes en difficulté financière.
– Que fera le roi?
Eh bien, certaines choses sont irréprochables.
Le roi et la reine prévoient toujours d’assister aux cérémonies marquant le 80e anniversaire du jour J, le 6 juin.
D’autres engagements seront examinés au cas par cas, a indiqué le palais.
– Pourquoi est-ce si important?
L’un des rôles principaux de la monarchie moderne est de fournir une figure de proue unificatrice qui est considérée comme au-dessus de la politique et qui peut apporter un sentiment de stabilité dans les moments difficiles.
Il s’agit des premières élections générales du règne de Charles. Sa mère, la reine Élisabeth II, en a supervisé 21 au cours de ses 70 années sur le trône.
George Gross, un expert royal au King’s College de Londres, a souligné que les élections sont par définition des moments de turbulences dans lesquels les gens se tournent vers la monarchie pour assurer la continuité.
« Il y a (…) un vide de pouvoir en termes politique. Le pouvoir est désormais rendu au peuple britannique, et ils réexamineront l’offre au cours des six prochaines semaines», a déclaré M. Gross.
«Cela signifie donc que le chef de l’État a un nouveau rôle. Ou plutôt, le rôle clé de la stabilité et de la continuité est mis en avant. Désormais, (la famille royale) ne peut en aucun cas être politique.»